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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
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BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
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RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte)
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Dim 28 Fév - 0:51
Peut-être avait-elle vraiment besoin de manger, finalement. Le vin affectait tellement ses sens qu’elle voyait le rouge monter aux joues de John, ce qui en retour la fit rougir aussi. Elle mit la chamade de son coeur sur le compte de l’alcool, car il était bien connu que le breuvage donnait des palpitations et créait un élevage de papillons dans l’estomac. Elle l’observa un peu trop longtemps, ses yeux détaillant ses traits avec une avidité nouvelle qu’elle s’efforça de cacher sous un effarouchement justifié.

Mais son animosité ne dura que jusqu’à ce qu’il propose de quitter les lieux. Elle s’était donc retrouvée devant lui (avait-elle couru ou marché?), suffisamment proche pour le toucher en levant à peine le bras. Elle tenta d’oublier qu’elle l’avait déjà fait. Elle avait voulu répondre à ses paroles, lui dire que Mr Ashwood et ses mots durs pouvaient très bien aller se faire voir à la ferme à côté, pour ce qu’elle en pensait à cet instant précis, mais l’idée que John s’en aille sans lui faire ou lui apprendre à faire ses oeufs avait eu préséance dans son esprit simplifié.

Le rire de John finit de détendre l’atmosphère et les épaules de Charlotte se relâchèrent avant même qu’elle ne sache qu’elles étaient crispées. Elle ne pouvait définitivement pas rester fâchée, ses propres lèvres s'étiraient déjà dans un sourire attendri. Il avait un beau rire, de ceux qu’elle ne se lasserait sans doute jamais d’entendre et qu’elle ferait tout pour déclencher.

“If you promise not to stay mad for too long…”

Elle prit une mine faussement fâchée à la phrase, s’apprêtait même à le réprimander gentiment, mais il continua et elle l’écouta sérieusement, retenant toute intervention pour quand il aurait fini de se confier. Ses paroles déclenchèrent une marée d’émotions qu’elle eut du mal à catégoriser. De l’inquiétude lorsqu’il lui dit avoir faim et froid. De l’angoisse, presque, lorsqu’elle comprit qu’il préférait mentir plutôt que d’avouer sa situation. De la peur lorsqu’il dit qu’elle ne l’aurait plus revu. Une sensation de vertige lorsqu’il avoua l’apprécier… Charlotte n’avait jamais eu la colère longue, mais dans le cas présent, elle s’était évaporée comme neige au soleil.

“I can guarantee you would prefer to be a MacLachlan than an Ashwood if I am right about him. I’m sorry you felt the need to take his name to find warmth and food.”

Elle tenta de se souvenir s’il avait dit à un moment qu’il s’appelait bel et bien Ashwood… Non, elle avait juste assumé et il ne l’avait simplement pas corrigée. Après son discours, elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Elle ne savait même pas si elle lui aurait ouvert sa porte si elle ne croyait pas qu’il était son employé, mais elle voulu espérer que oui.

“I offered the room to the man in front of my house, who came with a lost cow without hoping for anything in return. You are a good man, Mr…” elle se retint de justesse d’utiliser son patronyme, “John. I am glad you found me.”

Cette fois-ci, elle prit la main de John avec assurance, dans un geste qu’elle voulait rassurant et qu’elle espérait qu’il interpréterait comme amical. Elle le guida vers la place qu’il s’était choisi, préférant ignorer la chaleur qui irradiait sa poitrine. Elle ne le lâcha que pour se servir de la louche et verser une part généreuse de bouillon dans le bol de John.

“Now, if you ever get lost in this part of the world again, I dearly hope you will stop by. I promise you will never ever sleep on the floor under this roof. With a little chance, you will even have a bed, the next time.”

Il devait y avoir une prochaine fois, elle en avait décidé ainsi. Et s’il osait ne pas se pointer trop longtemps, elle écumerait les saloons et les fermes de tout Imogen pour le ramener.

“Now that we are friends,” continua-t-elle après avoir rempli le verre de John, “I guess it is time to properly introduce myself. My name is Charlotte Kingsley.” Elle lui tendit la main, plus pour avoir une excuse de le toucher à nouveau que par véritable politesse. “I would understand if you wish to keep your story a secret, but I truly wish to know more about you. You already were a mystery, but now, I am more than intrigued.”

Elle reprit une gorgée de vin, avec plus de retenue, maintenant. Elle souhaitait savourer la boisson comme la soirée.
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John L. MacLachlan
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) - Page 2 Damsel
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Dim 28 Fév - 7:42
Elle l'écouta. Semblant un peu fâchée au début. Mais elle l'écouta jusqu'au bout, les yeux sombres dans lesquels les siens étaient fixés passant par tout un tas d'émotions que John n'avait pas le temps de décrypter tout concentré qu'il était sur son discours.

Il se demanda quand même rapidement qui était cet Ashwood a qui elle avait cru parler pendant si longtemps pour être finalement soulagée d'apprendre que l'homme qui se trouvait était tout autre. Quelqu'un d'anthipathique on aurait cru, et quelqu'un qu'elle n'avait jamais vu évidemment. L'idée d'un correspondant ne lui vint pas à l'esprit. Il connaissait bien évidemment ce moyen de communication qui consistait à s'envoyer des bouts de papiers noircis enfermés dans d'autres bouts de papiers pliés en quatre mais du fait de ses origines il l'utilisait si rarement (ceux qui savaient lire et écrire dans son village devaient se compter sur les doigts d'une main) que l'évidence ne se fait jamais dans sa tête. Et de toute façon Charlotte continuait déjà et il était trop absorbé par ses paroles pour continuer à réfléchir. Elle se sentait désolée pour lui. Était-ce de la pitié ? John pinça les lèvres et baissa la tête pour réprimé un sourire qu'il ne savait encore s'il était ironique ou douloureux. Il était désolé de lui avoir menti à elle, mais il se serait agit de quelqu'un d'autre il n'aurait eu aucun scrupule. La froid et la faim étaient des compagnes plus fidèles que la plus dévouée des épaules pour les gens du coin et son petit mensonge par omission, s'il n'avait pas été déchiré au point de tout avouer à Charlotte n'aurait fait de mal à personne. Comme il l'avait dit à Dolly, il se considérait comme un des gentils. Ce n'était parce que ces propos avaient êtes adresses à une vache qu'ils n'en étaient pas moins vrais.

Les mots qui suivirent étaient si doux d'une bonté retrouvée qu'il en oublia complètement le petit caprice de son ego et quand il releva la tête ses lèvres étirées avaient retrouvé une plissure tendre. "You are a good man" amusant comment il se le répétait souvent mais que ce fait ne paraissait pleinement crédible que lorsqu'il était prononcé par une autre. Entendre son prénom dans sa bouche lui plu, c'était bien mieux que d'avoir à répondre au nom du déjà oublié Ashwood, et les mots qui suivirent plus encore. "And I'm glad I found you, Charlotte" et si les mots ne franchissaient pas ses lèvres, sa fièvre d'éloquence était passée, il en exprima toute la portée par le regard qu'il porta alors à son hôte. Elle était un alien de gentillesse et de pardon sur une terre où les passions étaient dirigées par le désespoir ou la vangeance. Des filles comme ça il n'y avait pas deux à des centaines de miles à la ronde, il en aurait mit sa main à couper. Et avait eu la chance de tombér dessus. A cause d'une vache perdue dépourvue de tout sens de l'orientation.

Il se laissa guider jusqu'à sa place. Il l'aurait suivit jusqu'au Mexique si elle l'y amenait ai su par la main. Il était content qu'elle considère que c'était toujours sa place. Il s'était demandé s'il allait devoir aller manger dans la cuisine, ou pire, tout au bout de la trop grande table. Il la regarda les servir la tête posé dans une main puis éclata de nouveau de son rire joyeux.

- I mean if I get my own bed I'll be back for sure!

Ces bêtes étaient presque aussi rares que les gentilles filles.

- Delighted to meet you Miss Charlotte, dit-il en portant la main tendue à sa bouche et en la frôlant de ses lèvres comme le demandait la bienséance. Il était content de pouvoir mettre ces leçons en pratique car il n'en avait jamais eu grand usage ces dernières années.

Il la regarda boire et reprit à son tour une bonne gorgée de vin (c'est vrai qu'il était sacrément bon). Il attendait qu'elle goûte à son plat avant d'y plonger la cuiller lui même.

- Ah, there's no more secret about me. But there's not much more to say either. I'm just a poor farmer frome Missouri. Left when my mother die to hope to find my father. Found him a couple weeks ago. I was around here looking for a job cause I heard some farm is looking for workers. I got lost, then I found Dolly. Then Dolly found you! There's not much more to the story.

