"Better is to speak unpleasant truth

than to tell lies.

A cette époque, les Hennessy et leur gang rapiécé traversent une période difficile. Les trahisons de William Fraser et la quête désespérée pour retrouver l’argent dont il s’est emparé les ont distrait de la traque de l’assassin (somme toute salvateur).

Cole Borden est parvenu à se faufiler juste sous leur nez et il n’a eu qu’à frapper au moment où le géant criminel comptait la recette sur ses doigts. Jusqu’à la tombée du soir, un sinistre jeu de chaises musicale a fait tourner en bourrique les gros bras des deux gangs rivaux. Le chef du clan louisianais a réchappé à la grêle de plomb grâce à la finesse du choix de son otage : il n’y a bien que la tête de son épouse Pearl que le leager enragé du Silver Gang n’est pas encore prêt à sacrifier pour 5000 dollars américains. Ses hommes n’en étaient même pas parfaitement assurés avant de voir Liam Hennessy laisser au gentleman braqueur de banque une grosse longueur d’avance. Les fusils du gang Borden qui l’ont suivi n’ont pas eu la même chance.

Malgré les ruissellements de sang qui sèchent à peine dans la rue principale, le soleil de Silverstone sourit encore à l’entreprise familiale.
Au moment où les hommes du shérif se fraient un chemin à l’intérieur de la banque, ils découvrent le corps évanoui de Penelope, le sang des gencives éclaboussé sur toute sa frimousse blonde, oubliée par ses compagnons dans la panique de s’échapper. Rick Richardson, un vétéran du Silver, la jette par dessus son épaule en grommelant « C’est sûrement pour faire un échange avec Pearl ».
Une poignée de minutes plus tard, ce qui reste du gang Borden a fuit avec l’argent mais les vociférations grossières de Mrs Hennessy n’ont pas le temps de manquer à ses sbires, Cole Borden lui-même n’en a pas voulu plus loin que les vallons du désert à un kilomètre de la ville.

La joie des retrouvailles est de courte durée : le vol suffisait amplement mais maintenant, c’est personnel. Il va s’agir de faire preuve de méthode pour inverser rapidement la tendance et remettre la main sur le pactole. Chacun va avoir son rôle à jouer, à son tour.

Des yeux perplexes se posent sur la belle toujours assommée. Chaque chose en son temps.

« Clouez la dans un caisson à l’usine. La nuit va être longue. »

UNFORGIVEN

Chapitre 2 : To Speak Unpleasant Truth

Ce RP succède immédiatement au deuxième chapitre de l'event UNFORGIVEN dont vous pouvez retrouver le lien ICI.

Il concerne @Penelope Borden @Liam Hennessy et @Pearl Hennessy mais aussi tous les gangs Borden et Silver.

Better to speak unpleasant truth

than tell lies.

La nuit fut longue en effet.

Une pétarade assourdissante éclate dans les tympans de Penelope. La balle a sifflé à côté de sa tête et perce un trou en se fichant dans le mur sous les cils de la pauvre captive des bandits. Le bruit du tir se répercute méchamment contre les murs du grand entrepôt.

Quelques gros caissons estampillés H’Cie sont répartis autour d'eux. La couche de poussière sur les couvercles de bois indiquent avec quelle régularité l’usine entretient son commerce. Cela fait bien longtemps que la compagnie dormante n’a pas vu un seul ouvrier ni une table d’atelier.

« Debout les salopes ! » Rien de tel que la voix de Pearl dès les premières lueurs du matin.

La douce lumière du soleil traverse les carreaux brisés. Les fenêtres sont beaucoup trop en hauteur pour qu’on les atteigne d'ici. Aux quatre coins du bâtiment, des escaliers métalliques permettent de rejoindre les bureaux via une rampe de service.

Liam et Pearl sont plutôt confortablement installés dans ce decorum industriel.
L’un est assis dans un fauteuil aux pieds sculptés, en gilet et le col desserré. L’autre se tient debout, couverte d'une robe de chambre par-dessus ses bottes de montée.
Le canon du fusil fume dans ses mains.

« Il est déjà 7h ! »

Rick descend les escaliers en soufflant, les bras chargés du deuxième fauteuil qui orne d'ordinaire le bureau du patron.
Ils ont tous la mine fatiguée et bouffie d’une horrible nuit à traquer l'ennemi sous le moindre grain de sable.

