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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte)
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John L. MacLachlan
John L. MacLachlan
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) Damsel
Age : 28 ans
Mer 17 Fév - 0:56

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
John L. MacLachlan & @Charlotte Kingsley
La journée était belle, le ciel radieux et l’après-midi bien qu’un peu fraîche semblait bien partie pour restée ensoleillée. John aurait presque été heureux de s’être perdu dans les Heartlands. On l’avait renseigné pour un travail dans un ranch, mais le ranch devrait faire sans lui aujourd’hui. Il espérait quand même retrouver son chemin avant la nuit. Il était à pieds et n’avait rien de prévu pour passer la nuit dehors. Il mourrait de froid avant que le soleil pointe son nez à l’aube.

Il franchissait une colline quand une tache mouvante au loin attira son attention. Une tache mouvante, et meuglante. Ni troupeau, ni garçon-vacher à l’horizon. Cette pauvre bête était au moins aussi perdue que lui. A défaut de demoiselle en détresse, il y avait une vachette paniquée dans la lande à  sauver. John se sentait l’homme de la situation. Il s’approcha d’un pas tranquille tout en contournant légèrement le brave animal. Il ne voulait pas arriver dans son angle mort, il s’agissait de récupérer la bête, pas de l’effaroucher. Mais il était serein. Betty lui avait toujours dit qu’il avait un don avec les bêtes, et cette prédiction n’avait jamais été démentie.

La vachette l’avait vu. Elle meuglait plus fort, sa panique reprenant le dessus. John s’arrêta à une dizaine de mètres. L’animal partirait en courant s’il faisait un pas de plus. Il s’accroupit et ramassa un des rares brins d’herbes subsistant à l’hiver et le glissa dans sa bouche.

- Tout  doux ma beauté. Murmura t-il, Oooh ! T’es toute seule toi aussi ? On peut p’têtre faire un bout de chemin ensemble. Même p’têtre que je pourrais te ramener chez toi.

La vachette brune se calmait sous les accents rauques de sa voix. Elle le regardait maintenant fixement, surement aussi perplexe devant cet homme accroupi dans la neige fondante.  Quand il se releva en mâchouillant son brin d’herbe elle ne broncha pas. Elle le laissa même faire quelques pas vers elle bien que ses oreilles se mirent à s’agiter en tous sens. Elle ne se croyait pas tout à fait hors de danger. Il s’arrêta de nouveau.

- Tu as d’la chance de pas t’être fait renifler par les coyotes. Tu es trop jolie, ils n’auraient fait qu’une bouchée de toi, allons. Mais tu as raison de te méfier des hommes. Ils sont pires que les coyotes parfois. Mais moi j’me considère encore plutôt correct. Si tu me laisse te passer la longe autour du coup je te promets je te ramène chez toi.

Le bovin souffla bruyamment de ses naseaux avec un mouvement de tête qui ressemblait presque à une approbation. John s’approcha enfin tout à par pour lui passer la corde qui portait auparavant à la ceinture autour de son cou musculeux. Il la flattait, lui caressait ses poils bruns aux reflets roussâtres. Ah ça oui ! Il sait y faire avec les bestioles ! disait toujours sa mère.

- Bon t’as pas pu aller bien loin de ton ranch. Dans quelle direction alors, hein ? Ton instinct est bien meilleur que’l’mien.

Il tira légèrement sur la corde et la vachette prit la direction de l’ouest. Et bien l’ouest ce serait. Il marchèrent deux longues heures, interrompues régulièrement par Dolly (il avait renommé sa nouvelle camarade de route) qui ne pouvait s’empêcher de brouter les plus belles touffes d’herbe qu’elle croisait ce qui était encore, heureusement, assez rare à cette période de l’année. Elle avait raison d’en profiter, pensait John. Pendant qu’il lui marchait il lui parlait de ses consoeurs, ses vaches à lui qu’il avait dû abandonner dans le Missouri. Il lui parla de Flora la romantique, Jolly la jalouse, Celest qui était aussi grincheuse que son nom était joli. Il lui parla de Minnie, qui était sa vache préférée car elle le laissait toujours jouer avec ses petits quand il était enfant ainsi que Constance qui la laisser jouer à la cavalerie sur son dos. Et il y avait Hazel, la vieille Hazel qui était morte quand il avait 6 ans mais qui avait le regard le plus doux de tout le troupeau…
Il continuait à faire la liste des compagnes bovines de son enfance quand il arrivèrent en vu du ferme.

- Quel nez tu as ma jolie ! T’avais pas besoin de moi pour retrouver ta maison. Tu aimais la compagnie hein !

Les deux compagnons s’avancèrent  jusqu’à la barrière qui entourait la maison du ranch qui ma foi, vu de près, ne semblait ni très vivant ni en bon état.

- Ohé ! Y a quelqu’un ? J’vous ramène Dolly elle s’était perdue dans la lande!

Etrange quand même. Il avait déjà vu une ferme dans un si piètre état. La sienne. Enfin celle de sa mère. Qu’on jugeait que seul un miracle serait en mesure de la sauver. Il se demandait si c’était le cas ici également.


John L. MacLachlan
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Mer 17 Fév - 5:30

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
Dans des dessins de la ferme qui dataient de plusieurs décennies et qu’elle avait retrouvé dans le bazar du bureau, Charlotte avait vu des champs de légumes aussi verts que l’herbe d’été, des animaux broutant dans des prés et même un verger dont elle n'avait pas réussi à identifier les fruits. Le terrain était grand et elle n’avait aucun mal à croire que toutes ces choses pouvaient y entrer. Le plus difficile à imaginer était que ces choses y avaient déjà poussé. Certes, elle était arrivée peu avant les premières neiges, mais il n’y avait nul besoin d’être agriculteur pour savoir que la terre n’avait pas vu un grain depuis des lustres. Elle avait quelques espoirs pour les arbres, mais ils étaient déjà dénudés à son arrivée alors que ceux avoisinants portaient fièrement leurs couleurs chatoyantes.

Évidemment, il y avait eu une ingérence quelque part, mais elle ne pouvait pas en vouloir à son oncle. Elle ne l’avait peut-être jamais rencontré et il n’avait jamais fait mention de problèmes, mais les mots de ses lettres s’empôtaient au même rythme que les siens gagnaient en élégance. Elle avait donc décidé de faire tout ce qui était en son pouvoir pour redonner à la ferme de « Ol’ Billy », comme les gens du coin l’appelait, toute sa grandeur d’antan. En bonne bourgeoise, elle savait que les apparences devaient être sa priorité. C’est pourquoi elle avait embauché un entrepreneur pour le porche et la clôture, qui devait arriver le lendemain. Elle ne voulait pas abuser des hommes de Monsieur Kennedy, après tout.

Elle était assise au bureau enfin dégagé depuis plusieurs heures et l’obscurité grandissante lui faisant plisser les yeux sur la liste des travaux de la maison. Elle aimait cette solitude silencieuse bien plus qu’elle aurait pu l’imaginer. Une vie simple, faite de comptes et de terre, à laquelle elle n’avait aucunement été préparée mais qui lui avait fait comprendre le refus de son oncle de revenir sur l’ancien continent. Elle se leva pour allumer une bougie lorsqu’une voix masculine héla à proximité. Sa ferme étant au milieu de nulle part, il était certain qu’on s’adressait à elle. Pourtant, elle ne connaissait aucune Dolly…

D’un geste rapide, elle s’enveloppa d’un châle et alla ouvrir la porte. Un jeune homme et une vache, partageant la même couleur de poils, l’attendaient un peu plus loin. Elle fronça les sourcils, confuse par la scène. Se pouvait-il qu’il soit l’entrepreneur attendu? Il était bien plus jeune que ce qu’il lui avait dit dans ses lettres. Et la vache était un autre mystère en soi.

« Je suis navrée, mais Dolly ne m’appartient pas, » dit-elle après un silence un peu trop long.

Elle marcha vers eux, les yeux au ciel pour voir le bleu céruléen tourner au bleu roi. Il était trop tard pour commencer à chercher les véritables propriétaires de l’animal, en tout cas dans son cas. Elle était certes heureuse d’être là, mais elle n’avait pas le courage de sortir après le crépuscule.

« Je peux lui trouver une place pour la nuit, cependant, » proposa-t-elle, gardant une distance raisonnable avec la bête et son gardien.

Elle tourna la tête vers la grange un peu plus loin où, par chance, il y avait un trop plein de foin du cirque. Elle s’arrangerait plus tard avec eux, mais elle ne pouvait pas laisser la pauvre vache mourir de froid. Ça n’allait pas être une nuit luxueuse, la grange étant dans un état encore plus piteux que la maison, mais au moins elle serait nourrie et au sec. Elle reporta son regard sur le charpentier.

« Vous êtes en avance, je ne vous attendais pas avant demain. » Elle continua avant qu’il puisse répondre, de peur qu’il prenne sa surprise comme du mécontentement. « Mais ce n’est pas un problème. J’ai une chambre de libre. »

Enfin, elle lui offrit sourire poli, un peu inquiet de devoir ouvrir sa demeure en ruine à ce correspondant qu’elle avait imaginé complètement différemment.
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John L. MacLachlan
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) Damsel
Age : 28 ans
Jeu 18 Fév - 23:12

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
John L. MacLachlan & @Charlotte Kingsley
John n’eut pas à attendre longtemps avant que la porte de la baraque ne s’ouvre pour dévoiler le propriétaire des lieu. Il faillit s’étonner que de voir que la porte ne sautait pas de ses gonds, même de la distance ou il se tenait elle semblait faite de planches branlantes mal clouées, mais la pensée éclata avant même d’être formulée. Ce qu’avait révélé la porte était plus surprenant encore. Il s’attendait à un occupant à l’image de sa maison, vieux, rustique et de travers, et voilà que le jeune homme découvrait une petite brune à la face blanche si menue qu’elle ne semblait pas tout à fait avoir quitté l’adolescence. S’il crut qu’elle pouvait être la pauvre fille d’un vieux fermier désargenté les premières paroles qu’elle prononça le firent avorter cette idée.  Son parlé était trop distingué, ses tournures et son accent présageait une origine qu’un péquenaud du sud ne pourrait même envisager dans sa petite tête étroite. John préféra rester un moment silencieux, il avait de toute manière toujours été plus loquace en compagnie des bête que de leur cousins bipèdes. Et puis face au raffinement de son interlocutrice, il avait maintenant honte d’avoir crié à la barrière tel le dernier des culs-terreux. S’il ne trouvait aucun déshonneur dans ses origines modestes, il n’était quand même pas peu fier des enseignements prodigués par la protectrice de ses jeunes années. Lui aussi savait s’exprimer autrement plus joliment que le baragouin usuel des campagnards et il avait manqué une opportunité de le prouver à une personne qui aurait su apprécier l’effort. La parole est la langue des apparences, les apparences sont essentielles.

La bonne demoiselle lui désigna d’un signe de tête la grange à courants d’air qui se trouvait à leur côté. Il prit ce geste comme une invitation à s’avancer. Pour se montrer aussi placide à l’arrivée d’un inconnu poussiéreux accompagné d’une vache, c’est qu’elle ne devait pas être seule sur la propriété. Ce qui n’expliquait pas ce qu’une fille au parler de bourgeoise faisait dans un trou à rat pareil. Ceci-dit Madame Margery aussi parlait la bourgeoisie et tout le village la disait femme de brigand. Finalement, peut-être ne désirait-il pas savoir.

John flatta le poil roux de sa vachette pour lui faire hâter le pas. « Soon you be giv’n some good dry hay to eat, an’ some shelter from the wind… o’ most uv’it. » murmurait-il entre sa barbe d’une voix que seule son amie bovine pouvait percevoir. Mais c’est lui, cependant, qui s’arrêta subitement au point que Dolly se mettait à tirer sur la corde de mécontentement.  On lui avait promis du foin, nom d’un taureau !

- 'morrow… ? répéta-il bêtement à voix basse.

Comment cela, elle l’attendait ? Il se savait perdu dans la lande ce matin mais il était certain que la ferme qui recherchait des travailleurs pour le travail des champs n’était pas dans ce coin-là. Et puis de toute manière il avait eu le temps d’observer le domaine en arrivant et il était certain qu’il n’y avait pas un seul champ prêt pour la moisson à plusieurs miles à la ronde. D’ailleurs il n’y avait pas un seul champ tout court. Et deuxièmement… Ou troisièmement, c’était aujourd’hui qu’il était censé arriver de toute manière. Pas demain. Ca ne collait pas. De toute façon il n’eut pas à répondre, bien qu’il n’en ai jamais eu vraiment l’intention, la jeune fille continuait. Un lit pour la nuit ? Ca par contre ce n’était pas de refus ! Il leva lui aussi un œil vers le ciel qui s’assombrissait. Ce n’était pas une bonne période de l’année pour faire du camping dans les landes sans tente et sans vivres. Pas si on voulait se réveiller le lendemain.

- Sure, I wouldn’t refuse a bed for the night, dit-il en se déridant enfin, il ne s’exprimait pas tout à fait dans un anglais de la haute mais cela faisait bien des années qu’il n’avait pas pratiqué, cela lui suffisait pour une reprise, but I gotta put my girl to bed first!

Il flatta le flan de son impatiente vache et reproduit inconsciemment le mouvement de tête de son hôte un peu plus tôt.

- The barn, right ? il fit un pas dans la direction designée puis se ravisa. You can wait for me inside your house if you’d like. I ain’t gonna be long.

Ils auraient le temps d’en venir aux explications plus tard. Quand Dolly serait au chaud et restaurée et loin de la menace du gel de la nuit. Lui-même attendrait peut-être après un bol de soupe maigre ou un bout de galette avant de restaurer la vérité sur son cas. Il n’aimait pas être malhonnête mais il aimait encore moins avoir le ventre vide.


John L. MacLachlan
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Ven 19 Fév - 7:11

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
Elle nota avec une pointe de soulagement l’effort qu’il fit pour lui parler. Elle avait encore du mal avec l’accent des gens du coin, et la plupart ne s’embêtait pas à ralentir. L’attention dont il faisait preuve allongea son sourire et il était tout à coup beaucoup moins inquiétant qu’à sa première impression.