John haussa les épaules. La vie d'un fermier était rarement pleine de drame et de passion. Il croisa les doigts et regarda Charlotte d'un air faussement suspicieux.

- You on the other other hand are an odd bird. What a sweet British lady is doing in this sad part of the country?
John L. MacLachlan
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Dim 28 Fév - 18:17
Elle ne s’était pas attendu à ce qu’il baise sa main. Jusque-là, elle pensait que les Américains ne faisaient que se serrer la main. Vu le déroulement de la soirée, elle ne fut pas vraiment surprise de cette attention mais laissa tout de même sa main dans la sienne un peu plus longtemps que nécessaire.

Une fois qu’ils furent tous les deux servis en soupe et en vin, elle s’assit et prit une gorgée de bouillon. Il était simple, mais les herbes et le sel lui donnait un goût agréable. Et puis la chaleur du plat était bienvenue, après un jour et demi à ne manger que des tartines.

« This is amazingly tasteful, considering how small the ingredients’ list is. You are a cooking genius! »

Elle exagérait peut-être, mais ce repas était tellement mieux que ce qu’elle aurait pu faire qu’elle y croyait vraiment.

Charlotte écouta l’histoire de John avec intérêt. Elle nota que son père n’était pas aux côtés de sa mère lorsqu’elle avait rendu l’âme. Était-il courant que les couples américains se séparent de la sorte? L’éducation qu’elle avait reçue lui intimait que les liens du mariage étaient sacrés et qu’il fallait ardemment travailler pour les maintenir. Elle préféra éviter de poser la question, de peur de rouvrir quelque ancienne blessure.

« I am sorry for your loss. »

Elle ne savait jamais quoi dire aux personnes endeuillées, et elle ne savait pas ce qu’elle voulait entendre pour son propre deuil, alors elle s’arrêta là. Par contre, elle pouvait probablement remédier à son problème plus immédiat.

« If you still need a job, I could really use a hand to restore this old lady, » dit-elle en désignant les murs de la main. « Or there is Mr Kennedy’s circus which might have some opportunities. »

Elle ne doutait pas non plus que n’importe quelle ferme alentour aurait quelques menus travaux à lui faire faire pour quelques pièces.

Puis il demanda à connaître son histoire.

« My story is not much either. I was corresponding with my uncle from England since I was eight. He recently passed away and I inherited the farm. The call to adventure was too strong to ignore. »

Charlotte était mauvaise menteuse et elle eut un rire nerveux qu’elle s’empressa d’étouffer à grand coup de vin. Elle n’avait expliqué la raison de sa venue aux pays des Yankees qu’aux Watson. Bien qu’elle souhaitait être honnête avec John, elle avait peur qu’il ne la voit différemment s’il savait qu’elle avait fuit ses propres noces. Elle avait aussi un peu peur qu’il ne lâche l’information sans y penser et par la même ruine sa réputation. Elle avait échappé à un mariage, mais elle espérait tout de même se faire passer la bague au doigt un jour, avec quelqu’un de son choix.

« Also, I hardly find the country sad. I have seen so many beautiful landscapes. And the stars are just breathtaking. You cannot see them as much in Southampton. The people, too, are interesting. »

Elle se retint de le complimenter trop ouvertement, espérant que son sourire entendu soit suffisant pour qu’il comprenne qu’elle parlait bien de lui. Elle reprit son verre de vin en main, et cette fois-ci, le fini avec appétit, si l’on pouvait dire ainsi pour une boisson.

La tête lui tournait, maintenant, et son sourire se fit plus lâche. Elle avait chaud et elle se départit de son châle. Maintenant faussement à son aise, elle lança un long regard à John, un air enjoué collé au visage.

« Do you know how to dance, Mr John? »

Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas participé à un bal ou tout autre événement dansant. Comme elle ne buvait en général que lors de ces occasions, elle avait associé le vin et la danse. Il lui semblait tout à fait normal de demander à son invité de l’accompagner dans sa lubie.
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John L. MacLachlan
John L. MacLachlan
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) - Page 2 Damsel
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Dim 28 Fév - 23:53
La salle était tombée un moment silencieuse pendant que les deux jeune gens, le fermier-vagabond et la fermière-nanti, mangeaient le même plat dans le salon. Seul le bruit du bois craquant sous les flammes dans la cheminé et le raclement des assiettes venaient perturber la paix qui s’était installée dans ce coin de campagne. Charlotte le complimenta à grand renfort d’hyperboles, John sourit. Cela le renvoya au temps ou Betty aussi, dans un décor aussi simple, ventait ses prouesses culinaires (pas avec la même richesse de vocabulaire cependant). Et même s’il se doutait que ces félicitations étaient poussées par la cagnardise de se mettre aux fourneaux, elles ne le touchaient pas moins. Ses compétences en cuisine n’étaient pourtant pas très vaste, il avait juste apprit, a force de jeter des ingrédients au hasard dans une marmite, quelles saveurs ne se mariaient pas trop mal.  Cela le poussait à recommencer le lendemain, juste pour entrapercevoir encore la lueur de plaisir dans les yeux de sa mère et recevoir une de ses caresses qui lui ébouriffait les cheveux.  Ce soir aussi les louanges lui allaient droit au cœur.

La cuiller tinta au fond de son bol, bruit clair étouffé par le gruau, quand il la lâcha au fond de son assiette.

- It’s fine, she died as she lived. With a fight.

Dans sa campagne la mort faisait trop souvent partie de la vie. Et bien qu’il eut tout donné juste pour la garder un jour de plus à ces côté, au moins était-elle devenue une légende dans son coin de pays dont on avait entendu parler jusqu'à Jefferson City.

Il regarda autour de lui en avalant une nouvelle cuillerée de soupe alors qu’elle lui désignait les planches branlantes qui lui servaient de maison d’un geste ample de la main. Il avait déjà remarqué que les murs étaient une invitation aux courants d’airs mais, se dit il en évaluant déjà mentalement le travail à accomplir, rien en quoi un (grand) coup d’huile de coude ne pourrait remédier. Et puis entre la décoration simple mais raffinée de Charlotte et la douce chaleur qui parvenait de la cheminé, il semblait à John qu’il pouvait parfaitement envisager le foyer que la jeune femme essayait de créer et il suffisait d’un bon travail de calfeutrage pour parfaire cette vision. Rien qui ne lui semblait au-dessus de ses cordes. Et puis il lui faudrait des bêtes et des semailles si elle voulait faire de ce lieu une ferme qui en méritait le nom, et en ça aussi il s’y connaissait. Surtout les bêtes. Il avait un talent à ce qu’il paraît.

Mais il était attendu ailleurs. Et même qu’il y était attendu aujourd'hui, ce soir, il y a deux heures. John allait ouvrir la bouche pour lui partager la triste nouvelle mais elle lui racontait d’où elle venait. Il préféra l’écouter. Il reposa même sa cuiller dans un bol déjà bien vidé pour lui montrer qu’elle avait toute son attention. Il remarqua a quel point ses joues étaient roses alors qu’elle parlait, à quel point ses yeux était brillants. Ses cheveux volaient autour de son visage comme des flammèches couleur nuit qu’elle ne prenait plus la peine de replacer derrière ses oreilles. Il lui trouvait l’air un peu fou. Il pouvait presque entr’apercevoir l’aventurière cachée sous tous ces jupons de bourgeoisie. Elle pouffa, sa petite menteuse. Mais il l’avait trompé le premier. Alors si à charge de revanche elle cherchait à se dissimuler, il l’acceptait. Elle se resservit du vin. Elle l’avalait plus vite qu’elle ne buvait sa soupe. Il prit à son tour la bouteille pour se resservir et songea à la reposer hors de sa portée, l’air de rien, pour l’encourager à mesurer son excès, mais il se ravisa. Comme elle l’avait dit elle-même, elle n’était plus une enfant et il n’était personne pour lui dire quoi faire et quand s’arrêter. Il reposa la bouteille à l’endroit ou il l’avait prise.

La paysan se recula et appuya son dos sur le dossier de la chaise en croisant les bras. Il pencha la tête sur le côté observant Charlotte encore plus intensément. Il laissa échapper un petit rire joyeux. Il n’avait rien d’intéressant comparé au spécimen qui se tenait devant lui. Ce petit bout de femme tendre au cœur féroce. La timide au caractère inébranlable. Cette graine d’aventurière qui cherchait à s’échapper de ce carcan fortuné. Mais elle buvait et parlait encore. L’alcool lui déliait la langue en même temps que les conventions. Voilà qu’elle l’invitait à danser. Il faillit refuser tellement la demande lui parut saugrenue au milieu de ce dîner qui avait commencé en formalité. Puis il se dit pourquoi pas ? L’absence de musique ne le dérangeait pas. Il savait chanter.