« J’ai encore l'œil, finalement ! » s’exclame cruellement Pearl à l’adresse de Liam en écrasant son séant dans le moelleux du fauteuil. « Je lui ai presque embrassé la joue… -Rick, descend aussi le mini-bar. » Le bras tendu, elle pointe l’impact de sa balle.
Le coin de sa lèvre frissonne déjà d’une bonne blague et elle éclate de rire grassement :

« Je visais son genou ! »

Comme il était bon de rire après une nuit pareille...

De là où ils sont, le petit couple semble découpé dans un autre décor. Les roues mal huilées du petit bar continuent d’agresser les oreilles de tout le monde tandis ce que Pearl rit à gorge déployée, le front collé sur l’épaule de Liam.

On dirait une heureuse petite veillée, les pieds enfoncés dans un tapis rouge.

« Alors, Penny a bien dormi ? » grince la harpie en retournant son attention vers le clou de cette journée.

Aucun lien ne retient les poignets ou les chevilles de Mrs Borden, seulement la vision fantaisiste de leur jubilation.

De tapis rouge, on y voit de plus en plus clairement une longue traînée de sang dans laquelle ont pataugé pas mal de traces. Quelques lettres et schémas indéchiffrables dessinés sur le sol avec cette encre ont séchés devant les fauteuils.
En suivant l’écoulement, on retrouve le corps recroquevillé et souffrant d’un fidèle du gang Borden.

Un peu plus loin, un autre gît mort, les yeux grands ouverts dans le rayon du soleil matinal.

« Elle se l’imaginait pas comme ça, la Silverstone Society » pouffe Pearl comme si Penelope ne pouvait pas l’entendre.

Comme disait sa mère, aux longues nuits, les matins chantants.

Better to speak unpleasant truth

than tell lies.

TW : Enlevement

La douleur transperce encore son crâne quand la décharge lui fusille le tympan. Deux coups, et Penelope se retrouve ici, confuse et en proie à une terrible migraine. Ses grands yeux regardent autour d'elle avec une panique qui rappelle un lapin face à un chien de chasse. Aucun élément du décor ne l'aide à savoir où elle se trouve, si ce n'est qu'elle est hors de la banque. Les corps tuméfiés et sans vies d' Hector et Raoul lui asséché encore plus la gorge qu'elle ne l'était déjà -combien de temps a t elle passé dans cet état ?! Où sont les autres ?!

Le train confus de ses pensées est brisé par le rire gras de pintade qui lui agresse les oreilles presque autant que la balle. Elle a dû mal à comprendre l'incroyable trait d'esprit qui vaut une hilarité pareille, mais elle voit immédiatement les volutes de fumées qui s'échappent encore du canon. La jeune blonde essaie de reconstruire les événements à qui mieux mieux malgré la douleur, la fatigue et surtout la soif, et si elle a n'a aucun mal à deviner son destin de petite souris entre les pattes d'un chat joueur, elle ne peut s'empêcher de se demander combien d'autres Borden sont malheureusement entre leurs doigts calleux de paysans sans aucune classe.  "Probablement pas beaucoup d'autres" se dit-t-elle, l'esprit rapide, en se demandant pourquoi la garder en vie -pour le moment- si ce n'est pas pour soutirer des informations. Lesquelles ? Elle en a une vague idée.

Elle ignore que le casse fut un succès, elle ignore aussi où ils ont pu aller. En revanche, elle comprend sans problème qu'elle a été laissée derrière, et Penny retient un déglutissant pénible. Sûrement un accident, essaie-t-elle de se convaincre. Ils sont probablement déjà en route pour aller la chercher… mais savent-ils seulement où chercher ?

La scène prenant plus de sens au fur et à mesure que le brouillard se lève de son crâne douloureux. Malgré tout, la jeune française se leve avec le reste d'élégance qui n'a pas disparu en même temps que les coups sur son crâne, le temps de comprendre qu'aucun lien ne la retenait. Mais elle n'était pas une sotte : cela ne signifiait absolument pas qu'elle était libre de ses mouvements. D'un mouvement habituel du menton, Penelope redresse sa tête, ignorant la dernière remarque acerbe de ses nouveaux amis.

