Voici la partie la plus importante de la fiche : les anecdotes. Elle devra contenir 10 anecdotes minimum (sur 25 lignes minimum). -#1. Mars 1870 : Ma naissance ! Je suis le premier enfant d’un couple de jeunes samouraïs (enfin, ancien samouraïs) qui voient d’un mauvais œil la réforme Meiji. Mes deux parents ont été reconvertis en fonctionnaires mais leur perte de statut social a du mal à passer…
#2. Avril 1876 : Pour la première fois, j’arrive à toucher mon papa au Bokken ! Il m’entraîne au maniement de l’épée et au Karaté depuis que je suis en âge de marcher, et jusqu’à maintenant, je l’avais jamais touché ! Il était fier de moi et voulait faire de moi un guerrier, même si l’époque du combat pour le seigneur était révolue…
#3. Janvier 1877 : Mes parents rejoignent le camp du Shogun dans la rébellion de Satsuma. Je comprenais pas tout ce qui se passait à l’époque, et j’étais vachement plus intéressé par la venue au monde de ma petite sœur.
#4. Septembre 1877 : Ma maman me dit que la rébellion a échoué et que je reverrais jamais mon papa… Je n’ai pas le temps de faire mon deuil qu’elle me demande d’être fort pour ma sœur et elle, et nous embarquons à Nagasaki dans un vaisseau avec un pavillon qui arbore des étoiles et des rayures. Une fois encore, je ne comprenais rien, mais je lui faisais confiance, c’est ma maman après tout…
#5. Octobre 1877 : Ma petite sœur nous a quittés… A mi-chemin du voyage, ce petit amour est mort d’une maladie qu’ils appellent la « dysentrie ». J’étais très triste, mais ma maman était inconsolable, malgré mes efforts… A peine quelques jours plus tard, nous nous amarrions au port d’une ville inconnue : San Francisco…
#6. Mars 1878 : Ma maman et moi n’avons dû notre salut qu’à une gentille dame, Japonaise comme nous qui nous a offert le toit pour l’hiver. J’ai pu lire la honte dans les yeux de ma maman qui, autrefois l’élite de la société, en était réduite à accepter la charité de compatriotes moins élevés que nous. L’hiver passé cependant, nous sommes de nouveau retournés à la rue, nôtre hôtesse ne pouvant nous accueillir davantage. Je pense que l’orgueil de classe de ma maman n’y était pas étranger, mais je n’avais pas de certitude…
#7. Juin 1881 :J’ai onze ans, je travaille en tant que cireur de chaussures et j’apprends l’Anglais de mieux en mieux grâce à une gentille Dame Blanche qui nous donne des leçons dans Chinatown… Mais ma mère vient de me mettre dehors… Depuis notre arrivée au nouveau monde, elle n’a cessé de boire sa paye tandis que mes maigres deniers servent au loyer et à la nourriture (elle ne me dit pas dans quoi elle travaille). En ce jour du 30, je lui dis qu’elle doit arrêter de se lamenter sur le passer et se consacrer à l’avenir, elle réagit en me mettant à la rue. Maintenant je suis vraiment tout seul…
#8. Juillet 1881 : J’ai rencontré un jeune garçon : Xiang-Shu, un Chinois, même âge que moi, lui aussi à la rue… Il m’introduit à Dong-Zhuo, un vieillard qui recueille les enfants du quartier. Je ne suis pas dupe : il nous apprend à voler et nous demande de lui rapporter de l’argent chaque jour… Ce type fait de nous des voleurs mais je passe outre : il est gentil, attentionné et il nous offre un toit ainsi qu’un repas copieux par jour à nous les petits "jaunes" des rues de SF. J’apprends alors le Madarin et leur culture. Elle est intéressante ! Mais je ne renierait pas mes racines pour autant.
#9. Février 1882 : Ma mère reprend contact avec moi : elle est désolé pour ce qu’elle m’a infligé et me supplie de revenir à la maison. J’accepte de la revoir alors même qu’elle m’a abandonné. Je n’étais pas préparé ! Elle s’était totalement transformé : maintenant une employée respectée de blanchisserie et se tenant bien loin de l’alcool, c’était de nouveau la maman que j’ai aimé. Cependant elle avait une mauvaise nouvelle à m’annoncer : un mal inconnu la rongeait et elle serait morte d’ici quelques mois, ou d’ici quelques années au mieux. A peine nous étions-nous réconciliés que la vie voulait me la reprendre ? Quelle indignité… Je décide quand même de retourner m’installer avec elle.