Il se leva avant qu’elle ne revienne sur sa proposition.

- Probably not your kind of dance. But since you’re an adventurous farmer now, I might teach you a few steps so you can pass as one of our own at the next festival.

Il lui attrapa les deux mains et la fit virevolter vers lui pour l’éloigner de la table. Quand ils furent au centre du salon il se mit à siffler en tapant des mains. Il lui montra quelques pas simples, puis lui prit la main pour les mettre en application alors qu’il entonnait de sa voix claire bien qu’un peu teinté de son accent nasillard des campagnes, le premier couplet d’Ol Dan Tucker. Il ne se débrouillait pas mal en chant. Il était même plutôt doué. C’était un talent qu’il avait hérité de son père. Sa mère chantait comme une casserole et elle lui avait de toute façon avoué elle-même que c’était en lui chantant la sérénade avec un instrument bizarre qu’il avait eu ses faveurs. John devait la vie à une chanson finalement.

Dans sa tête il entendait résonner la guitare enjouée, le banjo dansant, la flute qui donnait la mélodie. Sa main battait la mesure sur sa cuisse pendant que ses talons faisaient vibrer le plancher. Dans sa tête il était suivit par tout un orchestre. Il encourageait Charlotte à le suivre d’une pression de la paume, la faisait tourner d’une tension du poignet. Et si elle chancelait à cause de tout le rouge qu’elle avait avalé, il avait ses deux bras pour la rattraper.
John L. MacLachlan
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Lun 1 Mar - 5:38
La vieille bicoque de Charlotte ne l’importunait plus. Elle ne sentait plus le petit courant d’air qui s’immisçait par la fenêtre mal placée, ne voyait plus les planches mal-alignées à la couleur effacée. Le chandelier sur la table donnait à la scène des allures d’Angleterre et pour la première fois en deux long mois, sa maison lui manquait. Le mal du pays, jusque-là bien enfoui, avait ressurgit sans prévenir, mais le vin et la compagnie gardait le mal à une intensité soutenable.

Alors elle se concentra sur son invité, puisque son verre était vide et qu’elle voyait déjà deux bouteilles au lieu d’une. Lui, par contre, lui apparaissait avec la clarté d’un ange. Elle parlait, mais ne savait déjà plus de quoi, pendant qu’ils mangeaient. Il s’arrêtait pour l’écouter et Charlotte voulu se taire pour ne pas le priver de sa pitance, mais les mots s’écoulaient encore. Puis elle n’eut plus rien à lui dire et se perdit dans l’admiration de ses traits.

John était bel homme, il fallait bien l’avouer. La dureté de son labeur se lisait sur sa peau tannée par le soleil et dans les rides creusées à force de plisser les yeux pour s’en protéger. Sa barbe cachait sa mâchoire carrée et ses lèvres aussi. Lèvres qu’elle aimait voir se relever en sourire, dont elle avait aussi aimé le contact sur ses phalanges. Et finalement, ces yeux… de la couleur de l’océan. Elle avait pensé ne plus jamais vouloir le revoir après sa traversée, mais s’il était dans les yeux de John, elle s’y jetterait à corps perdu.

Elle l’invita à danser. Fronça les sourcils lorsqu’elle se rendit compte de sa proposition, mais le mal était fait. Il était déjà debout et l’emportait dans une danse dont elle ne connaissait aucun pas. Il donnait le rythme et sifflait une chanson qu’elle ne connaissait pas du tout. Mais l’air était entraînant et elle se mit à rire lorsqu’elle rata les quelques pas qu’il lui montrait. Après quelques essais, elle comprit les mathématiques des pas et suivait John sans presque aucune faute. Danse populaire ou de salon, la mécanique restait la même et elle connaissait au moins quatre genres de danses, dont la quadrille aux pas similaires.

Il lui prit alors les mains et se mit à chanter, ce qui déclencha en elle un rire émerveillé. Il avait de la voix, à n’en pas douter, et Charlotte se demanda ce que son professeur de chant en aurait pensé. Un si beau jeune homme avec une si belle voix, il aurait rapidement été la coqueluche de toutes les demoiselles. Finalement, ce n’était peut-être pas si mal qu’elle en soit la seule auditrice…

Charlotte entendait presque les musiciens dans le chant de John, même si elle n’avait jamais entendu la version orchestrale. Elle suivait les mouvements de John avec une légèreté qu’elle n’aurait probablement plus au matin. Un peu gauche, tout de même, elle se cognait parfois contre le torse de son cavalier, mais elle ne le remarquait pas toujours. Elle tournait, sautait, riait jusqu’à être à bout de souffle. Décidément, le vin était fort et lui avait enlevé son endurance. Elle riait encore lorsqu’elle s’arrêta, forçant John à l’arrêt aussi pour qu’elle puisse se retenir à lui, un peu chancelante de l’effort.

« You are a real nightingale! A good cook, a gentle heart and now a singer… is there anything you cannot do? »

Elle s’accrochait à lui, priant les murs de s’arrêter de tourner.

« Thanks to you, I will not be ridiculed on my first dance in America. »

Elle souriait encore, le rire au bord des lèvres alors que l’odeur musquée de John lui chatouillait le nez, aussi proche. Elle sentit de longues mèches de ses cheveux lui caresser la joue, mais elle n’en avait que faire, trop occupée à contempler le bouton un peu trop lâche de la chemise de John. Elle se promit de le recoudre dès le lendemain, relevant les yeux pour annoncer ses intentions. Mais elle était à nouveau happée par le bleu des siens et son sourire disparu. Non pas qu’elle ne voulait pas, mais le choc qu’elle n’arrivait pas à identifier lui prit la gorge et l’intima de s’approcher encore. Il lui fallut un effort incommensurable pour ne pas le faire et elle s’ordonna fermement de reculer à une distance raisonnable. Mais son corps n’écoutait plus et s’il n’avançait pas, il ne recula pas non plus.
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John L. MacLachlan
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Lun 1 Mar - 17:03
Charlotte ne se croyait peut-être pas douée de ses deux mains mais John constatait qu’elle était en revanche très habile de ses deux pieds. Elle ne mettait pas longtemps à comprendre la mécanique des pas que le campagnard lui montrait en sifflotant et les mettait en application à la perfection. Alors il s’amusait à lui montrer des passes de plus en plus complexes, ils sautillaient ensemble à travers la pièce alors que la voix de John chevrotait sous l’effort. Mais peut importait, elle riait, il riait. Et il continuait sa chanson entrainante aux paroles ridicules ne s’arrêtant que pour prendre de grandes inspirations. Il attrapait la taille de sa partenaire pour la soulever, toute légère qu’elle était, pendant le refrain sans penser que ce genre de contact n’était peut-être pas habituel pour l’ancienne citadine. Son esprit était parti dans les fêtes de villages qui ponctuaient de joie la dure vie des paysans, ou tout le monde s’attrapait le temps d’une danse folle dans une atmosphère bonne enfant. On empruntait la femme de l’un pour une polka, le fiancé de l’autre pour une gigue, et les couples séparés se retrouvaient toujours une fois la fête terminée, le rose aux joues et le rire sur les lèvres.

Les jupes de Charlotte bruissaient dans toute la pièce alors qu’elle suivait toujours avec plus d’adresse les pas de John qui menait la danse. Il prenait garde bien sûr, à ne pas approcher de trop près la cheminée et la table ou leur repas les attendait encore, alors qu’il lui prenait les deux mains pour un pas chassé à travers leur piste de danse improvisée.  Et elle le suivait, sans jamais partir du mauvais pied. La jeune femme devait sûrement être la partenaire la plus gracieuse avec laquelle il avait eu le bonheur de partager une danse. C’était d’autant plus impressionnant qu’elle en était à son troisième ou quatrième verre de vin, John n’avait pas pensé à compter.

Il arrivait à la fin de sa chanson quand il senti Charlotte résister sa poussée. En cavalier attentif il s’arrêta aussitôt. Elle respirait fort entre deux éclats de rire. Elle s’accrochait à lui pour garder son équilibre et John qui soufflait fort aussi mais qui tenait mieux son vin posa ses mains sur les épaules de sa partenaire pour l’aider à se retenir. Elle le complimentait encore et cette fois, peut-être porté par l’excitation et la joie du moment, il cessa de faire le modeste et au contraire entra dans un jeu de fanfaron. Cette fois il se redressa en gonflant un peu la poitrine avec la fierté d’un paon. Son regard se fit mutin et son sourire s’étira en une moue taquine.

- Nothing I can think of right now… Hope you realize how lucky you are to have the most talented tramp in all the land standing in front of you tonight!

Il rit de ses boniments vantards alors que Charlotte s’accrochait plus fort à lui, surement poussée par la houle de l’ivresse.  John se rendait seulement maintenant compte à quel point ils étaient proches.