"Excusez ma confusion, il semble que le choc sur mon crâne m'ait retiré la joie de savoir qui sont mes hôtes." Avec arrogance, elle joint ses mains devant elle comme une véritable noble et continue de verser son venin, espérant gagner du temps pour… pour elle n'en savait absolument rien. Mais impossible pour elle de courber l'échine. "Une honte j'en suis certaine. Impossible que votre…" elle a un bref geste dédaigneux de la main " … uh… "je-ne-sais-quoi" est échappé à ma connaissance, je présume." Pourtant elle connait les Hennessy, elle ne sait pas si elle joue cette carte par pure provocation, ou pour essayer elle-même d'en savoir plus sur la situation.

Ses yeux noirs glissent sur le corps agonisant d'un de ses hommes quand ce dernier laisse échapper un gémissement. Pauvre Raoul était en vie, et quoiqu'il est subi, cela lui semble aberrant qu'elle n'ait pas entendu ses plaintes, même endormie.

"Je vois que j'ai été conviée à une célébration à mon insu…"

Penny se tend malgré elle et il lui est impossible de cacher la curiosité qui prend le pas sur la défiance que son visage affiche. La torture. Elle aurait dû s'en douter, mais c'est maintenant que ça lui semble cruellement palpable. Et c'est maintenant qu'elle comprend également que si il avait un seul instant où il faut qu'elle devienne une gangster, c'est maintenant.
Mais elle n'est pas une gangster. Et elle sait que la suite sera extrêmement pénible. Mais cela ne va pas l'empêcher de se battre aussi vainement que possible.

"Que célébrons nous ?"

Better to speak unpleasant truth

than tell lies.

" Je visais son genou ! "

Le rire de Liam se joignit à celui de sa compagne. Avachit contre le dossier de son fauteuil, il profitait du drôle de spectacle que Pearl avait mis en œuvre. Le fusil de la carabine était encore chaud et la pauvresse étalée au sol clignait des yeux comme un lapin en proie à une grosse crise de conjonctivite. Pearl avait toujours eut un sens de l’humour tordant.
Liam se redressa quand le petit bar en forme de globe terrestre arriva à destination à ses côtés. Rick quitta la pièce sans demander son reste, préférant certainement filer avant qu’on ne lui demande de descendre la bibliothèque. Il marmonna tout de même quelque chose à propos de dynamite dans les trous de nez et des traditions qui se perdaient avec un dernier regard à la petite captive.

La nuit avait été interminable. Liam ouvrit le globe en bois et en tira une bouteille de bourbon. Il servit deux verres et s’en empara d’un. Ses mouvements étaient lents, il ne se pressait pas. Ils avaient tout leur temps à présent que le soleil perçait par les fenêtres et que les soucis les plus importants étaient réglés. Pendant ce temps la petite blondinette qui s’était relevée piaillait comme une petite dinde qui ne se trouvait pas encore dans le four. Liam tendit son verre à Pearl et il trinqua avec elle, souriant à sa femme. Puis il se réinstalla. Dans le fond de la pièce, une grosse tortue dont la taille trahissait l’âge se dirigeait tranquillement vers le cadavre pas encore froid d’Hector. « Ah ! Ça c’est l’odeur de la viande fraîche, ça ! » S’émerveilla Liam à l’attention de Pearl. Pretty Murphy était une gourmande.

« Nous ne célébrons rien, Penny. » Liam avait la voix douce et parlait lentement. Son accent texan n’en était que plus accentué. Sa moustache se releva sensiblement alors qu’il souriait à la jeune femme devant eux. Très vite, le claquement régulier du bec de la tortue alligator vint rompre le silence qui risquait de s’installer. Elle lutait peu contre la chair pour la déchirer. « On va te poser quelques questions et toi, tu vas y répondre, d’accord ? » Liam considérait suffisamment la gamine pour qu’elle ait intégré qu’en réalité ils ne lui laissaient pas le choix. Il lui tendit le deuxième verre d’alcool. « Tiens, prend ça. Tu dois avoir soif après la nuit que tu as passé. C’est pas de la merde, ça te changera agréablement j’en suis sûr. » Et comme elle ne venait pas, ou alors pas assez vite à son goût, Liam alla déposer le verre au sol, sur le bois. Il ne faudrait pas saloper le tapis.

