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| | Mer 30 Aoû - 10:40
Guardians Of The Sunrise
@Billy Jackson La chaleur étouffante de l'été l'empêchait de sombrer dans les rêves, se languissant des chimères fantasmagoriques nocturnes, elle demeurait éveillée à fixer le plafond avec ennui et lassitude. Les heures sombres dévoraient une nuit qui se dissipait, de celles qui ne pouvaient s'imaginer qu'aux instants les plus ténébreux de l'existence. Même le saloon au rez-de-chaussée semblait s'être endormi tandis qu'elle quittait son lit pour s'approcher de sa coiffeuse afin de se rafraichir la poitrine à l'aide d'un linge humide parfumé de lavande, soupirant de fatigue tout en zieutant la quiétude de la rue par la fenêtre. Les étoiles commençaient à se lasser de brûler dans les cieux, cortège de diamants stellaires qui scintillaient autour de la lune qui s'évaporait à l'approche de l'aurore carminée. L'institutrice toujours corsetée s'empressa d'enfiler sa robe d'été couleur écrue esthétisée de motifs floraux et de lasser ses chaussures. Sa longue chevelure cuivrée détachée tombait en cascade dans son dos, elle glissa malgré tout un châle sur ses épaules par pudeur avant d'attraper un livre et de quitter sa piaule. Ses bottines à talons claquaient sur le plancher grinçant tandis que depuis l'étage, elle pouvait entrevoir le saloon vidé de la majorité des habitués. Il ne restait que le serveur et quelques ivrognes tombés dans un sommeil de mort ainsi que quelques joueurs de pokers insomniaques. Après un an à vivre dans l'établissement, sa présence ne faisait plus vraiment tâche, faisant presque partie du décor et ayant même construit de l'affect avec le personnel du saloon dont quelques prostituées. Il y avait toujours des moments où la rudesse des cowboy la laissait quelque-peu choquée, voir dégoûtée, mais elle avait apprit à ne plus trop faire attention aux commentaires graveleux ou belliqueux.
Vera descendait alors les marches tranquillement, les pans de sa robe dans une main et son livre dans l'autre, elle passa à proximité du pianiste qui luttait contre l'envie de dormir, tapotant son épaule amicalement pour lui partager un peu de sa force mais aussi de sa bienveillance. L'air était quant à lui nauséabond, un mélange de sueur, de parfum féminin trop prononcé et de cigares. C'était bien la seule chose à laquelle l'Irlandaise n'arrivait pas à s'accoutumer tandis qu'elle poussait les portes battantes du saloon pour se retrouver seule sur le porche. Malgré l'air chaud estival, une petite brise matinale venait caresser ses traits, appréciant la fraîcheur de cette étreinte éthérée avant de finalement s'asseoir sur un banc tout en fixant la rue principale encore désertique.
Plongée dans sa lecture, l'aube allait bientôt percer le ciel tandis qu'un nouveau protagoniste faisait son apparition à l'extérieur. Vera n'eut aucun mal à reconnaître l'adjoint du shérif avec qui elle cohabitait au saloon, soutenant un instant son regard bleuté perçant qui avait quelque-chose d'assez déstabilisant selon elle. Cela serait mentir de dire que le charme de l'homme de lois n'avait aucun effet sur elle, objectivement très séduisant si on oubliait son côté coureur de jupons qui pouvait l'exaspérer. « Vous êtes bien matinal monsieur l'adjoint. » S'exclama alors la jeune femme dont le regard vert passait de l'homme à son livre. Mine de rien, sa présence venait la rassurer au vu de l'insécurité qui régnait dans la cité. « J'imagine qu'il n'y a point de repos quand on combat le crime. » Souffla-elle dans un sourire amusé, bien que légèrement sarcastique au vu des activités nocturnes de Billy au sein du saloon. Elle l'avait vu mainte fois ivre, remontant sa chambre vacillant et toujours escorté de belles dames un peu trop maquillées selon elle.
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| | Mer 6 Sep - 6:30
Guardians Of The Sunrise
@Vera Flanagan J’ouvre les yeux sur le plafond de ma chambre aussi brusquement que si l'on m’avait réveillé à l’aide d’une eau fraiche… Ce qui aurait été jouissif, avouons-le! La chaleur des derniers jours est étouffante et cette nuit n’a pas fait exception. Si je rêvais encore, quelques secondes plus tôt, j’ai aussitôt tout oublié. Je tourne la tête vers l’unique fenêtre de la chambre; le jour n’est pas encore levé. Je grogne. Il n’y a pas si longtemps que je suis monté me coucher, me semble-t-il. Je tourne sur moi-même et cache mon visage dans l’oreiller humide. Ça sent mauvais. Je plisse le nez et tente d’en faire abstraction pour me replonger dans le sommeil. Ça ne fonctionne pas. Je change à nouveau de position. Et encore une fois. Je me résigne finalement à me redresser pour m’asseoir dans mon lit. Tant pis. Je dormirai lorsque je serai mort.
« Vous êtes bien matinal monsieur l'adjoint. »
Je viens à peine de traverser les portes battantes du Silver Saloon, une cigarette déjà fumante entre les lèvres, lorsqu’une voix féminine m’interpelle. Je cherche du regard la demoiselle et l’aperçois assise sur un banc. Longue chevelure rousse, je reconnais aussitôt mademoiselle Flanagan. Je fais quelques pas dans sa direction et remarque qu’elle ne me porte que peu d’attention, cette dernière étant attirée par le livre qu’elle tient entre ses mains. La jeune femme lève néanmoins les yeux vers moi à mon approche et poursuit : « J'imagine qu'il n'y a point de repos quand on combat le crime. ».
Je lui retourne son sourire bien que ne saisissant pas tous ses sous-entendus. « Le crime n’dort jamais, mademoiselle, et j’aimerais vous dire que j’suis debout pour attraper des bandits, mais c’est juste que j’n’dormais plus. C’est à cause d’la chaleur que vous n’dormez plus aussi? ». Je ne vois aucune autre explication. Sans invitation, je m’assois sur le banc à ses côtés et lui prend soudainement le livre des mains. Je regarde sa couverture, puis l’ouvre devant mon visage en plissant les yeux : « Comment pouvez-vous lire ça, il n’y a même pas d’images? ». Je plisse les yeux et tente de lire : « Le… vi… Le visa… ge… Le visage… de… l’homme… Le visage de l’homme… ». Ce n’est pas facile. Je crois même qu’un léger mal de tête s’apprête à m’assaillir. Je fais tout à coup moins le fier et referme brusquement le livre. Je ne me soucie pas un instant de lui avoir fait perdre sa page. Ce n’est pas le genre de préoccupation qu’ont les non-lecteurs tels que moi. Je lance un regard malicieux à la jeune femme et tiens son livre dans une main que je lève au-dessus de ma tête. L’objet est ainsi hors de la portée de sa propriétaire. « Ça parle de quoi? C’t’une histoire d’amour, c’est ça? », dis-je avec espièglerie en brandissant le livre dans les airs.
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