- Don’t think you could be ridiculed even if you tried. You’re a graceful dancer and you have the swifted feet…

Il s’arrêta parce qu’elle relevait la tête vers lui et que ses mots furent immédiatement perdus dans son regard brun. Vraiment très proches. S’était il rapproché ou bien était-ce elle ? Leurs torses se frôlaient presque. Le souffle du fermier s’apaisait mais pas les battements de son cœur. Ils restèrent ainsi pendant un temps qui lui parut incroyablement long et très court à la fois. Il ne savait plus si c’était Charlotte ou bien lui qui tangait.

- Are you trying my resilience ? il replaca la longue mèche de cheveux folle qui glissait sur la joue de Charlotte au rythme de ses expirations. You’re makin’ it hard for me to keep my word…

Il soupira et rompit le contact hypnotisant de son regard en la tirant contre lui dans une embrassade Presque fraternelle. Sa joue reposait doucement sur la tête de la jeune fille et le parfum de ses cheveux lui parvenait plus fort que jamais.

“Oh, give me a home where the buffalo roam
Where the deer and the antelope play
Where seldom is heard a discouraging word
And the sky is not clouded all day”


Cette chanson était celle qu’il préférait fredonner sur sa guitare depuis un an. Dans les moments ou il se sentait seul au milieu des bois devant son feu. Quand l’ambiance des saloons commençait à s’échauffer et qu’un petit air tout simple arrivait à éviter une bagarre d’ivrogne avant même qu’elle n’explose. Quand les ouvriers qui travaillaient au côté de John avaient besoin de rêver un peu pour échapper à l’ingratitude de leur labeur quotidien. Quand lui-même avait besoin de retrouver un peu ses esprits après s’être perdu dans le regard d’une fille un peu trop jolie et un peu trop seule.
John L. MacLachlan
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Lun 1 Mar - 22:50
L'ego démesuré mais bien placé de John la fit sourire et elle se jura silencieusement de ne plus trop le complimenter pour épargner ses chevilles. Cela ne l'empêchait pas de l’admirer, ce coq de basse-cour au sourire angélique. Elle voulut répondre quelque chose, mais rien d’intelligent ne lui venait à l’esprit. Lorsqu’il complimenta sa danse, ses joues rougirent de plus belle. Il allait finir par croire que sa peau était rouge au naturel, s’il continuait à jouer avec son cœur de la sorte. Lui aussi semblait à court de mots et le silence qu’ils échangeaient n’était ni malaisant, ni tout à fait confortable. Elle se rendit compte qu’elle n’avait plus besoin du soutien de John pour ne pas perdre l’équilibre, mais le lâcher à présent lui parut comme une épreuve insurmontable.

Elle appuya presque imperceptiblement sa joue contre la paume de John qui remontait ses mèches. Si en temps normal, c’est-à-dire à jeun, elle se serait inquiétée de son apparence, elle espérait maintenant que plus de mèches entravaient son visage et qu’il prenne le temps de les replacer une à une. Testait-elle sa résilience? Elle n’avait aucune idée de quoi il parlait et ses sourcils se rencontrèrent dans une moue incertaine.

“I do not recall you having any word to keep…”

Ou alors, le vin lui faisait oublier et elle chercha une réponse dans ses yeux dont elle n’arrivait toujours pas à se détacher. Il détourna le regard en premier, pinçant par la même le petit cœur de la petite bourgeoise. Mais lorsqu’il l’attira à lui dans une étreinte, elle ne savait plus où donner de la tête. Alors elle ferma les yeux, s’imprégnant de la chaleur de son corps contre le sien, de la force de ses bras autour d’elle, de son odeur des champs qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion de sentir d’aussi près. Son visage se colla instinctivement dans le creux de son cou, alors que ces bras enlacèrent sa nuque.

La mélodie qu’il chantait était douce, un peu mélancolique et empruntait quelques notes à des comptines. Elle se balança légèrement, se berçant au son de sa voix, et se rapprochant encore pour sentir l’abdomen de John vibrer au rythme des paroles. Ce n’était ni une valse, ni une danse du pays, elle en était sûre. L’intimité du moment lui fit même douter que ce genre d’interaction était approuvé par l’église ou la bonne société. Après une très courte réflexion, elle décida qu’elle n’en avait que faire. Elle allait rester ainsi tant et aussi longtemps que John l’accepterait.

Mais la chanson se termina et il n’y avait plus vraiment d’excuse pour s’accrocher ainsi à son invité. Alors elle relâcha sa prise, sans trop s'éloigner encore. Juste assez pour pouvoir reculer la tête et accrocher à nouveau son regard.

“That was a lovely song.”

Elle aurait sans doute dû le lâcher, maintenant qu’ils étaient silencieux. Elle chercha une autre chanson à chanter, pour meubler à nouveau son salon bien froid et pourtant si chaleureux, et elle eut soudain une révélation. C’était une chanson qu’elle avait plus tendance à pratiquer au piano, mais elle avait aussi des paroles. Un sourire mutin au coin des lèvres, elle plaça la main gauche de John dans le creux de ses épaules et lui prit la main droite. Charlotte se mit à entonner quelques mots de Take back the Heart. Si la mélodie était juste (on ne faisait pas 18 ans de musique sans avoir une oreille à toute épreuve), les paroles s’effaçaient un peu et elle finit par simplement fredonner le rythme, entraînant à nouveau John dans une nouvelle danse plus polie que la dernière, mais plus intime que la première. Il y avait aussi que que la main de John effleurait la partie de son dos non protégée par le corset à chaque pas, jusqu’à en faire mourir ses murmures. Elle se demanda s’il était normal dans l’Ouest de se rapprocher de la sorte, oubliant par la même occasion qu’elle avait allégrement accepté la première accolade de son invité. Soupirant légèrement, de peur d’effrayer John et qu’il ne retire ses mains, elle appuya son front contre son torse.

Le vin lui levait le cœur, maintenant, et elle ne s’était pas débarrassée du tournis qui s’était emparé d’elle. Elle ne pensait pas être malade, fort heureusement, mais elle ferma à nouveau les yeux.

“May I rest here a little?” demanda-t-elle, le visage à nouveau fourré dans la chemise au bouton trop lâche. Sa main se leva pour toucher la couture lâche, geste qui se transforma en caresse à peine sa paume arrivée contre la poitrine de John. “I ought to stitch this when morning comes.”

Mais s’il ne venait jamais, elle ne s’en plaindrait pas.
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John L. MacLachlan
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) - Page 2 Damsel
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Mar 2 Mar - 2:36

Alors elle ne s'en souvenait pas ? Lui s'en souvenait pourtant. "I ain't going to to anything to you". Ces choses que certains  hommes se prête à faire aux femmes seules dans une ferme isolée ou personne ne les entendraient crier. Et même sans promesse il ne lui aurait jamais rien fait. Si quelqu'un devrait porter atteinte à la pureté de Charlotte ce ne serait pas lui. Alors qu'il n'y avait sur lui qui s'en souvenait, c'était tout ce qui comptait.

Le paysan avait eu peur qu'elle se refuse à cette étreinte pourtant dénuée de tout intention obscure. Elle ne le fit pas. Au contraire elle se rapprocha encore et se blotti contre lui. Comme s'il s'était agit d'un invitation, laissa donc reposer sa tête contre la sienne pendant qu'il entonait d'une voix plus douce les premières notes de sa chanson. Le contact de ses mains sur sa nuque le fire tressaillir. Elles étaient si douces, ces petites mains. John n'était habitué aux gestes de tendresse des femmes. Du moins jamais gratuitement. Et de qu'il ressentait en ce moment ne ressemblait en rien aux émotions qu'il traversait auprès de ces dames de le métier était de porter compagnie aux hommes esseulés.

Elle se balançait au rythme lent de sa chanson et il suivait le rythme de ses mouvement lascifs. Ce n'était plus vraiment une étreinte, ce n'était pas vraiment une danse. C'était un moment qui n'apartenait qu'à eux.

- Tis my favorite. Tis even prettier with a guitar. I'l bring it next time. Répondit il aussi doucement.

Il regrettait de ne plus la sentir contre lui. Il avait un peu froid ce qui n'était pa surprenant après qu'il le soit autant agité lors de leur danse endiablé mais John se disait que cela ne devait pas être la seule raison. Elle ne l'avait pas tout à lâché cependant et il continuait de sentir la chaleur de ses doigts délicieusement enfouis dans sa large paume.