« Ah ! Regarde Pearl, elle a chopé l’œil ! » En effet, Pretty Murphy tirait de sa grosse tête sur le globe oculaire qu’elle avait réussit à extraire de sa cavité. Seulement, le nerf optique l’empêchait de partir avec son trésor. « C’est ce qu’elle préfère aussi chez les poissons. » Jugea bon d’expliquer Liam à Penelope, le ton grave. « Tu prendras garde de ne pas trop t’en approcher. Elle aime bien grignoter les talons aussi. Et après pour s’enfuir c’est plus difficile. » Il éclata de rire, comme s’il venait de raconter une bonne plaisanterie. Puis il soupira doucement.

« Bref. Dis moi qui est Cole Borden, qui tu es pour lui, Liam marqua une brève pause, jaugeant en silence la demoiselle à l’accent cadien. Et pour votre petit gang, aussi. Bien entendu. On doit savoir si on a ferré un gros poisson ou non, n’est-ce pas ? » Liam donnait plus l’impression de vouloir papoter que de vouloir interroger qui que ce soit. « Et où se trouve votre campement. Tu serais bien aimable. » Liam sortit l’arme à feu qui quittait rarement sa hanche et il l’arma. « Je t’écoute. Maintenant tu peux parler. »

Better to speak unpleasant truth

than tell lies.

"Il a rendu ma vie excentrique » avait répondu Pearl, parnassienne, à la jeune femme curieuse qui lui demandait un de ces soirs comment elle avait su que Liam serait le bon. Dès leur rencontre à vrai dire, ce qui était encore plus délicieux chez lui que lui-même étaient les moments loufoques qu’ils passaient quand ils étaient ensemble. L’âge ne leur avait jamais enlevé cela. Liam l’extrayait de l’inhumaine morosité de sa condition, d’abord pour quelques après-midi et puis pour un peu plus. Elle lui insufflait le goût du jeu, le moyen de transformer sa colère en divertimento. Tuer était toujours pour de l’argent mais on pouvait aussi apprécier la gratuité du geste.
Bien-sûr elle ne pouvait pas en dire autant à son auditrice polie de cette soirée passée à la Silverstone Society. Elle l’écoutait, l’idiote, la bouche entrouverte, ses boucles rebondies comme ses joues, une pensée naïve au coin de l’oeil, rêvant à n’importe quel prince charmant dont une grue de son âge peut avoir envie. Penelope lui faisait un peu penser à cette mignonne qui rêvassait sa vie au lieu de la prendre par les couilles. A la réflexion, c’était peut-être même elle qui était là ce soir là, essayant de se rapprocher d’eux avec pour cheval de Troie son joli petit visage de porcelaine.
En fixant d’un air furibond la gamine que Liam brutalisait déjà de politesses, Pearl confondait ses souvenirs. Toute la nuit passée à essayer de faire concorder un scénario, ça lui avait chiffonné les neuronnes. Qu’est ce que cela changeait après-tout ? Il ne lui avait jamais fallu grand-chose pour haïr les femmes plus jeunes et plus jolies qu’elle-même.
Si Liam était maniaque et cruel, Pearl se nourrissait de jalousie et d’orgueil Car c’était bien ça, la véritable recette de leur amour : une dérive, un trouble clinique dont le psychiatre Henri Legrand a fait les toutes premières observations à la Faculté de Médecine de Paris, la même année où le couple s’installait à Silverstone.

A la mention du goût de Pretty Murphy pour les talons, Pearl avait rangé les siens sous ses fesses dans son fauteuil.

« Tu es sa petite copine, mh ? Tu attend qu’il te mette la ba-bague au doi-doigt ? » S’il y avait une bague, elle n’est plus sur la bonne main à présent. Pearl a tellement volé d’alliances qu’elle imagine en faire un jour des anneaux à rideaux, ou des tout petits ronds de serviette pour une dînette. « Tu le pompe quand il a un gros chagrin ? » dit-elle avec une moue exagérément triste. « Pauvre Cole, noonn... »

Liam avait énuméré suffisamment de questions. Pearl était meilleure en commentaire à ce stade.