L’air frais la fit frissonner et elle ramena le châle plus proche de son visage. Elle voulut accepter l’offre de cet entrepreneur et retrouver un peu de la chaleur de la maisonnée (avait-elle seulement encore du bois?), mais la première fois que quelqu’un était avait ouvert la porte de la ruine en devenir, elle était restée dans les mains de l’ouvrier.

« I will come with you. This old barn is stubborn, to say the least. »

Leurs bottes et sabots faisaient craquer la terre encore gelée sur le chemin jusqu’à la grange. Elle avait espéré que personne d’autre que les travailleurs du cirque n’y mette les pieds avant qu’elle n'ait pu la faire réparer, mais la sécurité de la vache importait plus que son égo. La peinture blanche écaillée tranchait avec le bois bruni par le temps et la pourriture. Il ne restait plus que quelques gonds rouillés pour tenir l’immense porte et il fallait la soulever pour ne pas qu’elle s’en échappe à nouveau. On lui avait montré le truc, mais elle ne l’avait jamais mis en pratique et maintenant qu’elle était au pied du bâtiment, elle doutait d’avoir la force nécessaire à l’opération. Elle observa l’homme en détail pour la première fois.

Elle le devinait jeune, sous cette barbe de plusieurs jours. Il n’était pas le plus large des hommes qu’elle avait croisé, mais il n’était pas non plus le frêle. Par le col ouvert de sa chemise, elle pouvait discerner la naissance de muscles sans doute formés par un labeur constant. Ce n’est que lorsqu’elle croisa son regard -gris ou bleu, elle était trop loin pour le savoir- qu’elle se dit qu’elle avait peut-être été trop insistante dans son analyse. Elle se détourna de lui pour se concentrer sur l’obstacle. Elle croisa les bras et détailla le processus nécessaire à John.

« I believe your strength is sorely needed around here, Mr Ashwood, » dit-elle, un sourire désolé au visage. « Rest assured, you will be fairly compensated for your work. »

Charlotte s’approcha de Dolly, avec peu d’assurance. C’était la première fois qu’elle voyait une vache d’aussi près. Produire du lait était une des possibilités qu’elle envisageait pour la ferme, il était donc impératif qu’elle se fasse à la présence de bétail. Lorsqu’elle offrit à John de prendre la corde pour qu’il puisse ouvrir la porte, la demoiselle rousse ne sembla pas apprécier le geste. Elle meugla et frappa le sol gelé de son sabot, libérant une motte de boue qui atterit sur la robe jaune de Charlotte, ses mains et une partie de son menton. Dolly recula alors que le visage de Charlotte se figa dans une expression de surprise. Le « o » de sa bouche se transforma finalement en rire. Qui dupait-elle? Elle n’était pas une fermière, ne le serait peut-être jamais. Mais peut-être que Dolly était secrètement une vache de salon.

« Goodness me, how could have I been so rude? Miss Dolly, it’s a pleasure to make your acquaintance. » Elle fit une petite révérence. « My name is Charlotte, may I have the pleasure of leading you? »

Elle jeta un coup d’œil amusé vers John. De toute évidence, la rouquine s’était prise d’affection pour lui et elle faisait toujours en sorte qu’il soit entre elles deux.

« I believe I am not much to her liking. It is a shame, though. I was certain we would have been confidants in a matter of seconds. »

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John L. MacLachlan
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) Damsel
Age : 28 ans
Sam 20 Fév - 14:31

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
John L. MacLachlan & @Charlotte Kingsley
John suivit sans rien dire cette demoiselle de trop bonne éducation pour être tout à fait nette à ses yeux (d’un autre côté est-ce que quelqu’un pouvait vraiment se venter d’être tout à fait droit dans ses bottes dans l’Ouest sauvage ?). L’air se rafraichissait au fur et à mesure que le soleil disparaissait derrière les collines. Il n’était pas trop surprit, ni vexé, que la jeune femme ait préféré le suivre dans le froid à la chaleur de son foyer malgré le maigre châle qu’elle avait sur le dos. La vie d’ermite vous apprenait vite à ne pas laisser votre bien, si modeste qu’il fût, sans surveillance face à un étranger. C’était la meilleure façon de se retrouver dépouillé quand on ne se retrouvait pas tout simplement avec la gorge tranchée. D’ailleurs l’assurance irraisonnable qu’elle affichait confortait John dans son idée qu’elle devait avoir un mari ou un frère (ou deux ou trois) à les épier entre les vieilles planches de la baraque à l’affut du moindre geste ou son suspect. Il n’osait même pas se retourner de peur d’y voir le canon noir d’une pétoire dépasser discrètement d’une fenêtre entrouverte sans bruit.

Elle s’arrêta finalement devant la grande porte de la grange sans y toucher. John lui jeta un regard en biais et découvrit une moue qu’il interpréta comme un peu inquiète sur son visage de poupée et se demanda ce que la porte en bois avait bien pu lui faire pour la mettre dans cet état. C’était une porte en bois somme toute normale bien qu’aussi pourrie que le reste de la ferme, mais le campagnard n’en était plus surprit. La peinture s’écaillait mieux qu’un crotale en pleine mue et même si les coloris choisis avaient autrefois été vifs et gais il aurait été bien impossible aujourd’hui d’en deviner les teinte tant ce qui n’avait pas été délavé par le soleil et les pluies était devenu crotté de la poussière et la terre portée par les vents. Mais au moins elle avait été peinte, autrefois. Cela avait dû être joli. Sa mère, elle, n’avait jamais prit cette peine dans leur ferme. Elle n’y voyait pas d’intérêt pratique et de toute façon la peinture coûtait trop cher. Ce qui était deux arguments ma foi recevables.

Le voilà qu’il s’était lui aussi perdu dans l’analyse des planches de bois. Il s’en détourna et son regard fut appelé par une paire de grands yeux sombres qui le dévisageaient. Finalement peut-être se méfiait-elle plus qu’elle ne voulait le montrer. Ou bien peut-être attendait-elle quelque chose de lui, qu’il ouvre la porte par exemple. Peut-être que de là ou elle venait c’était le genre d’attentions auxquelles elle était si habituée qu’elle n’avait plus besoin de demander… Ou peut-être attendait-elle juste qu’il sorte de ses rêveries pour lui expliquer comment ouvrir la porte récalcitrante de la rétive grange. Il hocha la tête, choisissant d’oublier qu’elle l’avait appelé Ashwood (un mensonge par omission était-il vraiment un mensonge ?). Mais Dolly ne semblait pas disposée à se montrer conciliante, John n’avait pas fait deux pas que sa compagne cornue éclaboussait de boue et de mauvaise humeur leur hôte pour la nuit. Le fermier grimaça. Les bourgeoises étaient connues pour accorder beaucoup d’importance à leurs chiffons, la rouquine caractérielle venait peut-être de leur faire gagner un aller-simple pour la lande nocturne.

- Doll !

Mais le rire cristallin de la brune demoiselle jaillit avant qu’il ne puisse continuer ses remontrances. Décidément ce petit bout de femme n’en finissait pas de le surprendre. Elle se présenta à la vache comme Charlotte (John réalisa que jusque là il ne savait même pas son prénom) avec une courtoisie à la fois si saugrenue et humble qu’il ne put s’empêcher d’éclater d’un rire attendrit au pantomime de la rivale de Dolly.

- Doll, you be a good gal an’ say sorry, dit il en grattant l’animal entre les deux yeux, that was some nahce introducin’ Miz Charlotte did there. Can’t stay mad a that.

Il se tourna cette fois vers Charlotte tressautant au rythme des coups de tête affectueux de l’animal.

- She’ll end up liking you eventually. I don’t see how it could be otherwise.

Il tendit la corde à Charlotte plus par soucis de réconcilier les deux rivales que par nécessité. Il doutait que la vachette s’éloigne maintenant qu’elle avait dû renifler son foin de l’autre côté des planches de bois.

- Now you girls be sweet to each other while I open that door, lança-il, rieur, en s’éloignant.

La manipulation, bien que pénible ne fut pas trop difficile pour le paysan qui en avait vu d’autres dans ses voyages. Bientôt la porte fut ouverte, non sans un grincement sonore à en réveiller un mort, et au moins assez grand pour faire rentrer une vache et sa petite vachère.

- Myladies ! s’inclina-t-il en imitant les manières d’un duc, your castle awaits.

Il eut un nouveau regard pour la jolie bourgeoise et ne s'appercevait que maintenant des taches sombres qui contrastaient sur la peau blanche du visage dont les joues commençaient à rosir à cause du froid. Il se sentit soudain bien peu courtois de ne pas l'avoir remarqué plus tôt.

- I don't have nothing to clean you up properly but please take my coat. You can wipe off your face with one of my sleeve if you'd like.

Ce disant il ôta son duster d'un geste fluide pour le tendre à la jeune fille.

John L. MacLachlan
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Sam 20 Fév - 21:23

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
L’homme avait définitivement les faveurs de l’animal, et elle eut une pointe de jalousie lorsque Dolly roucoula presque sous les attentions de John. À croire que l’Ouest lui montrait sa désapprobation par le biais de ses bêtes.

“I hope you are right…” répondit-elle, tout de même un peu inquiète.

Calmée par les caresses du fermier, Dolly accepta pourtant qu’elle prenne la corde. Charlotte ne put s'empêcher de comparer ses mains à celle de son invité. Petites, lisses, dénuées de toute trace de labeur contre larges, calleuses et probablement plus fortes qu’elle ne pouvait l’imaginer. Elle se doutait bien qu’elle ne pourrait pas faire grand-chose si la vache décidait de partir, même à la marche. Et pourtant, les paroles rassurantes de John lui redonnèrent confiance et elle osa même tenter une caresse vers le front de sa nouvelle compagne, qui l’accueillit avec une étonnante désinvolture.

Le grincement de la porte la fit grimacer. Sa ferme pouvait-elle avoir au moins la bienséance de bien paraître face aux inconnus? John ne semblait pourtant pas s’en faire, son rire franc encore au bord des lèvres lorsqu’il les invita à l’intérieur. Dolly ne se fit pas prier et tira Charlotte qui, après s’être retenue de justesse, eut un petit rire autant face à la hâte de leur amie qu’à la politesse de John.

“Thank you, kind sir,”  dit-elle en passant à l’intérieur avec un petit hochement de tête.

Le toit de la grange laissait passer quelques rayons de la lumière du soir. Aucune des portes des box à l’intérieur ne se fermait et il n’était donc pas nécessaire de guider la vache vers l’un d’eux. De toute façon, elle allait probablement se diriger toute seule vers les stocks du cirque, protégés des intempéries par une toile faite de tissus aux couleurs vives.

Elle s’arrêta lorsque John l’interpella, laissant Dolly explorer sa demeure pour la nuit. Elle avait oublié la boue qui lui tâchait le visage. Gênée, elle se détourna brièvement pour frotter son menton, étalant sans doute plus qu’effaçant l’incongru maquillage. Ce n’était plus juste le froid qui faisait rosir ses joues, mais elle fit tout de même face à son invité qui lui tendait son manteau.

“I could never soil your coat,” dit-elle en acceptant tout de même l’offre généreuse.

Elle s'emmitoufla avec, serrant le col autour de ses épaules. Le vêtement était bien plus efficace que son mince châle pour arrêter le vent discret mais glaçé qui courait les plaines. Il sentait la terre, le grand air et la transpiration, odeurs qui l’auraient révulsée il y a quelques mois à peine et qu’elle trouvait aujourd’hui rassurantes et sereines, voir un brin attirantes. Elle jeta un dernier coup d'œil à la vache avant de sortir de la grange et attendit que John en referme la porte.

“You must be freezing,” s’inquiéta-t-elle, maintenant qu’elle avait son cache-poussière. “Please, go inside. I will fetch some water and follow you soon after.”

Elle se dirigea vers la pompe, où un sceau attendait ses attentions.

“Oh, Mister Ashwood! Be careful, the first step and the porch’s second board are broken.”

Elle s’était retournée vivement, sans prendre le temps de voir s’il avait décidé d’accepter son invitation.
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John L. MacLachlan
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) Damsel
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Dim 21 Fév - 21:45

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
John L. MacLachlan & @Charlotte Kingsley
La petite demoiselle entrait dans son jeu de faux bourgeois avec une gaité déconcertante. Certes le parlé soutenu que John revêtait comme un costume de scène était dans sa bouche tout à fait naturel et elle ne devait pas tant se reposer sur un jeu d’actrice que sur les habitudes de langage de son ancienne vie. Non ce qui surprenait et maintenant, inquiétait presque l’homme des campagnes c’était surtout le laisser-aller dont elle faisait montre devant le premier pouilleux du coin. Depuis quand était-elle venue se perdre entre les quatre planches qui lui servaient de ferme dans la lande et surtout comment avait-elle survécu jusque-là sans se faire égorger par un truand de passage ? Décidément ses quatre frères (car dans l’esprit de John ils étaient maintenant quatre) devaient être des hommes redoutés dans le coin. Sûrement que Charlotte était leur jeune sœur cadette et avait grandit protégée, défendue et pouponnée comme une princesse. Elle en avait des airs en tout cas, et même la boue qu’elle étalait maintenant maladroitement sur son visage ne pouvait camoufler cela. John réprima un nouveau rire attendrit par crainte qu’elle pense qu’il se moquait d’elle mais la voir s’étaler ce miasme noirâtre sur les joue en une demi-barbe lui donnait envie de s’en occuper lui-même. Dans l’obscurité naissante du crépuscule on aurait pu la prendre pour une enfant gourmande sortant tout juste d’un buisson de mûres. Peut-être était-ce de voir sa frêle silhouette enroulé dans son manteau trop grand qui lui donnait un air si candide, ou bien les mèches frivoles qui dansaient autour de sa tête dans la brise fraiche, libérée de leur brune coiffure.