Ils restèrent un moment silencieux. Mais ce silence n'avaient rien à voir avec ceux, génés qu'il avaient eu devant la grange ou celui effrayé quand il s'était rendu compte qu'il terrorisait Charlotte dans la cuisine, ou enfin celui chargé d'électricité qui avait suivit la révélation de son identité. Celui silence la était doux, emprunt de toute l'affection qui grandissait entre ces deux inconnus qu'une vachette maligne avait rassemblé. Il n'avait pas passé quelques heures encore qu'ils étaient amis, à défaut de plus. De toute façon on ne pouvait pas tomber amoureux aussi vite, c'était impossible. De toute façon John était étranger à ce sentiment qui rendait fou les Hommes. Il chassa cette idée de sa tête. Pourtant son cœur retentissait toujours bruyamment dans sa poitrine. Il s'emballa complètement lorsque Charlotte mena sa main vers son épaule.

Elle fredonnait une petite valse d'une voix douce, bien plus douce que l'autre chanteur de la pièce. Elle fredonnait une petite valse et les pieds de John, qui avaient parfois une bien meilleur mémoire que sa tête, s'agiterent tout seul à la facon dont Madame Margery le lui avait apprit. Il passa la main sur l'omoplate de la danseuse pour pourvoir la diriger plus facilement. Ses mouvements n'étaient pas très gracieux mais au moins il ne s'emelait pas les pieds. L'air était très joli il ne l'avait jamais entendu mais il avait le raffinement de Charlotte.

Il s'arrêta lorsqu'elle posa la tête sur sa poitrine s'inquiètant que tout ce tournoiement l'ai peut être rendue malade.  

- Your song is so sweet, it must be beautiful accompanied with a piano. Dit il surtout pour lui faire penser à autre chose qu'à son malaise.

Il tourna la tête dans la pièce, il ne voyait pas d'instrument. Toutes les bourgeoises (la seule) qu'il connaissaient avaient un piano dans leur décor. L'instrument si habituel dans les familles aisées devait lui manquer.

-Yes, you may...

Il plaça une main affectueuse sur la tête de la jeune femme l'autre tenait toujours l'omoplate de Charlotte. Ils resterent ainsi un instant. Pour permettre à Charlotte de se reprendre. Mais aussi pour donner à John le temps de calmer. Son cœur retentissait beaucoup trop fort. La main caressante de la jeune femme n'arrange ait rien à son émoi. Il baissa les yeux. Elle était encore si proche. S'il trouvait pas un moyen de mettre fin à son geste il...

Il rapprocha doucement la tête de Charlotte vers lui pour poser un délicat baiser sur ses cheveux et entoura ses épaules de son bras pour la diriger lentement vers la table, et l'assit sur sa chaise.

- I think we should eat some bread.

Il avait dit nous mais ne rompit un généreux bout pain que pour la demoiselle.

- Swear it will make you feel better gobble up the whole piece.

Il l'a regarda manger comme une mère attentive au repas de ses enfants. Lui coupait des bouts plus petits pour qu'elle puis les mettre dans sa bouche sans s'etouffer.

- Hope to see you at the next festival! You must see how gay they are! And the dancing is much more fun in a crowd and actual musicians.

Il lui faisait aussi la conversation pour qu'elle ne se sente pas trop maternée.

Elle mangeait docilement avec des airs de demoiselle bien élevé bien qu'un peut tangante qui firent sourire John. Au bout d'un moment elle refusa le pain qu'il lui tendait. Mais elle en avait déjà avalé la majorité de ce qu'il lui avait coupé et le paysan ne souhaitait pas la forcer. Elle le remercierai peut-être au réveil, si elle s'en souvenait. Il espérait qu'elle s'en souviendrai. Pas vraiment du pain, mais de la soirée. Ce moment partagés à deux était déjà précieux pour le jeune campagnard peu habitué à ce genre de folie et il aurait été bien triste d'être le seul à porter ces moments dans son cœur.

Charlotte oscillait de droit à gauche. Ses yeux se fermaient et se réouvraient avec un petit sursaut.

- I had a wonderful evening, miss Charlotte. But I think it is time for it to end. You need help walking to your room?

Elle ne répondit pas, en tout cas rien que John comprit. Elle ne l'endendait peut être même pas, plus proche maintenant des bras de morphée que des siens. Alors il se leva de sa chaise et souleva Charlotte de la sienne (petite revanche sur Morphée) et la porta jusqu'à sa chambre qu'il n'eut pas trop de mal à trouver, il avait déjà vu la majorité des pièces du rez de chaussée. Encore une fois il trouva la demoiselle toute légère. Mangeait-elle seulement a sa faim ? Une fois dans la chambre il l'allongea avec délicatesse dans son grand lit. Elle aurait été sûrement plus à l'aise hors de son corset et c'était une initiative que John n'était pas encore prêt à prendre même s'il doutait que Charlotte, dans l'état où elle était, puisse s'en charger toute seule.

- I'll be right back...

Il sorti pour se diriger dans la cuisine ou il mit une deuxième marmite pleine d'eau à bouillir sur le feu qu'il venait de raviver. Il en restait encore un peu dans le sceau que la jeune femme avait tiré tout à l'heure et le fermier se dit sur quitte à attendre autant faire un bout de vaisselle. Il debarrassa leur vaisselle sans bruit, rangea le pain, posa la casserole de soupe pas tout à fait vide sur la table avec un couvercle. Le temps que dura son petit nettoyage, l'eau était en train de bouillir. Il retira la marmite un feu. Il faudrait attendre encore un peu. Il ne restait que la bouteille presque vide et le chandelier sur la table. Il hésita à ranger la bouteille mais se décida finalement à la garder avec lui. Après un bref regard vers la porte de Charlotte il sorti s'assoir un moment sur le perron. C'est vrai que la nuit était belle, ici. Et la lande, si calme. Sa seule source de lumière provenait, faible et lointaine, de la fenêtre du salon ou le feu brûlait encore.

John se roula une cigarette, il n'avait d'ailleurs presque plus de tabac. Il alterna bouffée de nicotine et gorgée de rouge jusqu'à ce que la bouteille soit totalement vide et se concentra donc sur la cigarette. Mais elle aussi arriva vite à son filtre et il se retrouva seule dans le froid obscure. Il aurait pu rentrer mais il voulait profiter de ce calme champêtre qui lui avait tant manqué cette dernière année. S'il fermait les yeux il voulait presque se retrouver sur la ferme de son enfance. Enfin pas tout à fait. Il manquait le meuglement des bêtes à l'étable, l'odeur du blé qui pousse, les ronflements des travailleurs dans leur baraque. Mais bientôt peut-être. En tout cas c'est ce que Charlotte voulait pour sa ferme. Lui, sa ferme lui avait été volée. Participer à la reconstruction de celle-ci serait presque en retrouver une autre. Peut-être. C'était pour la ferme qu'il voulait revenir, bien sûr.

Il sorti son harmonica de sa pouche et en tira quelques notes plaintive qui se mêlaient en une mélodie mélancolique.

Il s'arrêta quand il eu les mains trop froides pour manipuler son instrument. L'eau devait de toute façon avoir refroidit. Il retourna dans la cuisine, vida une partie de l'eau dans une cruche qu'il avait trouvé dans un placard et prit aussi un verre. Il revint à la porte de Charlotte et y frappa doucement au cas où elle se serait endormie. N'entendait pas de réponse il entra dans l'obscurité de la pièce à la lueur de la bougie qu'il avait également ramenée de la cuisine. Il s'approcha le plus silencieusement possible pour déposer la cruche et le verre sur la table de nuit.

- You will get thirsty during the night. Careful it's still a little warm but it should get to room temperature soon.

Il chuchottait mais il doutait qu'elle puisse encore l'entendre.

Sans un bruit il reparti en fermant la porte derrière lui.

Dans le salon, il remit la dernière bûche dans le feu, cela ne suffirait pas pour le reste de la nuit mais cela lui permettrait au moins de s'endormir. Il s'enroula dans son manteau et s'allongea dans le canapé tout habillé, n'enlevant que ses bottes. Il posa son chapeau sur sa tête et ne tarda pas à s'endormir à son tour.
John L. MacLachlan
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Mar 2 Mar - 4:44
Next time…

Charlotte s’accrochait à ces mots comme un alcoolique à sa bouteille. Et si le reste de la soirée devenait plus flou à chaque seconde qui passait, cette courte phrase restait ancrée dans son esprit tel le fil conducteur pour ses pensées éparses. Elle voulait rire, encore, mais la fatigue tirait ses traits vers le bas et elle ne pouvait qu’offrir un sourire qui était probablement loin d’être son meilleur. Elle le garda tout de même jusqu’à ce qu’il la couche, ne le changeant en moue que lorsqu’il les sépara.