« Prend ton verre poupée, aller, viens, rampe ma belle, bois un coup, il fait soif » l’encourageait-elle du milieu de la pièce, sur un ton similaire à celui qu’elle utilisait pour parler avec ses chiens ou avec John. Quand il sortit son arme pour la pointer sur la tête de Peneloppe, comme si ça n’était pas assez clair, elle murmura cruellement :

« N’aies pas peur, Penny. »

Better to speak unpleasant truth

than tell lies.

TW : Enlèvement, emprise psychologique, terreur.
Bref Body Horror au début.

L’oeil pendouillant de la gueule de la tortue ne fait qu’éteindre la jeune femme. Un immense vide ponctué d’une sueur froide. Penelope n’est pas une sotte. Elle l'a répété à tort et à travers, toute sa vie. L’a brandit comme un étendard, protégée de la folie uniquement grâce à son intelligence. Soigneusement cultivée dans l’ombre de ses parents toute sa vie. Elle est une femme brillante, qui s’est aventurée dans un terrain incertain. Qui a fait une simple erreur, comme tous les être humains peuvent faire.
Et parce qu’elle est lucide, et remarquablement perspicace, elle le sait : il n’y a pas la moindre issue pour elle. Ce qu’ils veulent faire, ils le feront. Aucune tournure de phrase ne la sortira de cette situation, aucun salut n’est là pour lui tendre la main. Elle doute même que quoiqu’elle puisse dire, elle réchappe à quoique ce soit.
Peut-elle gagner du temps ? Doit-elle parler pour l’infime chance de quitter cette pièce autrement que  les pieds devant ? Y a-t-il la moindre opportunité de négociation ?

Est-ce que tout cela en vaut encore la peine ?
Doit-elle encore se poser des questions, alors que l’horreur lui tend les bras ?

La blonde inspire avec le reste de dignité qui lui reste. Mais elle n’en a plus depuis qu’elle a tout donné aux Borden. C’est ici le problème, quand on confie sa vie entière à une famille. Il n’y a qu’une coquille vide quand elle n’est plus là.

Les questions sont suivies par un caquètement de basse cours qui vient de madame Hennessy. Une joie sadique qui lui rappelle les jeunes filles des bals qui fanfaronnent à ses dépends, perpétuellement cherchant à la rabaisser. Penelope les a toutes fait pleurer, d’une injure ou en voyant leurs prétendant à genoux à ses pieds. Une manœuvre qu’elle ne voit pas l’intérêt de reproduire ici. D’ailleurs sa réflexion lui montre qu’elle ne porte plus son alliance. Si elle était dans un mauvais roman, il y aurait probablement une jolie métaphore entre l’abandon et le symbole de son mariage disparu écrit quelque part. Mais Penny hausse une épaule.

“Les présentations m’ont l’air inutiles, messieurs dames Hennessy.” Réplique-t-elle comme pour répondre à la première question de Liam, curieuse cependant de savoir comment ils connaissent son prénom. Elle n’est pas grand chose hors du campement et de Bâton Rouge.
L’intérêt pour le verre au sol n’est que très modéré, malgré la soif qui l’habite. Du moins, pas avant que la menace  ne devienne parfaitement tangible, et que le ton de son hôte ne fait plus aucun doute sur ce qui est attendu d’elle.

Penelope dégluti, les mains qui tremblent. Les yeux fixé entre le revolver et la tortue qui mâche celui qui était son ami la veille. Elle commence a marcher doucement, n’ose pas faire le moindre geste brusque. Une boule dans la gorge grossi et menace d’atteindre ses yeux alors qu’elle reste debout, s’approchant petit a petit de son verre destiné.

“J’ignore où ils sont.” ose-t-elle dire, la voix chevrotante qui ne laisse aucun doute à la peur qui la gagne. “Ils se déplacent tout le temps. Ils ont probablement déjà quitté Silverstone.” Ladite-peur cache l’amertume. Elle ne veut pas y croire, mais il est difficile d’imaginer un autre cas de scénario. Elle ignore qu’ils sont victorieux de cette escapade, mais elle sait que les pertes sont nombreuses -monstrueuses. Rester au même endroit serait stupide. Elle repense à Wendy, et se surprend à penser à la réaction de son fils. Qu’est-ce le plus puissant, le deuil ou les promesses ?
Si tant est que les promesses ont été sincères.