#10. Mars 1886 : Alors que je travaille à vendre mes journaux à la criée, on me préviens que ma maman s’est effondrée à la blanchisserie. Histoire de "add insult to injury" comme disent les yankees, mon boss me préviens que si je quitte mon poste, je suis viré ! Qu’il aille se faire foutre ! Ma mère est plus importante que ce job de merde ! Je passe la semaine suivante (sans emploi) au chevet de ma mère tandis qu’elle vit ses derniers instants. Une dernière (et énième) fois, elle me demande pardon pour la manière dont elle m’a traité en 81. Je lui assure plus de fois que nécessaire que nous faisons tous des erreurs et que je l’aimerai jusqu’à son dernier souffle… Je répète ce rituel jusqu’à ce qu’elle rende son dernier… De souffle…
#11. Avril 1886 : Je n’ai même pas le temps de me remettre du décès de ma mère que Xiang-Shu vient me trouver en personne pour m’informer que Dong-Zhuo avait lui aussi rendu son dernier souffle. Il avait beau être un escroc, je ne serais peut-être pas vivant aujourd’hui sans lui… Et la tendresse avec laquelle il me traitait ne souffrait d’aucun des préjugés que les blancs avaient à mon égard. J’assiste alors aux deux enterrements, je paie celui de ma mère et participe à celui de Dong-Zhuo avant de réfléchir à mes options… Peut-être que le soleil brille mieux du côté où il ne se couche pas ?
#13. Novembre 1886 : Notre caravane est partie a la saison froide en anticipation de la traversée du désert du Nevada. Nous faisons étape dans une petite bourgade sans intérêt du nom de Las Vegas et c’est là qu’un des gardes de la caravane (un mulâtre indien/africain des seuls à me prendre en sympathie, étant donné ma couleur de peau) me fait toucher pour la première fois à un revolver. Pas étonnant que les Américains aient battus nos katanas, si ils y opposaient des colts… Bien que courte, cette expérience me permet de me rendre compte d’une chose : le monde change, vite… Mes parents n’étaient pas prêts pour ce monde… J’espère par contre pouvoir l’être moi-même.
#13. Mars 1887 : Nous sommes à mi-chemin des territoires inexplorés du Wyoming où je compte refaire ma vie que la caravane m’abandonne. Oui oui ! Ils m’abandonnent ! Sous prétexte que je n’ai plus de quoi payer les frais de voyage restants (on les avait tous payés à l’avance mais bon… Je pense que c’est plus parce que je suis le seul gamin isolé ET jaune du convoi, mais je n’ai pas de preuves…). Me voilà dans dans je-sais-pas-quel-territoire-ou-état, mais dans tous les cas je suis seul, sans le sou, et abandonné dans une ville de la frontière où tout le monde me regarde de travers… Ça promet…
#13. Juillet 1887 : Pour la première fois de ma vie depuis que j’ai 2 ans, je me suis fait pipi dessus… Ce n’était pas la première fois que je grimpais sur un cheval, mais les mains dans le dos avec une corde au cou reliée à un arbre, assurément ! J’ai essayé ! Vraiment, j’ai essayé de gagner ma vie manière honnête ! Mais le racisme des gens du coin J’avais faim, et puisque personne ne voulait donner du travail à un jaune dans ce coin, j’ai eu la mauvaise idée d’essayer de voler une boite de
Baked beans à l’épicier du coin, mettre à profit mes anciens talents de voleur, vous voyez ? Manifestement, j’étais trop rouillé et je me suis fait prendre... La justice populaire a failli avoir ma peau quand le sheriff est venu, m’a décroché, et a dit que j’aurais droit à un procès équitable, jaune ou pas (ahah… C’est sarcastique…).
#14. Août 1887 : Dans les deux jours qui ont suivit mon quasi lynchage, j’ai été présenté à un juge itinérant. Après un court procès avec une défense lamentable (je peux pas payer un avocat donc je dois me défendre tout seul, je suis jaune ET je pas parle bien Anglais… Je vous laisse imaginer le désastre !), il m’a condamné au bagne… deux ans… Deux ans de travaux forcés pour une boîte de haricots… J’accepte ma peine ! Et je la purgerai ! Il en va de mon honneur et de celui de ma famille ! Après ça, je tenterai de vivre une vie d’Américain honnête ou je mourrai en essayant ! Mais alors que je revêtis ma tenue rayée et qu’on m’emmène vers le Randall Fort pour purger ma peine, je ne peux m’empêcher de me dire que… Si j’étais né ici et sans yeux bridés, je ne serais pas dans cette situation…