Il lui parlait, lui donnait du pain à manger, et si elle n’avait aucune idée de ce qu’il lui racontait, elle aimait la vibration grave de sa voix. Temporairement simple d’esprit, elle obéit sagement aux instructions de John, non sans en ajouter un peu pour projet que sous tout le vin qu’elle avait ingurgité se trouvait une lady.

I’m no Miss for you. Don’t wanna leave you... “ marmonna-t-elle lorsqu’il annonça l’heure du coucher.

Les mots s’étaient empêtrés sur sa langue, ne signifiant probablement plus grand-chose lorsqu’ils quittèrent ses lèvres, mais l’intention était là. Elle voulait faire passer le message d’un regard, mais ses yeux se fermaient tout seuls et elle avait sans doute plus l’air d’une droguée à l’opium qu’à la séductrice qu’elle tentait d’être. Et puis soudain, elle n’était plus assise. Déchirée entre Morphée et John, elle tâchait de s’accrocher encore à l’éveil pour profiter des derniers moments de la soirée. Aussi car, bien qu’elle ait désormais et sans raison apparente une confiance aveugle en ce vagabond qui sentait l’aventure, elle voulait s’assurer de pouvoir se remémorer de tous les instants pour se juger lorsqu’elle aurait à nouveau une conscience. Mais pour l’instant, elle n’en avait pas et en profita pour caresser d’une main paresseuse les courts cheveux de la nuque de John.

Cela ne faisait pas si longtemps qu’elle dormait dans cette chambre et c'était la première fois qu’elle s’y retrouvait avec quelqu’un en pleine nuit. Au fait, c’était la première fois que Charlotte se retrouvait seule dans une chambre avec un homme et elle fut ravie que John soit le premier à la voir allongée. C’était un privilège que les femmes devaient réserver à leur époux, lui avait-on répété. Voir quelqu’un sur le point de s’endormir était une vision intimiste d’une personne et elle offrait volontiers ce secret à celui qui l’avait portée jusqu’ici. Elle roula sur le côté, forçant ses yeux à rester ouverts pour pouvoir emmener le visage et la voix de l’homme au pays des songes. Mais il était déjà parti, avec la promesse de revenir bientôt.

La porte était fermée et John se faisait discret, mais elle l’entendait bouger dans la maison. Elle se demanda ce qu’il pouvait bien faire à une heure aussi tardive, avec autant de vin qu’elle sur l’estomac. Non, il semblait bien tenir son alcool et s’il était éméché, il ne l’avait pas montré une seule seconde. Comparé à elle, en tout cas, qui se débattait allongée contre le tissu bleu de sa robe jusqu’à faillir la déchirer. Elle réussit à l’enlever, ria un petit “Oups” lorsqu’elle revit la tâche de boue sur le jupon. Mais le corset allait être un autre combat. Elle tira avec peu de doigté sur les cordelettes, mais sans succès. Elle observa pendant quelques secondes les ciseaux de couture qui traînaient sur son chevet mais se ravisa. Ils étaient de toute façon trop loin.

Puis elle entendit la porte d’entrée, et enfin le silence. Elle s’assit dans le lit. Si le vin ne quitta pas son système, les couleurs le firent de son visage et elle tendit l’oreille pendant quelques secondes qui lui parurent être une éternité. Malgré toute son attention, elle n’entendait que le crépitement étouffé du feu du salon et le chant des grillons précoces. Il n’y avait plus personne dans la maison, elle en était sûre. Il l’avait donc abandonnée ainsi, après qu’elle ait offert gîte, couvert et conversation. Non, ce n’était pas l’accueil qu’elle aurait offert à quiconque qu’elle regrettait qu’il ait déserté. C’était la chaleur de ses petits bras qu’elle avait offerts tout entier, c’était les chants qu’ils avaient partagés. C’était l’intimité de ces moments de tendresse qu’elle n’avait offert à personne d’autre. C’était aussi un peu son cœur, peut-être trop ouvert pour battre si fort pour ses beaux yeux bleus. Elle se sentait trahie mais était trop fatiguée pour pleurer. Et pour la première fois de sa vie, elle se sentait désespérément seule.

Elle ne savait pas ce qu’elle avait attendu de John pour que cette trahison la déchire à ce point. Il ne lui devait rien, après tout. Il n’était pas celui qu’elle avait embauché, il avait rempli sa part en tant qu’invité en lui tenant compagnie jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus le divertir. Il était même allé au-delà de cette obligation, cuisinant et chantant et dansant, allant même jusqu’à la border parce qu’elle n’avait pas été raisonnable. Mais elle avait offert à cet homme, un parfait inconnu lorsque le soleil était encore là, une partie d’elle-même et elle doutait qu’elle puisse un jour la récupérer. En partant ainsi, il la laissait incomplète et probablement incapable de l’être à nouveau si ce n’était pas avec lui.

Était-il physiquement possible qu’un inconnu ait autant d’impact sur sa vie? Elle ne l’avait connu que pour quelques heures, encore moins sous son vrai patronyme, et pourtant elle avait l’impression d’avoir partagé toute une vie (du moins, dans son imagination fertile). Aucun de ses cavaliers bien coiffés avec qui elle avait dansé lors des bals en Angleterre ne pouvait se vanter d’avoir autant monopoliser ses pensées. Peut-être parce qu’elle n’avait jamais accueilli un de ces bourgeois seul à seule, avec pour seul compagnon un vin un peu trop fort. Elle se doutait qu’il ne s’agissait pas de cela. Elle avait rencontré moult jeunes gens à la recherche de la perle rare, avait eu des conversations plus pratiques avec ses derniers. Elle avait aussi danser avec beaucoup d’entre eux. Jamais l’un d’eux ne lui avait donné chair de poule. Jamais l’un d’eux ne lui avait donné envie de courir dans la lande glacée, vêtue d’une simple chemise et d’un corset trop serré, juste pour pouvoir à nouveau le sentir dans ses bras.

I’ll bring it next time…

La promesse solennelle qu’il avait faite était-elle donc une simple ruse pour mieux s’enfuir avec ses espoirs? Alors qu’elle cherchait un vocabulaire qu’elle ne connaissait pas pour décrire ce voleur, elle entendit quelques notes d’harmonica. Elle reconnut quelques notes de la chanson qu’il lui avait chanté et sa tristesse disparue dès qu’elle comprit qu’il appréciait simplement l’air extérieur. Soulagée, elle se rallongea avec un sourire, le sommeil venant chercher son dû avec des intérêts qu’elle aurait probablement à payer le lendemain.

La porte s’ouvrit à nouveau et elle distingua la silhouette de John à travers ses paupières mi-closes. Il se pencha à son chevet, murmura sans doute un de ces conseils de l’Ouest dont elle n’avait pas le secret et s’apprêta à repartir. Dans un dernier effort, elle attrapa son bras, avec plus de force qu’elle ne s’en pensait capable.

Promise me you won’t leave without a goodbye.

Sa voix était faible, son esprit si embrumé qu’elle n’était pas très sûre d’être intelligible et n’avait de toute façon plus aucun contrôle sur ses paroles.

I could not bear to lose you like this.

Elle attira la main qu’elle avait accrochée et la porta à ses lèvres, imitant le geste qu’il avait fait plus tôt. Finalement, elle ne l’entendit pas quitter la pièce. La nuit avait été longue, et elle se laissa allègrement tomber vers les ténèbres.

--

Elle ouvrit les yeux bien après l’aube, mais aussi bien avant la fin de la matinée. Elle fixa le plafond quelques instants pour s’ajuster à la luminosité ambiante. Elle entendait du bruit quelque part, mais elle était incapable d’en déterminer la cause.

Et puis toute la soirée lui revint, ses souvenirs encore en peu flous prenant forme sous l’effort qu’elle imposait à son cerveau. Elle se souvenait de tout. Du repas, du vin, de la danse. Du désespoir avec lequel elle s’était jetée sur John. Désespoir qu’elle se surprit à ressentir lorsqu’elle se demanda si, malgré sa demande bancale, il l’avait quitté au petit matin. Elle se souvenait aussi de la chaleur de son corps contre le sien, du goût des ses doigts trop froids, de son dernier aveu…

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John L. MacLachlan
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) - Page 2 Damsel
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Mar 2 Mar - 17:21

 Si John avait vite trouvé le sommeil, les dernières paroles que Charlotte avaient murmurées en lui agripant le bras avant qu'il ne la quitte pour la nuit revinrent le troubler dans ses rêves. Quand il se leva avant que l'aube pointe le bout de son nez (le garçon fermier avait quitté son ancienne vie mes pas ses habitudes) il avait la tête pleins d'au-revoirs, de mèches brunes et d'yeux noisette rendus alanguis par les vapeurs d'alcool et le sommeil. Il se permit quelques minutes de réflexion dans l'obscurité du salon (comme il l'avait prédit le feu s'était éteint pendant la nuit) allongé sur le canapé, ses pieds aux chaussettes trouées dépassant du manteau qu'il utilisait comme couverture et le chapeau rabattu sur deux yeux qui étaient bien ouverts.