“Je ne suis qu’une scribouillarde glorifiée pour eux. Je copie les signatures, j’écris des lettres… Je suis la seule à savoir gérer ce genre de choses. C’était un atout intéressant pour eux… Mais ils ne m’ont jamais mis dans la confidence. Pas assez expérimentée.” Elle est désormais a côté du verre, se penchant pour le récupérer, malgré ses doigts qui tremblent péniblement.

Better to speak unpleasant truth

than tell lies.

“Les présentations m’ont l’air inutiles, messieurs dames Hennessy.”

« Ah ! » Liam décolla son dos de son dossier, pour mieux se réinstaller, il se tourna vers son âme sœur pour lui sourire tendrement. Un peu cruellement, aussi. La fatigue se lisait au creux de ses yeux et se mêlait à l'excitation. « Je suis rassuré, elle se souvient enfin de nous ! » Maintenant légèrement penché en avant, Liam croisa les mains devant lui, les coudes calés contre ses cuisses.« Alors tout n'est pas perdu. » Il tenait son arme à bout de doigts et elle avait l’air bien moins menaçante comme ça. « J’avais peur que tu ai reçu un trop gros choc sur ta petite tête, mh. » Il avait un sourire de crocodile et le regard du chat qui s’amuse avec l’oisillon mort. Penelope était toute déplumée et avec les ailes brisées.

Le braquage avait ouvert l’appétit du couple Hennessy.

“Ils se déplacent tout le temps. Ils ont probablement déjà quitté Silverstone.” Liam haussa un sourcil et croisa le regard de Pearl. Il souriait encore, avec un fantôme d’amusement qui flottait au coin de ses lèvres. « En voilà une information qu’elle est utile. » Et il ricana, comme si la situation était drôle. Sauf qu’elle n’était drôle pour personne. La petite cruche leur faisait perdre du temps et la fatigue faisait perdre du temps à la petite cruche. Il allait vite falloir que quelqu’un se sorte les doigts du cul et il y avait peu de chance que la métaphore y arrive de ci-tôt. Liam se servit son propre verre, maintenant que toutes ses convives étaient servies.

“ … Mais ils ne m’ont jamais mis dans la confidence. Pas assez expérimentée.” Liam la suivit du regard, la regarda avancer avec la mort dans l’âme jusqu’au petit verre d’alcool. Il soupira doucement, partageant de nouveau un regard grave avec Pearl. Elle avait encore sa carabine entre les mains. Pretty Murphy continuait de se régaler. « Eh bah… » C’était bien une drôle de stratégie que de vouloir se rendre inintéressante au possible. Aucune raison de la garde en vie, alors. Le chef de gang renifla un coup puis soupira dans la foulée. Il restait pensif, les yeux dans ceux de la fillette.

Brusquement, Liam se leva et se détourna de Penelope, le bras tendu et l’arme à feu bien en place dans son poing. Comme s’il avait été monté sur ressort. Le coup parti BANG Et un hurlement explosa encore plus fort que l’odeur de la poudre. Sans prendre le temps de jauger de son œuvre, Liam se réintéressa à leur belle captive. Il prit une gorgée d’alcool. « Moi aussi je suis un peu confus, après cette très longue nuit. J’ai oublié de t’expliquer un détail. » Il se racla la gorge et se rapprocha d’un pas puis d’un deuxième de Penelope, dans le même temps il rechargeait son arme d’une balle récupérée au fond de sa poche. « On a déjà interrogé ton copain Raoul. Raoul, c’est ça ? Et je l'ai bien prévenu que si tes réponses sont pas les même que les siennes, je le canarde. »

Bien plus intéressée par le bruit et les mouvements d’un corps trop affaiblit pour riposter, Pretty Murphy se détourna de son buffet bien moins frais que l’autre. La grosse tortue au museau pointu se dirigeait tranquillement vers l’homme au sol qui se noyait dans ses hurlements et son sang. Elle faisait claquer son bec à la façon d’un mauvais présage, mais ne se pressait pas.

Le sourire de Liam était plus pincé. Sa patience s’effilochait. « Là je lui ai fait sauter le genou ; la rotule en mille morceaux. C’est pour ça qu’il gueule comme un porcelet qu’on est en train d’écorcher vif. Ça fait plutôt mal, y parait. » Il vida son verre et se redressa de toute sa hauteur. « Tu sais danser ? »