John s’arracha de la contemplation de la demoiselle et se lança dans une inspection sommaire de la grange à la recherche d’un trou ou d’une planche branlante qui pourraient tenter Dolly dans une exploration nocturne ou au contraire attirer un coyote affamé à la recherche d’une proie facile. Après avoir bougé une caisse pour bloquer une trouée il se considéra satisfait et suivit son hôte à l’extérieur.

- Am fine, no worries, répondit-il en haussant les épaules à la fois pour rassurer Charlotte sur son état que pour lui signifier son refus de l’abandonner aux corvée même pour se réfugier à la chaleur d’un feu de cheminée.

Surtout que dans la maison l’attendaient quatre mastodontes aux dents pointus armés jusqu’aux dents et probablement prêts à en découdre avec le paysan qui venait de passer autant de temps seul avec leur sœur chérie. Non merci. John venait peut-être de passer près d’un an à parcourir les Etats-Unis d’Amérique mais voilà un danger auquel il ne souhaitait pas se frotter seul. La prudence lui recommanda plutôt de suivre Charlotte dont le manteau glissait sur l’herbe comme une traine jusqu’à la pompe. Et puis ainsi il porterait le sceau ce qui éviterait à la demoiselle de se retrouver trempée en plus de boueuse quand elle s’étalerait de tout son long dans la terre gelée après s’être prit les pieds dans le duster trop grand. John savait parfois être prévoyant.

Mais pas assez visiblement car il ne s’attendit pas à la voir se retourner si brusquement. Lancé dans sa foulée, il la percuta brutalement. Il eut néanmoins le reflexe heureux de sortir les mains qu’il avait enfoncé dans les poche pour les protéger un peu du froid pour rattraper la jeune femme avant qu’elle ne s’envole en direction de sa pompe. Le choc avait été quand même violent et c’était un John confus qui serrait la petite bourgeoise en robe tachée peut-être un peu trop fort, peut-être un peu trop près, avec de grands yeux écarquillés.

- I… er… I’m so sorry miss. I wasn’t looking…

Puis il se souvint des quatre frères qui les observaient à la fenêtre. De leurs couteaux aiguisés comme des dents de cougars et leurs fusil rutilants qui ne demandaient qu’à faire feu. Il éloigna la demoiselle de lui en un geste dont la brusquerie n’avait d’égal que la nervosité et entreprit d’examiner (à une distance respectable) la moindre parcelle de peau visible à la recherche d’un bleu ou d’un œdème dont il était le coupable.

- You alright ? You hurt somewhere ?

Il découvrit avec horreur la tâche sombre qui s’étalait sur le menton de Charlotte avant de se rappeler que ce n’était que de la boue. Enfin il ne pouvait pas rendre la sœur choyée dans cet état aux brigands énervés qui venaient de la voir toute bousculée. Sans réfléchir et dans un geste qu’il avait vu faire et reproduit lui-même des milliers de fois il cracha dans sa manche pour la débarbouiller sommairement. S’il avait été moins agité il se serait peut-être rendu compte de la vulgarité de son geste mais son étourderie empêcha à jamais l’information d’atteindre son cerveau.


John L. MacLachlan
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Lun 22 Fév - 4:44

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
Le manteau était trop grand et trainait par terre. Elle avait bien tenté de le remonter pour qu’au moins elle n’en salisse pas le bas, mais elle devait aussi le tenir autour de ses petites épaules pour qu’il ne tombe pas au complet sur le sol. Aussi, l’odeur enivrante qui lui remplissait les narines lui ordonnait de garder le tissu au plus proche de son visage. Un combat sans fin qu’elle décida de régler en se promettant de donner une pièce pour le lavage du vêtement à son ouvrier. C’était bien la moindre des choses. Elle avait tout de même quelques remords en marchant sur sa terre infertile.

Par chance, la corvée allait lui permettre de remettre un peu d’ordre dans ses pensées. Elle avait rapidement accepté la différence entre le Monsieur Ashwood qui lui avait écrit et celui qui s’était présenté, mais tout cela était tout de même troublant. Loin d’avoir la sagesse des rues, Charlotte avait quelques traces d’observation de la haute. Elle avait jusque là imaginé avec assez de réussite ses partenaires de plume, se trompant souvent à quelques détails près. Mais entre le bonhomme d’un certain âge et un peu sévère du papier et le jeune à la chevelure de feu et au rire éclatant qui allait dans sa maison, il y avait tout un monde. Elle ne voulait toutefois pas qu’il se prenne la jambe dans les planches pourries de son plancher et c’est pourquoi elle s’était retournée.

À sa surprise, John n’était pas sur le perron, mais juste derrière elle. L’impact de leurs corps la fit tomber, la physique jouant en sa défaveur dû à son petit gabarit. Elle voyait au ralenti la pompe en fer se rapprocher de son visage. Elle n’aurait pas le temps de se dégager ou d’amortir le choc. Elle ferma les yeux, se résignant à se prendre la seule chose qui fonctionnait encore sur sa ferme en pleine tête. Pourtant, l’impact ne vient pas. Sa chute fut arrêtée par une paire de bras qui lui serraient la taille et dans un instinct de survie, elle s'accrocha au col de la chemise de son sauveur.

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, son visage n’était qu’à quelques centimètres de celui de John. La surprise de l’homme semblait être égale à la sienne et le regard de Charlotte passa d’un œil à l’autre, son cœur battant encore de sa chute évitée de justesse. Ou bien c’était cette proximité qui aurait valu un bon nombre de commentaires déplaisants à Southampton. Il sembla s’en rendre compte car il l’éloigna avec une telle impétuosité qu’elle crut qu’elle l’avait blessé d’une manière ou d’une autre.

Are you alright? Did I hurt you?

Leurs voix s’emmêlèrent dans un duo d’inquiétude et Charlotte, après un moment de silence, sourit tendrement à l’ingénuité dont il faisait preuve. Avant qu’elle ne puisse le rassurer, il humidifia sa manche et la frotta contre la boue de sa joue. La surprise la fit sursauter avant qu’elle ne se laisse faire. *It is a perfectly normal thing to do, this far in the West,* se répétait-elle, mais l’intimité du geste la mettait un peu mal à l’aise. Parce qu’il lui touchait la joue, parce qu’ils n’avaient pas de chaperons et parce qu’au fond, elle aimait cette tendresse grossière à l’hygiène discutable. Déchirée entre l’envie de ne pas paraître comme la bourgeoise coincée qu’elle était et la gêne, elle poussa légèrement l’avant-bras de John vers le bas, son visage désormais cramoisi.

I’m alright. Thank you Mr Ashwood. What about you?

Elle n’avait cependant plus assez de prestance pour attendre sa réponse et entreprit d’opérer la pompe qui avait failli la tuer. Le dos tourné vers son sauveur, elle caressa son menton de sa main mouillée. Pour le nettoyer, se répétait-elle, et pourtant le geste était plus rêveur que réellement pratique. Elle s’arrêta lorsque le seau fut plein et, prenant la peine de vérifier l’emplacement de John, cette fois-ci, se tourna vers la maison.

It is getting darker, we should head inside.

Commentaire tout à fait inutile, mais dont elle se servait pour garder le peu de contenance qui lui restait. Ils marchèrent vers l’entrée, le seau dans les mains de l’un d’eux (Charlotte ne suivait plus son emplacement). Elle notifia son invité une nouvelle fois des planches à éviter puis ferma la porte derrière eux. Par chance, elle avait eu le temps de mettre de l’ordre au premier étage, et si on oubliait la décrépitude des murs, du sol et du plafond, la demeure de son oncle - sa demeure - avait presque des allures de petit manoir. À gauche, le salon meublé d’une seule causeuse délavée n’attendait qu’un feu dans sa cheminée dépassée pour s'illuminer.

You are free to explore, but the stairs are still unsafe and even I don’t know what is up there.

De son côté, elle se dirigea vers l’arrière de la maison, dans la cuisine, loin si possible de celui qui avait bouleversé son coeur un peu trop souvent dans les quelques minutes qu'ils avaient partagé.
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Lun 22 Fév - 23:29

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John L. MacLachlan & @Charlotte Kingsley
John s'affairait maladroitement pour décrotter le visage de la jeune fille immobilisée de surprise (mais il ne se rendit pas compte de ce détail tout occupé qu'il était par sa tâche). Son nettoyage sommaire n'était pas d'une efficacité détonante surtout qu'il prenait garde de ne pas frotter trop fort pour ne pas abîmer la peau fine du visage de Charlotte, mais il y avait une certaine satisfaction à voir la salissure terreuse perdre de sa noirceur à chaque passage de manche. Il n'avait pas tout à fait fini quand la jeune femme se dégagea avec douceur, aussi resta-t-il les bras ballants, privé de la besogne qui l'occupait assez pour lui faire oublier sa nervosité. Charlotte se détourna de lui pour se pencher la pompe et bien qu'il eut l'impression que le froid du soir était un peu plus mordant que tout à l'heure il fut en parti soulagé de cette distance qui mettait un point final à la gêne causée par leur proximité prématurée.

- Good, marmonna-t-il vaguement quand elle demanda à Monsieur Ashwood comment il allait. Il avait d'ailleurs mis un petit moment à répondre ayant oublié temporairement qui était cet Ashwood a qui elle s'adressait.

John remit un instant les mains dans ses poches, cette fois plus arrêter de sentir ses bras pendre bêtement le long de son corps que pour se protéger de l'air glacé, mais les retira bien vite en voyant la jolie brune se relever empesantie qu'elle était avec son sceau plein d'eau. Il se donna pour mission de le ramener jusqu'à la maison sans en verser une goutte. Voilà une corvée à sa hauteur qui lui occuperait l'esprit ! Il était silencieux comme il avait l'habitude de l'être quand il ne savait pas quoi dire ce qui ne l'empêchait pas d'écouter avec attention chaque parole qui sortait de la bouche rose de son hôte. Cela lui évita, puisqu'il suivait les avisés conseils, de s'empêtrer les pieds dans les planches branlantes du perron et de ponctuer sa route d'une chute infortunée.

Une fois à l'abri du vent derrière la porte close, le paysan encombré rendit son chargement à la demoiselle et regretta qu'elle disparaisse aussi vite dans les profondeurs obscures de la bâtisse. Il n'avait pas oublié les quatre frères, leurs armes meurtrières et leurs intentions sanglantes. Ses yeux bleus décrivirent un arc de cercle autour de lui pour analyser le périmètre et une éventuelle porte de sortie si la fuite devait être envisagée en cas d’attaque de mastodontes.  Pour l’instant l’entrée était calme, une ouverture sur la gauche offrait une vue sur un salon pauvre en meubles mais décoré avec goût, tant se fallait que John su ce qu’était le bon goût (sa mère n’en avait aucun, elle n’avait pas l’argent pour ça), mais surtout vide. Pas de brigands aux fenêtres, pas d’égorgeur caché derrière un rideau, pas de frère sanguinaire. Légèrement rassuré mais toujours sur ses gardes, le jeune homme s’avança dans le salon. Ses yeux ne lui faisaient pas défaut, il n’y avait personne. Pas un bruit, pas une respiration qui aurait pu trahir un intrus dissimulé. Seules les planches craquaient sous ses pas prudents, et plus loin, des sons étouffés provenait de quelque activité à laquelle Charlotte était occupée.

Après l’apaisement venait la circonspection.  Il ne pouvait imaginer que la frêle bourgeoise puisse vivre seule dans la lande hostile. C’était impossible. Tout bonnement impossible. Elle était bien trop gentille, avenante, naïve…  C’est cela qui faisait tout son charme. Elle détonait, certes, au milieu des cruelles, des égoïstes et des pervertie qui peuplaient l’Ouest sauvage. Mais ces femmes là n’avaient pas eu le choix, elles avaient simplement fait le nécessaire pour survivre un autre jour. Charlotte était une femme en sucre sur une terre de sel et de poussière. Le paysan remarqua les trois bûches entreposées près de la cheminée et se dit que cela ne serait pas si stupide qu’il s’occupe du feu pour ramener de la chaleur et de la lumière dans la pièce, et peut-être qu’en s’occupant, la lumière se ferait également dans son esprit.

John s’accroupit devant la dalle. Il était vrai que Charlotte avait un joli accent qu’il avait reconnu comme britannique grâce à aux longues heures passées dans les saloons de toutes les grandes villes du Sud (ça il en avait vu passer des drôles d’oiseaux). Il  remua les cendres avec un bout de bois qui avait échappé au feu pour dégager un peu le foyer. Avait-elle traversé l’océan pour épouser un bon parti Yankee ? Il chercha l’allume feu qu’il trouva sur le linteau et le disposa par-dessus une pyramide de brindilles et de petit bois et dont deux buches formaient la base. Peut-être, mais cela n’expliquait toujours pas ce qu’elle faisait dans cette vieille ferme perdue. Il craqua une allumette qu’il avait sorti de son baluchon posé près de lui et regarda les petites flammes s’élever avec des étincelles. En tout cas il était au moins certain d’une chose, elle ne venait pas du même monde que lui et pourtant elle essayait de s’y conformer sans trop de succès. Il de faisait pas seulement allusion au ranch aussi stérile qu’un taureau émasculé mais surtout à l’aménité de Charlotte qui trahissait des origines sociales ou la vie était douce et facile. Pas que John s’en plaigne d’ailleurs. Le feu semblait bien parti, les flammes léchaient maintenant les bûches et les braises commençaient à rougeoyer.

L’opération allume-feu n’avait pris au fermier que quelques minutes mais il lui semblait que cela faisait des heures que son hôte avait disparue il ne savait où d'ailleurs. Jugeant que l’âtre n’avait plus besoin de son attention pour continuer à vivre, il abandonna chapeau et baluchon devant la cheminée et suivit son ouïe pour retrouver Charlotte dans les tréfonds de sa maison de bois (après tout elle lui avait dit qu’il pouvait explorer, il choisissait d’explorer dans sa direction). Il arriva enfin à l’entrée de la pièce ou elle se trouvait et l’observa quelques secondes dans dans l’encadrement de la porte avant d’annoncer sa présence avec un raclement de gorge.

-Can I help ? demanda-t-il, et une fois n’est pas coutume, il posa une seconde question juste après la première, do you live here alone ?