Lui aussi l'aimait bien Charlotte. Il l'aimait vraiment bien. Il était vrai que John ne détestait pas beaucoup de monde, et on le lui rendait bien. L'attitude détachée et un peu simplette qu'il se plaisait à afficher endormait les suspicions et attiraient la sympathie condescendante du badaud aussi efficacement que les grand yeux humides et triste d'un chien errant qui a faim. Mais Charlotte ne s'était jamais montrée condescendante alors qu'elle aurait pu, avec ses airs de petite princesse européenne égarée dans la plaine. C'était peut-être cela qui avait touché le fermier. Il se demandait ce qu'elle pouvait bien voir en lui qui n'était rien qu'un autre pequenaud comme il y en vivait tant dans ces campagnes pour se montrer aussi gentille. Il espérait que cette gentillesse ne s'évanouirait pas en même temps que son alcoolémie.

Il se leva finalement. Il se doutait que son hôte n'en ferait pas autant avant plusieurs heures vu l'état dans lequel il l'avait laissée la veille. Mais il trouverait de quoi s'occuper. Il trouvait toujours de quoi s'occuper. Et dans une ferme telle que celle-là ce n'était pas le travail qui devait manquer. D'un pas frissonnant mais léger il se leva pour se diriger vers la cuisine ou il se servit dans la miche de pain qu'il avait enroulé dans un torchon quelques heures plus tôt. Son petit déjeuner frugal avalé il attrapa le seau maintenant vide et retourna au salon pour enfiler ses bottes. Il sorti en silence dans l'air vivifiant de la nuit où l'aube ne percait pas pas encore tout à fait. Il marcha jusqu'à la pompe. L'eau glacée sur son visage et ses mains finit de le réveiller. Il s'étira, levant son visage au nez et aux oreilles rendus roses par le froid vers le ciel ou l'on pouvait voir les étoiles s'éteindre une à une. Il se prit à penser que le ciel était en tous points pareil dans le Missouri que que si sa mère avait levé la tête, si elle était encore en vie, elle aurait vu les mêmes étoiles rendre leur dernier souffle avant la clarté levant du matin. Avant de se perdre dans cette nature clémente et belle dans laquelle il avait grandit il se repencha vers la pompe et se remis au travail.

Dolly l'accueilla avec un meuglement joyeux quand il lui amena à boire. Il flatta le flan de la brave bête et l'abandonna le nez dans l'eau pour quelques heures de plus. Il la sortirait quand le jour serait levé. Sa corde était longue, il trouverait bien un endroit ou l'attacher pour qu'elle broute les quelques touffes d'herbes qui percaient difficilement la terre dure de l'hiver. En parlant d'hiver, John avait repéré la réserve à bois la veille à son arrivée. S'il l'avait trouvée décemment remplie, il avait en revanche constaté que la jeune fermière manquerait bientôt de bûches coupées pour chauffer sa maison. C'était un travail à sa hauteur qu'il accomplirait sûrement avec bien plus de facilité que la demoiselle (l'imaginer manipulant la hache était une vision qui le fit sourire) et qui en plus le réchaufferait aussi efficacement qu'un feu de cheminée. En plus le jour commençait enfin à poindre, le temps qu'il trouve la hache il y verrait assez bien pour entreprendre son travail de bûcheron.

Quand il se permit une pause pour souffler le tas de bûches fendues avait quadruplé. Le soleil avait déjà bien entamé son cycle journalier et malgré le vent froid de la plaine, John transpirait. Il avait abandonné son manteau et sa veste dans un coin et les manches de sa chemises retournées sur ses avant-bras commençaient à s'humidifier. Il avait bien envie d'un café se disait-il en s'épongeant le front du dos de la lain. Il jeta un coup d'œil vers la maison mais elle lui apparut toujours aussi silencieuse. Il pourrait toujours commencer à préparer le petit déjeuner. Il attendrait que Charlotte soit levée pour les œufs, elle le lui avait expressément demandé, mais peut être que l'odeur du café la tirerait du lit. Est-ce qu'on buvait du café en Angleterre ?

Il rentra dans la maison avec difficulté, ses bras étaient encombrés par les bûches qu'il avait tenu à ramener. Il les répartit entre le salon et la cuisine et entreprit d'allumer le feu dans cette dernière. Quand il passa devant la porte de Charlotte, elle était toujours fermée il hésita un instant à frapper puis se ravisa. Cela n'aurait pas été correct, ce qu'il considérait comme tard pour lui ne l'était pas forcément pour les autres. Et elle avait sûrement besoin de dormir encore après tout le vin qu'elle avait avalé hier. Il retourna à la grange.

Le reflet dans l'eau du seau lui renvoyait l'image d'une brute crasseuse et suante. Il grimaça. Il ne pouvait décemment pas se présenter ainsi devant la maîtresse de maison à la contenance empreinte de préciosité. Il se retourna vers la bâtisse. Pas un bruit, pas un souffle. Il ferait vite avant qu'elle ne se réveille. Elle n'en saurait rien. D'un mouvement sec il ôta sa chemise et s'aspergea la tête et le torse en retenant pauvrement le cri qui lui était monté au lèvres.

- Turn around Dolly. It's no vision for a lady!

La vache attachée plus loin à une barrière qui le fixait, alertée par ses hululements de chouette retourna à son pâturage avec un claquement de queue. Il se frictionna vigoureusement tant que son courage le lui permettait et quand le reste de sa résilience de fut enfuie emportée par la brise glacée de la plaine il se précipita vers ses vêtements en claquant des dents. Armé de son seau rempli d'eau il se hâta vers la maison avec pour but de se réchauffer au feu de la cuisine avant de commencer à préparer sa boisson caféinée.
John L. MacLachlan
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Mar 2 Mar - 20:04
Charlotte avait mal un peu partout, mais particulièrement à la tête. Elle retira son corset en quelques gestes habiles et s’étira. De légers sillons s’étaient creusés sur sa peau, là où le corset était pris entre elle et le matelas de coton. Elle passa les doigts sur les marques, grimaçant du contact froid et à l’idée qu’elle allait devoir resserrer les mêmes endroits pour la journée. Si elle avait été seule, elle s’en serait bien passé, mais elle ne l’était pas. Ses doigts qui faisaient un travail de réconfort se firent caresses lorsque son esprit divagua vers le bellâtre qui s’affairait quelque part sur sa ferme. Elle se demandait quel effet aurait ses doigts à lui là où les siens exploraient. Sur son dos, sur ses flancs, à la naissance de ses seins. Ce ne fut que lorsqu’elle s’éloigna des marques du corset qu’elle s’arrêta, le visage empourpré et le souffle court.

Elle se dirigea vers la bassine sur le vanity et se frotta le visage à grand coup d’eau froide. Elle se pinça les joues, poussant un petit « ugh... ». Il fallait bien qu’elle cesse ces enfantillages. Elle prit tout de même le temps de choisir une jolie robe, pas trop habillée puisqu’elle devait marcher, mais tout de même flatteuse avec son motif à fleurs et ses boutons sur le devant. Elle arrangea son chignon du mieux qu’elle put. Deux mois de solitude n’avaient pas suffit à lui apprendre à faire une belle coiffure toute seule. Déjà, des mèches rebelles s’échappaient sur sa nuque et autour de son front. Se doutant qu’elle n’arriverait pas à faire mieux, elle soupira et sortit enfin de sa chambre, non sans appliquer un peu de rouge sur ses lèvres.

La maison était silencieuse mais elle entendait le crépitement du fourneau dans la cuisine. C’était peut-être une bonne chose qu’elle ne le voit pas immédiatement. Sa tête était encore pleine des rêves lascifs qu’elle avait fait la veille et des ses explorations matinales. L’observer un peu, sans avoir à lui parler, chasserait ces idées et lui donnerait du temps pour se réhabituer à sa présence. Elle le chercha alors par les fenêtres et se cacha dès qu’elle l’aperçut, une main sur le cœur, l’autre sur la bouche.

Il était bien torse nu sur ses terres. Son imagination corrigea alors tous ses rêves pour placer le véritable corps du jeune homme à la place de celui générique qu’elle avait créé. Dans une curiosité mal placée, elle se pencha à nouveau, mais il était déjà parti et la porte d’entrée claqua pour faire apparaître un John grelottant dans le couloir.

