Vorace

L’explosion tarde à venir et Ben échange quelques regards perdus avec ceux qui lui sont venus en aide. Il s’éloigne légèrement pour tenter d’apercevoir l’indien, mais sans succès. Ses yeux sont rougis par l’épaisse fumée et il se cache la bouche et le nez dans son coude avant de jeter un coup d’oeil par un petit trou dans la porte en bois. L’inconnu est toujours là, la main sur l’épaule tandis que son sang tâche son duster et le flanc de son cheval. Il se met soudain à crier et le jeune chasseur de prime oublie la panique ambiante pour se concentrer sur sa voix.

« C’est la seule façon de l’arrêter! »

Ben n’a pas vraiment le temps de s’interroger sur le sens de ses paroles. Le coup frappé à la porte résonne par-dessus le capharnaüm ambiant, faisant trembler le sol et les jambes du petit groupe qui vient de voir l’intrus s’enfuir. La mâchoire du chasseur se relâche lorsqu’il voit la porte de métal se déformer sous la pression. Un juron se forme dans sa gorge et se perd sur ses lèvres. Brûlez-le, disait l’inconnu… Benjamin se précipite vers l’endroit où ils ont pris le carburant des braseros. Il s’arrête net lorsqu’il voit le marshall faire sa ligne de poudre et fait demi-tour.

« Ouvrons la porte! » gueule-t-il aux soldats encore proches.

La menace extérieure passée, ils allaient avoir besoin d’une sortie rapide. Ils soulèvent avec difficulté la lourde poutre qui barre la porte et le vent s’engouffre dès qu’ils en poussent les battants. Derrière lui, le marshal tire sur la poudre, déclenchant une série de jurons de la part du chasseur. Si les chevaux se sont montrés calmes jusque-là, quelques uns profitent de l’ouverture du haras pour galoper vers la porte. Ben monte sur un tonneau et saute sur l’un deux, se laissant porter par la monture plus loin du fort.