John L. MacLachlan
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Mar 23 Fév - 7:32

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
Elle avait sans doute été une mauvaise hôte en s’enfuyant dans la cuisine de la sorte. Elle n’avait pourtant pas le courage de lui faire face, trop embarrassée par sa puérilité. Bien sûr que son geste avait seulement été une commodité de l’Ouest. Bien sûr qu’elle en avait exagéré la portée. Et pourtant personne ne l’avait touché de la sorte depuis qu’elle avait passé l’âge vénérable de 7 ans, lorsque sa mère l’avait réprimandée pour être allée jouer sous la pluie. Elle en était revenue pleine de boue, comme elle l’avait été aujourd’hui, et sa mère l’avait essuyée de ses mains aussi. Au grand jamais elle ne les avait mouillées d’un crachat, mais le résultat avait été le même. Elle ne devait pas se surprendre que la population locale utilise une source d’eau plus accessible que celle parfumée qui attendait dans la bassine de sa mère.

Dans tous les cas, Charlotte se sentait idiote de s’être emballée de la sorte. Et encore plus de s’être refroidie alors qu’il n’avait montré jusque-là qu’une politesse charmante. Chassant de son esprit ses pensées de nantie effarouchée, elle se mit en quête d’un souper. Elle n’avait pas à chercher bien loin pour voir tout ce qu’elle possédait. Cinq œufs qu’elle avait acheté le matin même à une voisine, un morceau de pain et une pièce de viande séchée. Elle avait aussi quelques carottes que le palefrenier du cirque lui avait refilé en douce et la confiture que Carolina avait glissé dans son panier la dernière fois qu’elle était allée chez les Watson. Son plan avait été parfait. Manger un peu de pain et la viande séchée ce soir, une tartine de confiture au petit-déjeuner, puis elle s’était arrangée pour aller récupérer des repas tout faits chez celle qui vendait les œufs pour sustenter le travailleur. Mais ce soir, ils étaient deux et elle n’avait aucune idée de comment préparer quoi que ce soit pour nourrir son invité.

Qu’à cela ne tienne, il y avait un livre de cuisine sur l’une des étagères, qu’elle avait gardé là puisqu’il était destiné à Billy, avec amour. Heureuse de son cœur romantique, elle s’en saisit et parcouru les pages après avoir allumé une bougie. Elle sauta toutes les pages qui mentionnaient une viande quelconque ou des légumes autre que les carottes. Évidemment, les recettes étaient fastueuses et son maigre garde manger était bien trop peu fourni pour faire quoique ce soit. Elle se résolu à lire la recette d’une soupe dans laquelle elle ne mettrait ni les pommes de terres, ni les brocolis, ni le lard. Elle se découragea un peu lorsqu’elle se demanda ce qu’elle devait faire lorsqu’ils disaient de « tailler les carottes ». Probablement en couper les tiges… Dès qu’une des chambres de l’étage serait réparée, elle engagerait une cuisinière, foi de Kingsley!

Elle observait le légume avec curiosité, un couteau gauchement tenu dans la main droite, lorsque John se racla la gorge derrière elle. Résolue à ne plus paraître hostile, elle lui fit face avec un large sourire. Sa deuxième question l’effaçât rapidement cependant, et elle préféra l’ignorer pour le moment.

Il était vrai qu’elle n’avait pas signaler sa solitude dans ses lettres. Elle avait peur de paraître comme la proie facile qu’elle était et ne souhaitait pas attirer l’attention de malotrus. C’était aussi l’une des raisons pour lesquelles elle avait choisi Mr Ashwood, qui lui avait été chaudement recommandé. Mais il était si différent, si jeune et si avenant qu’elle en avait été confuse. Elle n’avait aucun mal à lui associer l’écriture ferme et serrée, mais les tournures de phrases semblaient venir d’une autre personne. Ses écrits étaient durs alors qu’elle le devinait tendre, maintenant qu’elle l’avait sous les yeux.

Et pourtant, la question la travaillait. Elle oubliait encore souvent qu’elle n’était plus dans la sphère civilisée de Southampton, où le pire était de se faire verser du vin sur sa robe de soir. Devait-elle mentir et annoncer qu’un mari allait revenir le lendemain? Elle pourrait certainement convaincre Mr Kennedy ou un de ses hommes de jouer le jeu. Il n’était pas dans son habitude de tromper les autres, cependant. Et plus elle prenait de temps pour répondre, plus sa réponse paraîtrait suspicieuse.

« What would you do if I say yes? » demanda-t-elle alors, la voix forte mais le corps tremblant.

Elle était persuadée que cet homme au regard océanique -elle l’avait remarqué lorsqu’ils n’étaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre- ne lui ferait pas de mal. Du moins, elle espérait sincèrement ne pas s’être trompée sur son caractère. Consciente pour la première fois depuis leur rencontre de son désavantage certain, elle cacha l’appréhension qui lui serrait le ventre son un masque inquisiteur. Elle était chez elle, il était l’inconnu. Et si ses charmes l'avaient mise en émoi, elle ne pouvait pas se permettre de le lui montrer tant qu’elle ne connaissait pas ses intentions.

Malgré toutes les recommandations des Watson, du shérif et les histoires d’horreur qu’elle avait entendues, Charlotte n’avait pas peur. Elle avait une confiance aveugle en sa bonne étoile et surtout en la bonté des gens qui l’entouraient. Elle tremblait, mais par crainte de la déception qui viendrait assurément s’il venait à la tromper. Son regard se perdit dans le sien, où la lueur de la flamme dansait et donnait au bleu des allures de miel. S’il avançait, elle ne reculerait pas.

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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) Damsel
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Mar 23 Fév - 14:28

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
John L. MacLachlan & @Charlotte Kingsley
John avait un peu observé Charlotte s'agiter dans ce qu'il avait reconnu comme la cuisine, pas longtemps, quelques secondes. Mais c'est quelques secondes lui avaient suffit pour comprendre que si elle avait la bonté de leur préparer le dîner, elle n'avait aucune espèce d'idée de comment s'y prendre. Décidément même au milieu d'un décor de planches branlantes et de murs plein de trous on ne pouvait pas s'y tromper, la demoiselle s'y trouvait autant à la place qu'une colombe dans un poulailler. Elle noyait son visage dans les pages de ce qui ressemblait a un volumineux livre de cuisine et regardait ses carottes comme s'il s'agissait d'une espèce mystérieuse de légumes prêts à mordre. Dans ses mains pâles le couteau lui semblait aussi utile qu'une fourchette à dessert. Madame Margery en avait un plein tiroir mais il n'avait compris pourquoi elle s'embarrassait de toute cette ferraille. Lui ses desserts, quand il avait la chance dans avoir consistaient en une pomme ou quand il avait de la chance une part de cake dense qu'il attrapait à pleine main avant de le faire disparaitre en une bouchée comme un affamé qui à peur qu'on lui vole sa pitance.

Si la jolie bourgeoise affairée s'était retournée avec le sourire, il était visible que la deuxième question de John l'avait ébranlé de façon évidente même pour le rustre qu'il était. Et si le garçon fermier déplorait cette nouvelle hostilité, il la comprenait. Il était homme après tout et elle femme et seule surtout, à des miles à la ronde. La voilà qui tremblait maintenant comme une feuille dans la brise et le couteau dans sa main chancelante tressautait de manière dangereuse. Pas tant pour le garçon de ferme qui n'avait pas grand chose à craindre d'une arme aussi mal tenue, que pour elle-même. Il s'approcha pour lui délier les doigts gentiment et attraper le manche en bois avant qu'elle ne le lâche et se blesse. Il profita de cette proximité pour répondre à la question âpre de la jeune femme d'une voit si basse qu'on eut dit qu'il lui faisait une confidence :

- Then I'd be worried, commença-il, worried that one day as I pass by your farm your sweet face wouldn't appear to welcome me at your front door but only a cold body half buried in your backyard. You, Miss Charlotte, look to me like a beautiful rose that never had the need to grow thorns.

John n'était pas peu fier de cette dernière formulation qu'il trouvait joliment faite. C'est qu'il lui arrivait d'être poète.

Le couteau fermement placé dans sa paume il se détourna vers les hostiles carottes de Charlotte pour les découper avec maîtrise. Il les jeta ensuite dans le pot remplit d'eau que son hôte avait déjà posée sur l'âtre et répéta les mouvements qu'il avait exécutés plus tôt dans le salon pour y faire renaître une flamme. Le feu prit plus rapidement que tout à l'heure car le campagnard avait retrouvé dans la cendre une ou deux braises encore chaudes, restes sûrement d'un feu allumé dans la journée. Une partie de la viande séchée trouvée dans un placard alla rejoindre le sort des carottes dans la marmite. Cela ne donnerait pas meilleure consistance à la viande qui resterait aussi agréable sous les dents que de mâcher une semelle humide mais cela donnerait certainement meilleur goût au bouillon. Un vieil oignon trainait sur l’étagère et fut envoyé avec le reste après que John l’eut sommairement coupé. Puis il se retourna, l’œil rouge et le nez reniflant, vers la petite cuisinière au chômage.  

- Maybe you have some herbs we could throw in?

L’eau ne bouillait pas tout à fait et la concoction saumâtre du fermier n’était guère appétissante. Mais le campagnard était un habitué des recettes sommaires qui consistaient à jeter dans une marmite ce qu’on avait sous la main et savait qu’il ne suffisait de pas grand-chose pour transformer un mauvais bouillon en soupe qui, à défaut d’être gastronomique pouvait au moins remplir agréablement la panse jusqu’au prochain repas. Et puis il avait trouvé la miche de pain plus tout à fait fraiche dont les morceaux, quand ils seraient imbibés du liquide dans leur estomac gonflerait comme des éponges et finirait de les caler jusqu'au lendemain. John n'avait cependant pas encore touché aux œufs. Il était évident que les réserves de l'isolée bourgeoise étaient maigres et il n'avait pas pour volonté de la dépouiller complètement.




John L. MacLachlan
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Mar 23 Fév - 18:28

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John s’approcha et, comme elle se l’était promis, elle ne recula pas. Il lui délia les doigts et elle se laissa faire, le cœur dans la gorge. Il était si proche qu’elle pouvait de nouveau sentir son odeur, plus propre que le duster qu’elle avait accroché dans l’entrée. De sa voix rauque, elle n'entendit pas les horreurs sous-jacentes, mais seulement son inquiétude touchante. Elle entendit aussi qu’il la comparait à une rose et le rose revint colorer ses joues de porcelaine. Savait-il qu’à l’effleurer de la sorte et à lui sussurer de jolis mots, il faisait battre son coeur si fort qu’elle aurait du mal à croire qu’il ne l’entendait pas? Il devait s’en douter, malgré sa nonchalance apparente. À moins que ce ne soit à nouveau une convenance de sa nouvelle patrie et qu’elle était naïve de se croire particulière aux yeux du vagabond.

Charlotte avait été clouée sur place, cependant, et elle ne bougea qu’à peine pour le laisser vaquer aux occupations qui étaient censées être les siennes. Elle observa sa coupe habile en silence, de peur qu’il ne se déconcentre si elle disait un mot. Elle tenta de prendre note de son allumage de feu, qui lui avait pris une bonne heure de son temps le matin même lorsqu’elle avait voulu se faire un thé. Mais son esprit n’enregistrait plus grand-chose si ce n’était les traits concentrés de John, la valse de ses mains et l’aisance avec laquelle il naviguait dans une cuisine qui n’était pas la sienne. Il y avait de l’envie dans les yeux de Charlotte. Envie d’être aussi apte en cuisine que lui, envie que ce soit ses doigts que John manipule avec tant d’attention. Elle se laissait aller à sa contemplation, s’imaginant quelque avenir serein ou ce genre de scène serait son quotidien. Elle avait un sourire un peu béat lorsqu’il lui demanda des herbes. Comme une poupée à qui on avait remonté le mécanisme, elle se dirigea vers la porte de derrière où était accroché un bouquet de fines herbes et qu’elle tendit au cuisinier.

Sa tâche terminée, elle jeta un coup d'œil à la mixture que John créait de ses maigres provisions. Elle avait été habituée à mieux, mais dans l’intimité du moment, le liquide lui parut comme le plus appétissant du monde. Les herbes donnaient au tout une odeur alléchante et elle se lécha les lèvres.

I have some salt,” dit-elle en pointant le petit bocal de terre cuite. “We could use some eggs, too. Everything only has to last until tomorrow’s lunch.

L’utilisation du nous lui était surprenament naturelle. Pour la première fois depuis son arrivée dans les Heartlands, Charlotte se sentait presque à sa place aux côtés du charpentier. Elle se tourna alors pour partager un sourire complice et remarqua que ses yeux larmoyaient encore. Elle sortit son mouchoir de sa poche, celui sur lequel elle avait brodé ses initiales et quelques fleurs, pour le lui tendre.

Thank you. For your kindness toward Dolly and me. And for the meal, too.

Celle à qui on avait appris à parler de tout et de rien se retrouvait maintenant sans mots. Non pas qu’elle n’en pensait pas, mais elle pesait aussi les conséquences de chacun, consciente qu’une phrase mal interprétée pourrait causer la perte de sa réputation. À court de tournures, elle finit par avouer.

I promise I will do everything in my power to welcome you alive, may you come by again.

Un aveu murmuré sur le même ton des précédentes inquiétudes de John. Elle avait eu des envies de le supplier de repasser, mais s’était retenue de justesse.

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John L. MacLachlan
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Mar 23 Fév - 23:37

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
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John avait eu peur de se retrouver face à une Charlotte en courroucée de voir sa cuisine envahie ou du moins vexée d'avoir été relayée au rôle de simple observatrice mais apparemment il n'en était rien. Elle arborait un sourire apaisé que le garçon fermier lui rendit, le cœur tout soulagé de voir qu'elle ne le craignait plus. En tout cas ses tremblements alarmés avaient disparus et s'il lui trouvait toujours les joues bien roses, il espérait que ce fut à cause d'une autre émotion que la colère. Puis elle se détourna sans un mot vers le fond de la pièce. N'avait-elle pas la démarche un peu chancelante ? Et si le feu sur son visage était dû à une fièvre ? Peut-être avait-elle prit froid là-bas dehors dans l'air glacé avec rien d'autre pour se protéger que son mince châle jeté sur les épaules. John se sentit gougeat de ne pas lui avoir offert son manteau plus tôt et profita qu'elle lui tendait le bouquet pour lui prendre furtivement la main et en évalué la température. Il n'y trouva rien d'alarmant et la lâcha, la remerciant pour les herbes d'un sourire plus grand. De nouveau face à sa marmite il sépara plusieurs brins dont il entreprit de détacher les feuilles et les jeta dans le bouillon avec nonchalance. La cuisine pour lui n'était pas un art mais seulement une tâche comme une autre à accomplir. Il envoya encore une fine poignée de sel après que Charlotte lui ai désigné le pot de terre et remua sa mixture avec une cuiller en bois sortie d'un tiroir. Bien. Maintenant il suffisait de laisser mijoter.

- You sure? Demanda-t-il quand la jeune femme désigna les œufs.

Il en prit deux sur les cinq et les posa sur la table. Ils joindrait le bouillon quand celui-ci serait prêt. Les deux œufs pochés donneraient un peu plus de consistance au plat rudimentaire.

- I'll scramble the others for our breakfast tomorrow then.

Cela lui paraissait comme un excellent plan. Cela ajouté au lait chaud que leur fournirait Dolly demain matin leur assurait un petit déjeuner de roi.

A peine avait-il annoncé le menu qu'il se retrouva accosté par deux mains tendant un mouchoir de lin blanc. Il faillit le refuser, mais la chaleur des yeux rieurs de son commis de cuisine finit de le convaincre d'accepter. Il ne voulait pas la vexer, lil ne voulait pas voir disparaitre cette lueur. Il épongea ses larmes (saleté d'oignon) d'un des coins replié du tissu pour le souiller le moins possible. Il n'osait lui rendre ainsi tout salit mais il ne voulait pas non plus qu'elle pense qu'il essaie de le voler. Il le garda donc à la main, frottant parfois distraitement les bourrelets des broderies sur le tissus du bout du doigt.

John s'adossa à la table qui trônait au milieu de la cuisine et croisa les bras. Il n'y avait plus rien à faire maintenant que d'attendre que le repas soit prêt mais elle empêcha un silence géné de s'installer en reprenant la parole.

- T'is nothing, really, répondit-il sobrement en se grattant la racine des cheveux.

C'était à son tour de s'empourprer maintenant. Il détourna la tête pour masquer sa confusion en se donnant pour excuse de surveiller son bouillon. Il n'aurait pu s'expliquer pourquoi il avait choisi de venir au secours de Dolly pas plus qu'il ne s'expliquait les attentions qu'il avait pour Charlotte. Il en avait envie, voilà tout. Il aimait bien le sourire de la petite bourgeoise. Les rares bourgeoises qu'il avait croisées n'avaient pas le sourire aussi gentil pour les rustre comme lui. Sauf sa Madame Margery mais elle l'avait connu quand il n'était encore qu'un garçonnet au joues rondes et pas le grand gaillard débraillé qu'il était devenu. Et c'est Charlotte qui s'était montrée généreuse la première. Elle le prenait pour un autre, certes(c'était d'ailleurs un sujet que John repoussait mais il faudrait bien l'aborder tôt ou tard), mais il doutait qu'une vache perdue fasse parti du comité qu'elle attendait.

- 'T'is me who should thank you for Dolly.

Rien ne l'a forçait à lui offrir un abri pour la nuit. Ni lui, d' après ce qu'il avait comprit.

La remarque suivante de la demoiselle lui fit retourner la tête vers elle avec un sourire douloureux. Sa promesse était belle et sans aucun doute sincère mais il était clair qu’elle ne lui donnait pas l’impression d’être capable de se défendre si un malheur lui tombait dessus ce qui ne manquerait pas d’arriver si elle s’entêtait à vivre en solitaire dans ce coin hostile. Il doutait qu’il le lui avoue un jour mais repasserait par ces landes tous les jours cela avait suffit à sa sécurité. Premièrement cela lui était physiquement impossible et deuxièmement Charlotte était si candide qu’il doutait qu’un simple passage quotidien puisse la protéger de son tempérament dont le trop plein de gentillesse rendait dangereux pour elle.

D’un geste sûr il sortit un colt rutilant du holster qui ne quittait jamais sa ceinture et le tendit vers la jeune femme en tenant l’arme par le canon.

- You know how to use one of those?


John L. MacLachlan
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Mer 24 Fév - 6:49

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
Des œufs brouillés. Charlotte n’avait pas eu ce genre de délicatesse depuis qu’elle s’était installée dans la ferme. Cela avait toujours été un sujet de douce moquerie de la part de sa famille, mais les oeufs brouillés étaient le plat favori de la jeune femme. “It is at best a poor breakfast,” disait sa soeur. Charlotte lui répondait qu’elle ne savait pas apprécier la vie si elle n’appréciait pas la tendresse du jaune et du blanc à peine cuits. Elle avait essayé une fois de les cuisiner elle-même et avait bien failli faire passer sa maison au feu. C’était donc avec une excitation presque enfantine que son visage s’illumina, oubliant presque tous ses émois de jeune femme de la seconde d’avant.

« Really? Would you teach me how to make them? »

Elle avait bien fait d’embaucher ce Mr Ashwood, décidément. Il ne cessait de la surprendre. Ce n’était pas n’importe qui qui aurait pris la peine de ramener Dolly à bon port. Bon, ce n’était pas le bon port, mais il aurait très bien pu la laisser à la merci des éléments ou pire encore et personne n’en aurait jamais rien su. Il lui avait aussi prêté son manteau (dont elle ne devait pas oublié les frais d’entretien) alors que le froid était encore mordant. Et maintenant, la cuisine, dont il s’était occupé sans porter de jugement sur son incompétence, avec un tel naturel qu’elle aurait pu croire qu’il avait toujours fait partie de sa vie. Déjà, elle inventait de nouvelles tâches pour le garder plus longtemps. S’il n’était pas trop occupé bien sûr, et s’il le désirait. Bien sûr, elle le payerait un supplément pour ces travaux imprévus et elle faisait les calculs dans sa tête quand il la remercia pour Dolly.

« I could not in good conscience let her freeze in the Heartlands. She is lucky that the circus had too much straw, though. »

Chanceuse aussi que le charpentier soit passé dans le coin aussi, et elle s’ajoutait à la liste des fortunées. C’était aussi pour cela qu’elle lui promit qu’elle serait en vie lorsqu’il repasserait. Le sourire qu’il lui offrit fit cependant disparaître le sien. Elle était sans doute allée trop loin et elle retint de justesse une grimace.

Elle chercha une manière de changer de sujet. Les véritables propriétaires de Dolly en semblait un bon. Elle pouvait lui demander des conseils pour la ferme, il avait l’air de bien s’entendre avec les animaux. Ou alors peut-être quelques recettes de cowboy… Non, il n’allait probablement pas vouloir se trouver proche d’elle maintenant qu’elle avait été aussi stupide. Une lecture peut-être, il y avait bien un livre qu’il aimait lire, ne serait-ce que la bible. Ou alors le silence. Voilà, un sourire poli et une fuite gracieuse vers le salon, où elle devait encore se battre contre le feu.

Était-ce un colt?!

Le flux incohérent des pensées de Charlotte s’arrêta avec la délicatesse d’un train sortant des rails. Il y avait bien des choses auxquelles elle s’était habituée dans les deux derniers mois, mais l’omniprésence d’armes n’en était pas une. Il manipulait l’engin avec une habitude évidente et, bien que cela ne soit pas surprenant pour un natif de l’Ouest sauvage, elle ne pouvait pas regarder la crosse qu’il avançait vers elle. Elle avait presque peur de déclencher le mécanisme par la pensée et le fait que la bouche du canon soit dans la direction de John (enfin, elle assumait, elle ne regardait pas vraiment) suffisait à lui donner la chair de poule.

« Unless you want to be shot, Mr Ashwood, I recommend not letting me touch this device. »

Se répétant la phrase qu’elle venait de dire dans sa tête, elle se dit que cela ressemblait un peu trop à une menace. Elle prit une grande inspiration, jeta un bref coup d’œil à l’arme qu’il lui tendait encore avant de se réfugier dans ses yeux bleus.

« Sorry, I do not, in any way, intend to shoot you. I… I have never touched anything like this and if I have to one day, I would much prefer if you were not on the other side of the gun
. »

Elle se mordit la lèvre dans une mimique suppliante dont elle n’avait pas le contrôle. La mode des armes à feu avait à peine commencé à Londres, lorsqu’elle avait fui, et elle avait espéré échapper à ces donneurs de mort. Mais dans le fin fond des États Unis, la loi du plus fort était encore présente et rien n’était plus fort qu’une balle s’échappant d’un canon chromé.

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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) Damsel
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Mer 24 Fév - 20:02

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
John L. MacLachlan & @Charlotte Kingsley
A voir la tête de Charlotte se décomposer et devenir blême il fut évident pour John qu'elle n'avait jamais touché à un revolver de sa vie et il aurait pu même mettre son doigt à couper que s'il remuait la ferme de fond en comble et de la cave au grenier il y trouverait autant d'arme à feu que de membre de la noblesse britannique au First Chance. Elle avait raison de craindre le colt, en tout cas plus de raisons que de craindre une botte de carottes. Mais le paysan ne s'attendait pas vraiment à une réaction aussi démesurée. Il avait voulu la secouer, peut-être, la mettre en face de la réalité de sa situation, pas de la terroriser. Cela le mit en colère, pas contre l'autoproclamée fermière mais contre les insensés qui l'avaient laissée venir se terrer dans ce coin de terre sans la poindre protection. Contre la Providence, peut-être, qui avait mis de telles épreuves dans la vie de la jeune femme qu'elle se sentait plus en sécurité en ces contrées malveillante que dans le confort de son foyer bourgeois. Un peu contre lui-même aussi, contre sa sollicitude trop gauche qui se traduisait en brusquerie rudoyant les jeunes filles.  Il en voulait au monde entier, soudainement, et si son bras tendu n'avait rien perdu de sa droiture et de sa solidité, son regard en revanche s'était fait plus sombre.

Il entendit à peine la menace accidentelle glissée dans la formulation de Charlotte, et même s'il l'avait comprise cela l'aurait fait rire tant elle aurait semblé absurde dans sa bouche de poupée de porcelaine. Mais il n'avait pas envie de rire. Toutefois, quand le triste regard brun réussi à agripper le sien, enfouit dans la noirceur de ses sourcils froncés, il senti fondre son ressentiment. Comment rester fâché devant ce petit bout de femme effrayé. Elle se meurtrissait les lèvres du bout des dents et John se demanda si ce geste n'avait pas pour but de retenir quelques larmes. S'il la faisait pleurer il ne se le pardonnerai jamais. Il soupira.

Il exécuta un mouvement sec du poignet qui ouvrit le barillet dans un claquement métallique et fit tomber les six balles qui s’y trouvaient dans la main qui tenait encore le mouchoir. Il en replia sommairement les coins autour des petits cylindres dorés et enfourna le tout dans sa poche. Il remit le barillet dans son axe du même geste expert et le tendit encore une fois à Charlotte, toujours en le tenant par le canon.

- Take it. Ce n'était plus une demande mais un ordre. Feel its weight in your hand. To you, it means death. Sure. But 'round here it could as well mean your life... If you know how to use it properly.

Dans l'ouest quand on était isolé, le seul moyen de ne pas risquer sa vie en se levant le matin était d'être déjà mort. Betty savait se servir d'une carabine mieux que n'importe quelle autre femme du village et pour être honnête, mieux que beaucoup d’hommes qui peuplaient les maisonnettes éparpillées du petit bourg. Et elle avait mis un fusil entre les mains de John des qu'il avait été en âge de le tenir sans trembler sous son poids. Ses premiers jeux avec les autres gamins de son patelin avaient plus souvent constitué à tirer sur des bûches avec la première pétoire chipée au fond d'un coffre mal gardé qu'à jouer au sheriff et aux Indiens. Puis les garnements étaient passés à la chasse aux oiseaux, activité qui aurait pu paraître cruelle si chaque coup juste n'avait pas été la promesse de garnir son dîner d'un peu de viande aussi maigre que fut la proie. Tirer ne signifiait pas que tuer. Tirer signifiait aussi manger, se défendre, survivre jusqu’au lendemain. L’arme à feu était devenue pour John une prolongation de lui même et il fallait être bien innocent de croire qu'il puisse en être autrement dans cette partie du pays. Une innocence qui aurait pu être charmante si elle ne s'était pas révélée aussi mortelle.

- I'll teach you tomorrow, after I teach you to scramble your eggs.

Il se dérida enfin. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire qui se voulait rassurant, espiègle, presque. Il aurait aimé trouver quelqu’autre geste consolateur pour calmer l’émoi de Charlotte mais peu habitué femmes dont la délicatesse n’avait rien à envier au plus finement travaillé des bibelots de cristal il ne savait pas comment s’y prendre. Il resta donc immobile et droit, le regard plongé dans le sien de peur que le moindre mouvement finisse d’effaroucher tout à fait la petite bourgeoise aux boucles brunes.



John L. MacLachlan
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Mer 24 Fév - 23:03

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
Charlotte était plus courageuse qu’elle n’avait pu l’imaginer. Sa résilience était une force que la douce vie à Southampton ne lui avait pas donné l’occasion d’exploiter, mais ici, elle s’était prouvé qu’elle était capable de faire face à l’inconnu sans perdre son optimisme. Elle savait bien que certains prenaient cette joie de vivre pour de la simplicité d’esprit, mais elle voulait bien être idiote si cela était le prix de l’ouverture d’esprit. Lorsque John avait sortit l’arme, cependant, sa force s’en était trouvée ébranlée. Elle ne doutait pas une seconde qu’il n’allait pas lui faire de mal, la direction même de l’arme appuyait ses conclusions. Pourtant, il y avait quelque chose d’incongru à emmener un colt dans une conversation jusque-là plutôt douce.

Elle sentait l’atmosphère s’alourdir alors que seul le bouillonnement de l’eau se faisait entendre dans la pièce silencieuse. Elle devinait une colère sourde chez son invité. Elle avait appris à en lire les signes avant-coureurs chez son père pour mieux en fuir les conséquences. Mais elle n’était plus une enfant et, en tant qu’hôte, elle ne pouvait pas se permettre de se retirer ailleurs. Alors elle le supplia silencieusement. De ne pas lui faire prendre cette arme, de ne pas exploser, de ne pas briser l’image tendre qu’elle s’était faite de lui. Parce que si elle s’était trompée sur sa personne, elle savait pertinemment qu’elle n’était pas de taille à l’affronter, armée ou non.

Quelque chose changea dans le regard de John quand il lui rendit finalement le sien. Son soupir eut l’effet d’une soupape, diminuant légèrement la pression qui pesait sur les frêles épaules de Charlotte. Il retira les balles de l’arme avec une aisance qui suscitait l’admiration, même aux yeux de la jeune bourgeoise. Ce n’était pas assez pour qu’elle se sente tout à fait à l’aise, mais qui suffisait à lui redonner confiance en John. Au moins, il ne lui demandait pas de tirer sur quoi que ce soit…

Take it.

L’ordre la fit sursauter et elle s’avança vers lui pour se saisir de l’arme vide. Dans son désir de n’appuyer sur aucun mécanisme mortel, elle prit l’arme par le canon aussi, ses doigts agrippant autant le métal froid que la chair chaude de ceux de John. Le contraste entre la mort que représentait la première et la vie qui pulsait dans la seconde la fit frissonner. Elle se demanda s’il devait cette vigueur à son arme, s’il avait un jour dû choisir entre sa vie et celle d’un autre. Elle resserra sa prise autour de la main de John pour ne pas qu’il la laisse porter seule le poids du revolver. Elle allait devoir le faire, il semblait inflexible sur le sujet, mais elle ne voulait pas tout de suite. Son pouce caressa les aspérités de la main de John sans vraiment qu’elle le remarque alors que ses pensées vagabondaient vers les implications de ses déclarations.

Why should anyone have to defend their life by taking another’s…

Question dont elle n’espérait pas de réponse, qui était plus une constatation défaitiste de la vie en ces contrées sauvages. Lentement, elle se saisit juste de l’arme, la retirait à la prise de John pour qu’elle en soit l’unique porteuse. Elle était à la fois plus légère et plus lourde qu’elle avait imaginé. Plus légère parce qu’elle ne pesait pas grand-chose dans ses mains pourtant faible et plus lourde parce qu’avec elle venait une responsabilité qu’elle ne voulait jamais posséder.

Elle releva les yeux lorsqu’il fit mention des œufs brouillés. Encore chamboulée de porter le revolver, elle sourit tout de même à son invité. C’était assez d’émotions fortes pour ce soir. Elle redonna le colt à John, profitant de la manœuvre pour effleurer à nouveau sa peau rude dans un innocent accident.

L’odeur de carottes bouillies fit gargouiller son ventre et elle rougit de ce manque de décorum. Mais il y avait là une excuse toute trouvée pour s’éloigner un peu et prendre le temps de réfléchir à ce qui venait de se passer.

I will start the fire in the living room so we can eat somewhere warm.

La cuisine aurait pu être le lieu du repas, mais la chaleur, provoquée par le fourneau (ou ses propres hormones), y était étouffante plus qu’accueillante. C’était pourtant avec quelque regret qu’elle s’éloigna de John, juste assez pour regarder derrière elle, mais pas trop pour qu’elle puisse se jeter dans ses bras au moindre craquement. Il avait mis dans sa tête des images de monstres sanguinaires armés de colts et de winchesters, qui les observaient par les fenêtres et qui n’attendaient plus qu’elle soit seule pour se jeter sur elle. Son imagination lâchée, elle ne réalisa pas qu’elle agrippait la manche de John, trop occupée à scruter les ténèbres du couloir. Cela lui prendrait bien quelques jours pour oublier ces histoires...

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John L. MacLachlan
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) Damsel
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Jeu 25 Fév - 14:49

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
John L. MacLachlan & @Charlotte Kingsley
Quand Charlotte surtauta c'est le cœur de John qui fit un bond dans sa poitrine. La terrifiait-il à ce point ? Avait-il définitivement revêtu à ses yeux la monstrueuse peau d'un prédateur opressif ? Il n'aimait pas cette idée. Vraiment pas. Elle lui pincait méchamment l'estomac. Il avait l'habitude que les hommes le prenne pour un idiot innoffensif et les femmes pour un naïf etun simple d'esprit et il préférait largement rendre ce genre d'image que pour passer pour un méchant. Surtout pas aux yeux de ce bout de femme pour qui il s'était déjà pris d'affection. Mais ce regard qui lui renvoyait à présent une vision de lui-même qu'il détestait, était-il prêt à le subir si cela pouvait réveiller chez Charlotte l'instinct conservateur qu'il semblait lui manquer pur survivre dans les Landes ? Oui.

Et son ton avait fait mouche. Elle tendait maintenant les mains, obéissant à son injonction pénible. Et elle n'agrippait pas que le canon de l'arme, mais ses mains à lui aussi. Comme si elle essayait d'y puiser la force nécessaire pour porter le poids de ce qui n'était qu'un outil pour John, mais revêtait pour une demoiselle sortant à peine du cocon de la vie facile une responsabilité autrement plus importante. Le garçon fermier ne rejeta pas ce contact. Il remuait en lui des émotions qu'il ne connaissait pas, mais qu'il acceptait sans chercher à les comprendre. Pas pour l'instant. Plus tard peut être. Au contraire, il l'appuya. Il resserra ses doigts autour de ceux de la jeune femme. Son contact voulait peut être lui signifiait qu'elle n'était plus seule, pas ce soir en tout cas. Il était là présent, fait de chair et d'os et elle pouvait chercher du soutien dans sa force de brute aussi longtemps qu'elle le voudrait. Il se laissa caresser. Il aima sentir le toucher de ses doigts délicats sur les siens, durs, habitués aux travaux des champs. Ils formaient une drôle de paire. La douceur bourgeoise et la grossièreté fermière unie dans une étreinte étrange.

"Maybe yer right. Maybe they shouldn't." pensa-t-il en réponse à la triste constatation de Charlotte. Mais il ne dit rien. Ce n'était de toute façon pas une question sur laquelle il avait le luxe de se pencher. Les choses étaient ainsi et c'était tout. John était trop simple pour avoir la prétention de vouloir refaire le monde. Elle se détacha finalement de lui. Il l'a regarda tourner l'arme dans ses mains. La laissa prendre tout son temps.

La mention des œufs lui rendit toutefois le sourire. Un sourire mince mais un sourire quand même. Le plaisir accordé aux choses simples n'avait pas disparu. Il récupéra son arme (ce frôlement était-il volontaire, il espérait que oui) et la rangea à sa place à sa ceinture sans prendre la peine d’y remettre ses balles. Le gargouillement sonore de l’estomac de la jeune femme leur intima de revenir à leur préoccupation première, à savoir le diner. John eut un petit rire. C’est que lui aussi commençait à avoir faim. Il avait marché toute la journée avec rien d’autre qu’un peu de pain et de viande sèche dans le ventre. Charlotte s’éloignait, il reprit la cuiller en bois pour remuer son bouillon, tâter les carottes qui avait prit une consistance délicieusement molle. La soupe était bientôt prête, quelques minutes de cuissons de plus et ils pourraient la servir. Juste le temps de monter la table.

Son sourire s’agrandit dans le dos de Charlotte quand elle parla d’allumer le feu dans le salon. Elle ne pouvait pas savoir qu’il s’en était déjà occupé. Il s’était rapproché d’elle pour la suivre dans le couloir sans rien dire (à quoi bon elle s’en apercevrait en arrivant dans la pièce) mais elle restait immobile, fixant les profondeurs noires du couloir en silence. Son visage, que le campagnard pouvait à présent observer avec curiosité maintenant qu’il s’était placé à son niveau, trahissait une inquiétude évidente. John grimaça. Il l’avait probablement ébranlée plus fort qu’il ne l’avait souhaité. Voilà qu’à présent elle redoutait les ombres de sa propre maison. Il senti une tension sur sa manche et baissa les yeux. Une petite main s’accrochait à sa manche, cherchant du réconfort dans sa présence franche. Au moins ce n’était plus lui l’objet de sa crainte.  Ses doigts maladroits cherchaient les siens, avalèrent sa paume toute entière. Il se rapprocha un peu d’elle.

- Come ! dit-il gentiment, there’s nothing to worry about. Il continua avec une ton laissant volontairement pointer une vantardise badine. You‘re safe with me tonight. And tomorrow I’ll show you to be safe on your own.

Il la précéda dans le couloir en lui tirant doucement sur le bras pour qu’elle le suive.

- Shall we set the table, I am truly famished !

Il avait reprit sa petite comédie de Lord, sortant les jolies tournures de phrase qu’il avait un jour lues dans ses livres.

John L. MacLachlan
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Ven 26 Fév - 0:11
Les doigts de Charlotte serraient la manche de John. Pas trop fort, mais suffisamment pour que le contact du tissu la rassure sur la présence du jeune homme à ses côtés. Cela lui parut alors tout à fait naturel qu’il lui prenne la main, geste qu’elle interpréta comme une attention que l’on donnerait à une enfant terrorisée. Ce qu’elle était, en ce moment-même, face à la nuit qui envahissait ses murs. Ironique, en y pensant, qu’elle devait être celle qu’on rassurait alors qu’elle était maîtresse de la maison. La bravoure de John la fit sourire. Elle n’avait pas de toute qu’il savait se défendre, mais elle espérait tout de même qu’il n’ait pas à le faire. Ni ce soir, ni jamais, osa-t-elle penser alors qu’elle entrelaça leurs doigts.

Enhardie par la poigne du pseudo-charpentier, elle le suivit dans le couloir, puis dans le vestibule où l’éclat des flammes de la cheminée donnait à la peinture écaillée une couleur d’automne.

« When did you have the time to light it? » demanda-t-elle, la surprise effaçant les dernières traces de peur.

Elle n’avait été seule dans la cuisine que quelques minutes… Mais il était vrai qu’il avait déjà montré ses compétences d’allumage dans la cuisine. La lumière apaisante du feu finit de rassurer la jeune fille qui lâcha la main de John pour se diriger vers la salle à manger.

« Could finish the cooking then bring the pot, please? I will set the table. »

Elle avait compté six secondes de marche entre la cuisine et la salle à manger. Elle pourrait le faire en trois en courant. Elle pouvait être seule si la distance était si courte. Elle entreprit d’allumer les bougies du chandelier au centre de la table. Il était rare qu’elle mange ici et les cierges étaient presque neufs. Vu l’unique service qui les attendait, elle ne sortit que deux bols du vaisselier. L’étiquette exigeait qu’ils soient face à face de part et d’autre de la table, mais Charlotte n’avait aucune envie d’être trop loin trop longtemps de son protecteur incongru. Secouant la tête pour chasser ces désirs puérils, elle posa les bols à chaque extrémité. Elle était dans le grand ouest américain, mais elle était tout de même une jeune fille bien éduquée et elle avait suffisamment perdu de prestance pour toute une vie dans la courte soirée. Par contre, si lui décidait de se rapprocher, qui était-elle pour l’en empêcher?

Elle finissait de placer les couverts lorsque John réapparut dans son champ de vision.

« Would you take some wine, Mr Ashwood? »

Elle s’était souvenue qu’elle avait une bouteille dans le garde manger n’attendant qu’une bonne occasion. La nuit était jeune, le repas, bien que simple, embaumait la demeure et la compagnie bien plus charmante qu’elle ne l’aurait cru. De plus, il aurait été dommage qu’elle sorte sa grande vaisselle sans offrir de boisson à son invité. Sans même attendre la réponse, elle sortit deux verres. Elle avait aussi bien besoin de quelque gorgée de liqueur pour chasser la désagréable sensation d’être observée qui la travaillait depuis qu’il l’avait armée, fût-ce pour de brèves secondes.
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Ven 26 Fév - 14:08
La main de Charlotte dans la sienne etait si douce, si menue comparé à tout ce qu'il avait connu. Ce n'était pas la première main qu'il prenait, le valeureux gaillard avait autrefois été un bambin entouré d'attentions. De la part des femmes du village aux mains sèches et râpeuses, de Madame Margery, délicate mais ridée, et Joseph dont les grandes mains noires faisaient complètement disparaître la sienne, de la part de sa mère aussi, bien sûr, la première femme de sa vie, souvent dures elles savaient aussi se faire tendres. Mais les émotions qu'il ressentait maintenant n'avaient rien de comparable à ce qu'il ressentait au contact de ces êtres pourtant chers. Vraiment rien de comparable.

Ils arrivèrent dans le salon que le feu de John commençait tout juste à réchauffer et comme il s'y attendait, son hôte manifesta sa surprise. Il ne répondit rien mais lui adressa son sourire le plus éclatant (il prenait grand soin de se frotter régulièrement les dents avec du charbon ou du savon, quand il avait la chance d'en avoir, comme on le lui avait apprit) tout en sachant qu'il était bien idiot de tirer autant de fierté du compliment sous-jacent à la question de la jeune femme. Car allumer un feu était une bien petite chose, vraiment.

Charlotte le lâcha pour revêtir avec une assurance toute retrouvée son rôle de digne maîtresse de maison. Le fermier obéit à ses directives comme un bon petit soldat et se retira dans la cuisine qu'il venait de quitter pour y remuer sa soupe. Il calcula mentalement le temps de cuisson qui restait (de toute façon en cuisine il ne connaissait rien d'autre que "l'à peu près"). Il goûta le potage du bout de la cuiller en faisant attention de ne pas se brûler la langue. Effectivement, la viande (autrefois séchée mais maintenant ramollie comme une semelle oubliée sous la pluie) donnait une saveur plus grasse au bouillon autrement clair. Il rajouta tout de même une pincée de sel puis jugea qu'il était temps de rajouter les deux oeufs dans le breuvage bouillonnant. Il ne fut pas peu fier de son pochage (c'était quitte ou double ce genre d'entreprise risquée) le tout était d'avoir le geste sûr. Le blanc devenait blanc autour du jaune qui restait rond et brillant, prêt à couler au premier coup de fourchette. Quand il s'estima satisfait il agrippa la poignée de la marmite à l'aide d'un torchon amené dans un tiroir et sorti de la cuisine.

Dans le salon la table était déjà mise avec beaucoup plus de luxe que ce à quoi il avait l'habitude. Dans son monde point de chandelier, on mangeait à la lueur de la cheminée de la grand pièce en bazar qui servait à la fois de cuisine, salon et salle à manger voire en temps de faste, à la lueur d'une bougie solitaire posée sur la grande table. Tout en admirant l'argenterie il posa son fardeau la où il restait de la place puis se dit que Charlotte n'était pas le genre de femme à tolérer qu'une casserole trop chaude brûle le bois de sa table et s'empressa de glisser le tissu qui lui avait servit de manique sous le fer brûlant. Il n'osa jeter un œil vers la propriétaire des lieu de peur de lui voir une expression horrifiée sur le visage devant son manque de soin pour les meubles de sa maison. Avec un peu de chance elle regardait ailleurs et ne l'avait même pas vu.

-Err...  Sure.

Mr. Ashwood était de retour. John se passa la main sur le visage. Soudain ce quiproquo lui apportait une culpabilité nouvelle. Mais il n'arriva pas plus qu'avant à dissiper le malentendu. Pas après l'avoir terrifiée de la plus odieuse façon dans la cuisine. Pourtant il faudrait bien remettre le sujet sur la table. Littéralement. John ne savait pas comment Charlotte tenait son vin mais peut-être l'alcool l'aiderait à accueillir la vérité avec moins de nervosité. Peut-être. Il verrait.

Pendant qu'elle sortait une bouteille du garde-manger il fit trois pas vers la cheminée pour retirer sa lourde ceinture de cuir. S'il y avait bien une chose que Betty ne tolerait pas c'était les armes à table. Les MacLachlan était des pequenauds mais pas des sauvages. Il la jeta à côté du reste de ses affaires sur le sol. Le colt en frappant le plancher fit un grand bruit sourd. Oups. John s'avança enfin jusqu'à son couvert, à l'opposé de la jeune femme. Tira sa chaise. S'assit. Se sentit bête. Étaient-ils censés se faire la discussion en criant d'un bout à l'autre de la table ? Il se releva, prit sa cuiller et son bol dans une main, traîna sa chaise de l'autre et vint se placer plus près de la petite bourgeoise. Se rassis avec un sourire satisfait.

- Hope you don't mind. I ain't used to those big tables, felt quite lonely all the way over there.

Il prit entre ses doigts le verre qu'elle venait de lui servir et le leva dans sa direction.

- To sweet Dolly then! The cleverest cow in the Heartlands!

Et il vida son verre d'une traite. Le goût mit un instant à parvenir à ses papille et il avait déjà presque reposé son verre quand ses yeux s'ecatquillèrent d'une surprise délicieuse.

- That is some fine wine! Eclata-t-il avec bonheur.

Ça oui on était loin de la piquette amère dont il avait l'habitude qu'on engloutissait avant d'en sentir la morsure sur la langue. Il regrettait de ne pas avoir prit le temps de déguster un breuvage aussi délectable. Parlez de confiture qu'on donnerait aux cochons...
John L. MacLachlan
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Ven 26 Fév - 17:15

As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus?
Elle regrettait l’absence de nappe, la couleur délavée du bois, la dureté des chaises, l’absence de rideaux lourds… bref de tout ce qui faisait un repas un dîner digne de ce nom. Quelque chose lui dit que son invité n’en ferait pas cas, mais elle aurait voulu lui offrir l’hospitalité à l’Anglaise, non plus parce que c’était son devoir, mais parce qu’elle voulait le remercier de tous ces petits gestes qui l’avaient sauvée de la pompe, de la faim et de la peur. De l’embarras, aussi, puisqu’il n’était pas soumis aux mêmes règles d’apparat qu’elle. La remarque lui fit un petit pincement au cœur. Ils n’appartenaient pas au même monde, il lui manquait cruellement de compétences pour prétendre appartenir à celui de John et elle doutait qu’il veuille se prêter au jeu du sien pour plus d’une soirée. Elle ne lui en voudrait pas, elle-même en avait fui les mondanités.

Elle n’avait pas porté attention à la pose de la grande casserole. D’habitude, la soupe aurait été versée dans une soupière et la température n'importait alors plus, la porcelaine froide portant le met à une température comestible et sans danger pour le meuble. Elle n’en avait pas, cependant, pour une raison qui lui échappait compte tenu de l’élégance du reste de la vaisselle. Lorsque John s’empressa de mettre la guenille sous le métal chaud, Charlotte eut un sourire attendri. Sourire qu’elle dirigea rapidement ailleurs, sans savoir pourquoi elle était désormais prise de gêne à l’idée d’être surprise avec ce genre d’expression.

Il accepta le vin avec ce que Charlotte interpréta comme de l’hésitation. Peut-être n’aimait-il pas l’alcool… Ou alors préférait-il la bière, qui semblait couler à flot dans les saloons de la ville, ou quelque chose de plus fort comme du whisky. Elle n’avait que du vin, cependant et décida de faire comme si elle n’avait rien remarqué. Le “toc” du colt contre le plancher autrefois dur la fit sursauter de nouveau et la bouteille qu’elle avait maintenant en main se cogna contre l’étagère. Heureusement, aucun dégât n’était à déplorer. Décidément, ses nerfs étaient à vif, ce soir… Elle inspira profondément pour retrouver son calme. Elle prit son temps pour déboucher la bouteille, peu habituée à la manœuvre. Dans sa concentration, elle ne vit pas John rapprocher son couvert avant qu’il ne s’annonce.

“Of course not,” dit-elle avec un sourire qu’elle avait du mal à retenir. “To be honest, I never enjoyed them either.”

Elle avait aussi secrètement espéré qu’il vienne à elle, son éducation l’empêchant de faire ce genre de pas. Les verres versés, il porta un toast et elle ne put s’empêcher de rire.

“And the luckiest of them all,” ajouta-t-elle en levant aussi son verre.

Elle trempa ses lèvres dans le liquide rougeâtre, qui lui piqua la gorge comme à chaque fois. John, quant à lui, descendit le verre d’une traite et les sourcils de Charlotte se levèrent dans une surprise amusée. Au moins, le breuvage semblait être à son goût et elle s’était inquiétée pour rien. Elle s’empressa de re-remplir son verre, un large sourire au visage.

“That is also a potent one. I recommend you to slow down, dear sir. Unless you want to wake up with a terrible headache.”

Elle disait cela, mais elle avait suivi son enthousiasme et son verre se vidait plus vite que jamais. À une vitesse d’apparence raisonnable, cependant. En tout cas, comparé à la descente de son délicieux invité.

“May I ask about you?”

Elle n’osait pas poser de questions trop personnelles, le style direct de ses lettres n’invitait pas beaucoup à la discussion. Mais maintenant qu’il était là, qu’ils avaient partagé pain et vin, elle ne pouvait plus contenir sa curiosité . Elle voulait connaître ses origines, ses passions et ses peurs, ce qui le faisait se lever chaque matin. Et elle se retiendrait correctement et ne poserait pas la question de quel genre de femmes avait ses attentions.

“You have, of course, no obligation to humour me,” ajouta-t-elle pour ne pas paraître trop envahissante. “But I have to say, you have sparked my curiosity. I dearly wish to know you more, Mr Ashwood, if it suits you as well.”

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John L. MacLachlan
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) Damsel
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Ven 26 Fév - 22:43
Le vin était fort, hein ? John eut un sourire amusé à cette remarque. Si Charlotte savait ce qu'il avait l'habitude de s'enfiler dans les saloon elle serait horrifiée. Et si ce n'était pas pour lui ce serait au moins pour l'état de son foie. Il en avait vu défiler des verres. De bière, de whiskey, de rhum et autres liquides douteux, du vin aussi. Plus rarement. Mais juste parce que le vin des saloons était immonde. Si on lui avait servit des bouteilles de la même cuvée que le rouge de Charlotte il en aurait redemandé plus souvent. A une époque se soûler était presque devenu son métiers, quand il écumait les bars à la recherche d'information sur son paternel. C'est qu'il fallait faire parler le badaud et rien ne deliait plus efficacement les langues qu'un verre gracieusement offert par un ouvrier généreux. Il y avait d'ailleurs laissé ses dernières économies. Et presque tous les soirs elles avaient finies dans un caniveau au détour d'une rue, liquide saumâtre qu'il regurgitait, tanguant, appuyé contre un mur pour ne pas s'écrouler la tête la première dans ce rejet douteux. Il n'en était pas particulièrement fier mais pas particulièrement honteux non plus. La vie était ainsi faite.

"May I ask about you?"

Il faillit recracher le liquide pourpre qu'il avait de nouveau porté à ses lèvres, avec plus de retenue cette fois, à l'image de son hôte. Heureusement elle continuait ce qui lui donna le temps de déglutir sans s'etouffer. Il prétendit la confusion avec une facilité d'autant plus affirmée qu'il n'était en fait pas loin de ne pas comprendre son beau verbiage. John avait beau avoir quelques bases en anglais bien tourné, d'aussi loin qu'il se souvienne même la cultivée Madame Margery s'adressait rarement à lui avec des phrases aussi alambiquées.

- If it suits me? Il prit la bouteille pour resservir Charlotte. Quand il était nerveux il avait besoin de s'occuper les mains. It suits me...

Alors on y était. Le moment de vérité. Mais quand il lui avouerai que depuis qu'il était arrivé devant sa barrière, depuis qu'elle lui avait ouvert sa porte, fait don de son hospitalité pour la nuit et de la nourriture pour la soirée, elle l'avait prit pour un autre et il n'avait rien fait pour la détromper. Comment réagirait-elle ? Est-ce qu'elle le jetterai dehors, se mettrait à hurler de terreur, s'effondrerait en larmes ? Il préférait encore qu'elle le mette à la porte.

Il ouvrit la bouche. La referma. Les mots ne voulaient pas sortir. En tout cas pas tournés d'une façon assez jolie pour qu'une jeune fille seule avec un inconnu ne se mette pas immédiatement à frémir d'angoisse. Afin de se donner une contenance, afin surtout de cesser ses mouvement de bouche de saumon idiot qui aurait raté le courant en bondissant et se serait étalé sur la berge, il tendit les mains vers la marmite fumante pour servir Charlotte. Oh tiens ! Il n'avait pas pensé à la louche. Oubli involontaire mais inespéré.

- So... Though..less of me I forgot the ladle! Il se leva avec un raclement de chaise contre le parquet. I'll be right back!

Et il disparu dans le couloir sombre avant qu'elle n'ai le temps de protester.

"There's been a misunderstanding..." Non. "I'm not the man you think I am..." C'était pire. "I have something to tell you promise me not to scream..." Bien si présente comme ça elle ne lui envoyait pas la casserole à la tête c'est qu'elle était sourde.

Malheureusement il n'avait eut aucun mal à trouver la louche. En même temps c'était une ferme, pas le capitole (il n'avait jamais mis les pieds à Washington mais il avait vu un dessin du bâtiment dans un livre une fois et ça lui avait eu l'air immense). Il revint au salon en traînant les pieds. S'arrêta sur le palier de la pièce. Ainsi il serait plus près de la porte quand elle l'enverrait au diable.

- I found the ladle.

Evidemment. Il la tenait devant lui, on pouvait difficilement la rater.

- I dunno who's your Ashwood guy. My name's John MacLachlan.
John L. MacLachlan
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Sam 27 Fév - 3:57
Dans son excitation, elle avait parlé vite. Peut-être trop vite, selon l’expression de John. Le pauvre homme semblait déboussolé, lui rappelant ainsi que par ici, c’était elle qui avait un accent. À moins que l’auteur des lettres ne fasse sa réapparition et qu’il ne voulait finalement pas lui parler de son passé. Elle pouvait comprendre cela, sa curiosité était grande et la retenue de ses interlocuteurs fréquente. Elle lui offrit un sourire poli, un peu déçue de ne pas pouvoir en savoir plus. Il avait dit que cela lui convenait, mais il était clair que ce n’était pas le cas.

Elle allait lui dire de ne pas s’en faire lorsqu’il se leva pour aller chercher une louche, laissant Charlotte seule avec ses bonnes intentions. Avec aussi suffisamment de temps pour imaginer beaucoup de scénarios. Elle sirotait son nouveau verre de vin tout en tentant d’ignorer les ténèbres de ses fenêtres. Trois secondes à la course, se remémora-t-elle. À moins que… non, l’idée était stupide. Mais il avait tout de même demandé si elle était seule, plus tôt dans la journée et son inconfort sur son passé...

Peut-être que Mr Ashwood n’était pas aussi gentil qu’il paraissait. Il y avait les lettres, après tout, qui montrait un caractère froid. Mais si elle était naïve, elle n’était pas inconsciente. Carolina avait une liste de tous ceux qui devaient venir travailler chez elle. S’il devait lui arriver malheur, tout le monde saurait qui était dans sa maison à n’importe quel moment. Mais voilà, Mr Ashwood était arrivé une nuit plus tôt, de quoi commettre un méfait et faire comme s’il n’était arrivé que le lendemain. Elle ne pouvait pas oublier non plus qu’il était armé et qu’il lui avait démontré qu’il savait comment utiliser un colt.

L’idée la fit frissonner. Le vin troublait déjà le fil de ses pensées et transformait la situation en trame de livre de suspense ou pire, de drame. Elle tendit l’oreille pour savoir où en était son invité. Rassurée de l’entendre fouiller un tiroir, elle couru aussi silencieusement que possible vers les affaires de John et les glissa sous la causeuse. Elles n’étaient pas dissimulées, mais cela lui laisserait le temps de s’enfuir s’il cherchait à s’en emparer. Aussi bon tireur qu’il pouvait être, il ne verrait pas dans le noir et elle savait dans quelle direction était le cirque.

Elle l’entendait déjà revenir et se rua sur sa chaise, prenant une posture tout à fait innocente. Elle repris une grande gorgée de vin pour se donner du courage, et qui lui remonta à la tête presque instantanément. Très droite, elle accueillit son invité avec un sourire probablement suspect. Elle sentait la chaleur de l’alcool lui colorer les joues et elle posa son menton dans sa paume, ce qui n’était pas vraiment digne d’une jeune femme, mais elle n’était plus à ça près. Elle hocha la tête, lorsqu’il lui montra la louche. Non, décidément, il y avait quelque chose de suspect dans son comportement et Charlotte fronça les sourcils.

La révélation tomba.

« Oh, thanks goodness! » s’exclama la bourgeoise.

Elle avait tellement diabolisé le pauvre Mr Ashwood dans les dernières minutes que sa première réaction fut le soulagement. Pourtant, cela ne changeait en rien sa vulnérabilité première. Ce John MacLachlan était un inconnu qui avait trahi sa confiance avant même qu’il ne rentre dans sa maison. Elle se racla la gorge, reprit une gorgée de vin et tenta de paraître aussi courageuse qu’elle se sentait, ce qui était beaucoup plus qu’elle ne l’était véritablement.

« What are you going to do to me, Mr MacLachlan? »

Parce que dans sa tête, il allait lui faire des choses et elle voulait être prête pour le pire. Parce que son plan d’évasion n’était plus qu’une idée avortée avant même d’avoir été suffisamment élaborée puisqu’il était dans l’embrasure de l’arche, entre elle et toutes les sorties.

« I can assure you, my life is worth less than it appears. »

Dire les mots n’était pas comme les penser. En suspens dans l’atmosphère, ils rendaient la menace de cet homme si tangible qu’elle en était un peu moins pompette. Elle se leva alors. Elle ne savait pas se battre, mais elle se débattrait s’il souhaitait vraiment s’en prendre à elle.

Malgré tout, une petite part d’elle-même croyait fermement qu’il n’allait pas l’attaquer. Pas après la soirée qu’ils venaient de partager. N’avait-il pas dit qu’il lui apprendrait à tirer le lendemain? Pour cela, il fallait bien qu’elle soit en vie.
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John L. MacLachlan
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) Damsel
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Sam 27 Fév - 16:25
La Charlotte que John vient de retrouver dans le salon à quelque chose de change, différent de la Charlotte qu'il a quitté pas même une minute plus tôt. Elle est plus... Rosée. Plus relâchée. Le jeune homme n'est pas étranger à cette lueur voilée dans ces grands yeux qui le fixent. Il remarque le verre, bien plus vide que quand il est parti à la cuisine. La demoiselle a une sacrée descente pour quelqu'un de son gabarit.

« Oh, thanks goodness! »

Cette fois ce fut au tour de John de froncer les sourcils. Il s’était attendu à beaucoup de réaction, avait monté tout un tas de scénarios dans sa tête mais le soulagement manifesté par cette exclamation ne faisait parti d’aucun. Perplexe, il resta planté à la porte avec sa louche dans les mains. Et la voilà qui reprenait du vin, aussi calme d’apparence que s’il lui avait annoncé que quand venait le soir la nuit tombait. La moue du fermier se fit quand même un peu inquiète. Il se dit qu’à ce rythme elle finirait sa soirée la tête dans une bassine. Pas que cela le rebutait personnellement, il y avait pire individu à qui tenir les cheveux en plein malaise, mais si lui était un grand habitué des cuites et il doutait que l’estomac de la jeune femme soit prête à en tolérer leurs conséquences quand le jour serait revenu. Mais il n’eut pas le loisir de la mettre en garde. Quand les mots qui suivirent de Charlotte parvint à ses oreilles, il eut un mouvement de recul.

- What I’m going to do to you ? I ain’t going to do anything to you ! protesta-t-il avec véhémence. I was never!

Etait-ce son égo, sa fierté, son intégrité qui se trouvaient blessées par ces allusions odieuses ? Ou les trois en même temps. Il passa sa main libre dans ses dans un geste qui traduisait une certaine vexation.

- If I acted anyway that let you think otherwise…

Mais il abandonna ses protestations offensées. Ne venait-il pas tout juste de lui faire la leçon sur son manque de vigilance devant les inconnus ? Et maintenant qu’elle faisait enfin preuve de méfiance devant lui, qui venait de lui confesser qu’il était bel et bien un inconnu, il n’allait pas jouer les damoiseaux blessés. Cela aurait été très hypocrite de sa part. Elle se leva, le toisant de sa hauteur qui n’était en fait, pas bien haute, prête à en découdre. Geste à la prestance tout à fait inutile car ils savaient tout deux que la jolie bourgeoise n’avait aucune chance face au vagabond qui se tenait devant elle. John ne fut pas moins impressionné de son courage.

- I tell you what I’m gonna do. I’m gonna let you eat me broth and eat some bread so you put something in your stomach to drown all that wine.

Il s’approcha d’elle a pas prudent, pour ne pas l’effaroucher, presque de la même façon qu’il avait approché la pauvre Dolly paniquée dans la lande. L’homme était, après tout, aussi un animal. Non pas que le fermier ait réfléchit à tout ça, ses actions étaient purement instinctives. Il prit bien garde de contourner la cheminée près de laquelle il avait abandonné son colt. Il n’y jeta même pas un regard pour ne pas qu’elle s’imagine qu’il montait quelque plan pour le récupérer. Il s’arrêta à une distance respectable, en plaçant la table entre eu afin que, il l’espérait, cet obstacle supplémentaire la rassure. De plus elle avait maintenant la voie complètement libre si elle voulait s’enfuir de la pièce. Il lui tendit la louche (si elle ne la prenait pas, tant pis il la poserait sur la table). Quand il reprit la parole il affichait un sourire teinté de tristesse.

- I can leave if you want.

Il avait espéré une bonne nuit à la chaleur d’un feu de cheminé, mais il lui restait toujours l’option de revenir en douce dans la grange par le trou qu’il avait bloqué avec la caisse (trop lourde pour un coyote mais pas assez pour être poussée par un homme). Il pourrait s’allonger contre Dolly et profiter de sa chaleur pour lutter contre l’air glacial de la nuit et ce serait toujours mieux que de dormir à la belle étoile. Il partirait bien avant l’aube et Charlotte de saurait jamais qu’il aurait passé la nuit aussi près d’elle.
John L. MacLachlan
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Sam 27 Fév - 17:34
*Stupid girl, why are you so relieved?* Cela lui prit un effort incommensurable pour ne pas grimacer à sa propre remarque. L’hébètement de John confirma que ce n’était pas vraiment la réaction à avoir dans ce genre de situation. Une gorgée de vin, une autre question beaucoup plus adaptée et les voilà à nouveau dans une ambiance correspondante à la déclaration.

Il n’allait rien lui faire, donc. Elle s’en doutait, bien fière de son instinct. Finalement, toutes ses observations avaient un sens. La gentillesse dont il avait fait preuve, la douceur mal maîtrisée qu’il lui avait montré... il était impossible que ce soit l’auteur des lettres qui ait fait tous ces gestes. La colère qu’il exprimait à l’instant était pourtant inquiétante. Elle n’aimait pas les conflits, faisait tout pour les éviter, mais le vin effaçait ses traits doux pour lui donner la férocité d’un bébé lion. Elle s’était levée mais ne disait rien, se contentant de toiser son invité avec toute la sévérité dont elle était capable. Peut-être avait-elle réussi vu que la colère de John retomba comme elle était venue.

Elle se resservit un verre, le troisième déjà, mais ne remplit pas celui de John. Il lui avait crié dessus, il allait devoir se servir lui-même. Bien sûr, il la réprimanda.

« I am not a child, Mr MacLachlan. »

Elle fut étonnée de comprendre à quel point l’idée qu’il la voit comme une enfant la travaillait. Elle se persuada que ce n’était qu’un souvenir de sa vie à Southampton, là où elle n’était que ‘la petite Kingsley’ aux yeux du monde. Mais elle ne souhaitait pas que le monde entier la voit comme une femme ce soir. Seule son opinion à lui comptait, celui qui avait pris le nom d’un autre pour s’immiscer dans l’intimité de sa demeure.

Elle se raidit lorsqu’il approcha, mais il ne tenta pas de la toucher. Mieux encore, il lui libérait le passage. Elle hésita à prendre l’opportunité. Courir dans les landes dans le noir, entre coyotes et brigands, ou rester ici avec un homme qui n’avait fait montre que de bonnes intentions malgré son mensonge premier. Elle ne prit pas la louche, simplement parce qu’elle ne la voyait pas. Son esprit embrumé n’avait de la place que pour un fil de pensées.

« I can leave if you want... »


« No! »

Comme réveillée en sursaut, elle marcha vers John pour lui prendre les poignets. ‘Please don’t leave me alone now that you have put monsters in my backyard,’ pensa-t-elle, mais elle se retint de justesse, préférant s’assurer d’un coup d’œil qu’il n’y avait toujours rien qui les observait par la fenêtre. Elle lâcha John, consciente que son geste était envahissant.

« I promised you a room for the night, I am not one to break my words. And you cooked. I cannot let you go without eating your own soup. »

Parlant d’honnêteté, il y avait quelque chose qu’elle ne lui avait pas encore avoué.

« I said room, but I can only offer this couch and a cover. I hope it is enough... »

Il allait être fâché, qu’elle ait menti de la sorte… mais il l’avait fait en premier. Son visage passa de l’embarras à la colère, puis finalement à l’inquiétude.

« Are you still going to show me how to make scrambled eggs? »
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) Damsel
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Sam 27 Fév - 22:41
La demoiselle calme et douce comme une soirée d’été se faisait orageuse. Ses yeux noircissaient comme un ciel qui se remplit de nuages avant la tempête. L’air autour d’elle était électrique. John l’avait trouvée mignonne, maintenant il la trouvait belle.

- I never thought you were…

La fin de sa phrase mourut sur ses lèvres alors qu’il prenait conscience de l’implication d’une telle déclaration. Mais c’était vrai. De l’enfant elle avait la pureté, peut-être, mais simplement parce qu’un enfant n’a rien vécu encore. Et Charlotte avait vécu privilégiée, elle sortait tout juste de son cocon. Là s’arrêtait la comparaison. Pour le reste, non elle n’était certainement pas une petite fille. Il rougit parce que cette déclaration faisait s’égarer dans des recoins de sa tête des pensées un peut trop intimes et hors de propos dans l’atmosphère ambiant. Et pour éviter de laisser couler son regard dans des endroits qu’il ne possédait pas mais qui lui venait à la tête quand une demoiselle lui lançait effrontément qu’elle voulait être vue comme une femme, il se concentra sur sa louche en étain et entreprit de la poser lentement, très lentement sur la table, en ne la quittant jamais des yeux. Enfin il n’essaya même pas d’argumenter, et il espérait qu’il n’eut rien a lui prouver car il ne voyait pas bien comment s’y prendre sans rompre sa promesse de ne pas la toucher. Cinq minutes plus tôt envisager une telle bravade de la part de la jeune femme ne lui serait jamais venu à l’esprit, mais maintenant il n’était plus très sûr.

Son cri désespéré le fit sursauter. Le contact de ses mains sur ses poignets fit s’emballer son cœur. Il voulu lui attraper les mains à son tour mais elle s’était déjà retirée. Cette liaison avait été si furtive que le garçon fermier se demandait s’il ne l’avait pas imaginée. Il pencha la tête en souriant, heureux qu’elle ne l’ai pas jeté dehors a coup de pieds au derrière, heureux qu’elle continue à lui parler.

- You promised me nothing. You promised them to Mr. Ashwood.

Ce qu’il essayait de dire c’était qu’elle ne lui devait rien, au contraire, c’est lui qui lui devait beaucoup.

- I didn’t expect that much. I’d have been perfectly fine laying on the floor by the fireplace.

Sans vouloir se plaindre, un bout de plancher et un toit était un sacré luxe par rapport à ce a quoi il avait souvent l’habitude.

Il se sentait apaisé maintenant. Plus calme. Il avait dissipé le malentendu, de façon maladroite, certes, mais il l’avait fait quand même. Il n’avait pas été mis dehors, il aurait quand même le droit de manger et aurait même le confort d’un canapé pour la nuit. Considérant qu’il venait de se préparer mentalement à passer la nuit collé à une vache pour ne pas mourir de froid, il avait vraiment une sacré chance.

La dernière remarque de Charlotte acheva de lui rendre sa jovialité. Il ne put s’empêcher d’éclater d’un rire clair et bruyant. Cette question voulait-elle dire qu’elle lui pardonnait ?

- Of course I’ll teach you anything you want ! Il croisa les bras et la regarda avec un sourire en coin dans ce qu’il voulait être une tentative d’humour. If you promise not to stay mad for to long… Il se ravisa, devint sérieux, leva les paumes. I mean, you have all right to be mad. Il ne s’agissait pas de la vexer alors qu’ils commençaient à peine à se rabibocher. I’m sorry for not telling you the truth. When I arrived I was hungry and cold and I figured it wouldn’t hurt that I’d be an Ashwood for a while if it meant to eat a little food. It wouldn’t hurt, I’d be gone in the mornin’ and you’d never hear of me again. Il haussa les épaules. But I like you and I felt bad. It didn’t feel that good to keep lying. And I don’t like you calling me Ashwood anymore. I’d rather you be calling me by my name… I’m John. That’s the name my mother gave me, rest her soul.

Rares étaient les personnes qui pouvaient se vanter de l’avoir vu sortir autant de phrases à la suite d’un coup (et deux d’entre elles étaient mortes ce qui raréfiait encore plus la liste des témoins). C’était peut-être le soulagement, sa légèreté retrouvée par la révélation de la vérité, c’était peut-être à mettre sur le compte du vin encore, ou bien la fière Charlotte qui lui donnait envie de se montrer loquace. Ou bien sûrement un peu de tout à la fois.
John L. MacLachlan
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