Elle aurait pu lui demander ce qu’il lui était arrivé, pour cacher son voyeurisme accidentel, mais déjà, elle fuyait son regard. Le claquement des dents de John la rappela à l’ordre et elle l'observa avec inquiétude. Il allait mourir de froid s’il restait ainsi, les cheveux trempés, la chemise humide se collant contre son torse en une fine pellicule colorée. Elle s’humidifia les lèvres. N’avait-elle pas joué dans ces mèches, la veille, alors qu’il était au même endroit et elle perchée dans ses bras?

Ses observations n’avaient duré qu’à peine quelques secondes, mais cela suffit à lui faire s’en vouloir. Le pauvre homme était frigorifié, ce n’était pas le moment de penser des choses étranges.

« Please, go sit by the fire. »

Il allait sans doute le faire tout seul, mais le lui dire lui permettait de retrouver son rôle de maîtresse de maison. Elle s’éclipsa dans sa chambre et sortit du placard une serviette qu’elle se dépêcha de ramener au trempé. Elle la posa à côté de lui et disparut à nouveau dans le bureau, cette fois-ci. Elle avait conservé une des chemises du dimanche de son oncle, sur laquelle était brodé en bleu le nom de Kingsley. Elle imaginait que la personne qui avait dédié le livre de recettes à son oncle était celle qui avait aussi fait cet ouvrage. Dans tous les cas, ils ne lui en voudraient certainement pas de la prêter à une victime du grand froid.

« Feel free to change for this, » dit-elle en posant la chemise sur la table.

Et puis elle hésita. Devait-elle faire comme si elle ne se souvenait de rien de leurs fantaisies de la veille? Il aurait été plus facile pour elle de tout nier et de reprendre une attitude socialement acceptable. S’il ne le lui avait pas montré, il y avait aussi qu’il avait bu et qu’il s’était peut-être permis des choses qu’il n’aurait pas faites en l’absence de vin. Ce baiser sur sa tête, par exemple, dont elle regrettait d'avoir oublié les sensations. Peut-être regrettait-il aussi ses actions, et qu’elle s’imaginait des choses. Après tout, elle avait été bercée de romances et de grands gestes, il n’aurait pas été surprenant qu’elle interprète ses actions de manière erronée. Peut-être s’agissait-il simplement d’un choc culturel, aussi. Les Américains semblaient plus ouverts que les Britanniques et les attentions de John pouvaient très bien être de simples formalités.

Oubliant un instant toutes les pressions sociales qui pesaient sur eux, elle décida égoïstement qu’elle voulait qu’il sache qu’elle se souvenait de tout. Alors sur le ton de la confidence, un petit sourire complice au coins des lèvres, elle chuchota.

« I recall I promised you to sew this button back. »
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John L. MacLachlan
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Mar 2 Mar - 22:26

 John ne s'attendait pas à tomber sur Charlotte dans le couloir. Vraiment pas. Il s'en retrouva bêtement pétrifié à ne plus savoir quoi dire. Et visiblement elle ne sortait pas du lit. Elle était habillée, coiffée et semblait presque plus fraîche que lui (enfin façon de parler, parce que stricto sensu c'était lui qui tremblait comme un grelot). Depuis combien de temps était-elle levée ? Il espérait qu'elle n'ait pas surpris ses ablutions matinales (et surtout ses piaillements de moineau effarouché).

- Good mornin'...Réussit-il à articuler.

Elle lui proposa sobrement de se rapprocher du feu. Si sobrement qu'on aurait presque dit un ordre. Le fermier leva un sourcil circonspect mais s'exécuta sans rien dire, lâchant au passage son manteau et sa veste dans l'entrée. De toute façon il ne pourrait pas dire grand chose de compréhensible tant que ses dents continueraient de claquer. Il se demandait quand même ce qu'il avait bien pu faire pour mériter une telle froideur. Les mains tendues vers le foyer il se repassa mentalement les événements de la veille. Non, vraiment il ne voyait pas. Il ne s'était pas comporté autrement que comme un gentleman. Décidément cette fille avait les humeurs aussi changeantes que le ciel en automne.

Elle revint avec une serviette puis reparti aussitôt. Alors il avait toujours droit à quelques marques d'attention ? Où bien était-ce juste la politesse forcée d'une maîtresse de maison pour cet hôte imposé. Peut-être que maintenant que les effets du vin s'étaient dissipés elle avait décidé que finalement elle lui en voulait encore de sa tromperie de la veille.

Elle reparu avec une chemise propre et il la regarda avec un air idiot alors qu'elle la posait sur la table. Et toujours cette froideur et ce regard fuyant qui lui déplaisaient. Il commença à se frotter les cheveux avec la serviette pour se donner une contenance. Était-il supposé sortir de la pièce pour enfiler la chemise puisque maintenant elle restait dans la cuisine ? Il la fixa du regard en essayant de surprendre ces yeux bruns dont la lueur chaleureuse avait disparue avec le lever du soleil. Et puis il lui sembla percevoir une fêlure dans sa coquille de bourgeoise impassible. Ses paupières frémissaient, ses mains frissonnaient et enfin elle leva ses jolies prunelles vers lui pour lui offrir une jolie moue mutine. Alors elle n'avait pas oublié. Mieux, elle n'était pas contrariée comme en témoignait son petit air entendu. Il lui rendit son sourire.

Il déplia ses longues jambes pour s'éloigner du feu qui craquait dans l'âtre et s'approcher de la table et de la chemise. Et pour se venger un peu de Charlotte qui l'avait forcé à penser, il décida qu'il se changerai ici et maintenant. Il déboutonna et fit glisser sa chemise rendue jaune par l'usure. Il prit le temps de se tamponner le torse et les bras avant d'enfiler la neuve. Elle sentait un peu le renfermé pour être restée trop longtemps oubliée dans un placard mais considérant que l'ancienne sentait la vache (entre autres) c'était une nette amélioration. Elle était trop grande aussi. John ne s'était jamais considéré comme un petit gabarit, mais perdu au milieu de l'ample toile de coton il avait l'impression d'être un gamin qui essaie la chemise de son père. Ce qui était une expérience inédite. Il rentra une partie du tissu dans son pantalon ce qui lui donna le sentilent qu'il avait prit un sacré bide à bière mais au moins elle ne lui tombait plus sur les hanches comme une camisole de jeune femme.

- How do I look? s'exclaffa-il, sachant très bien qu'il avait l'air ridicule.

Mais il n'en avait pas grand chose à faire. Le ridicule ne tuait pas. Sinon il y aurait bien longtemps que John ne serait plus de ce monde.

- You don't need to mend this thing, dit-il avec une oeillade dégoutée vers son vêtement, it's an ol' stinky thing.

En trois enjambées il fut aux côtés de Charlotte, et tira affectueusement sur une des mèches qui s'échappaient de son chignon avant qu'elle n'ait le temps de se reculer. Un sourire amusé étirait de nouveau ses lèvres.

- Feelin' better since last night?
John L. MacLachlan
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Mer 3 Mar - 4:12
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Si John était fâché de son accueil, Charlotte ne le remarqua absolument pas. Son esprit concentré sur la seule tâche de le garder en vie, elle opérait comme une automate. Les sourcils froncés, les seuls regards qu’elle portait au jeune homme étaient inquiets de le voir encore grelotter de la sorte. Heureusement, lorsqu’elle apporta la chemise, ses lèvres avaient retrouvé leur rose et il ne claquait plus des dents. Il fallait dire que le fourneau de fer forgé était surprenamment efficace pour chauffer la pièce, même avec le plus petit feu. Ce qui d’ailleurs ne la rassurait pas sur la cuisine en été.

Mais après la crise passée, il n’y avait plus grand-chose à faire que de réfléchir. Incapable de le regarder dans les yeux pendant ses réflexions, elle ne releva la tête que lorsqu’elle fut décidée. Le sourire qu’il lui rendit était encore plus éclatant que lorsqu’elle observait sous couvert d’alcool et elle se dit que l’apercevoir ainsi valait bien un peu de sa réputation.

Elle ne savait pas pourquoi elle restait plantée là. En tout cas, pas consciemment, car son inconscient en profitait pour mémoriser des images plus nettes de son interlocuteur. Donc elle restait là, un sourire idiot plaqué sur le visage. Il se leva et elle crut presque qu’il allait s’approcher d’elle. Bien sûr, il s’empara de la chemise sèche et elle se sentit idiote d’avoir espéré autre chose. À aucun moment elle ne pensa à lui laisser un peu d’intimité, alors il fit ce qui était des plus logiques.

Si les sourcils de Charlotte se levèrent dans une surprise autant choquante que plaisante, elle ne se détourna pas. Happée par le spectacle qu’il lui offrait, elle fit tout de même mine de se cacher les yeux, mais regarda tout de même sa peau nue briller sous l’effet de l’eau et des flammes à travers ses doigts écartés. Bien sûr, il fallait qu’il prenne son temps… Elle se tourna tout de même lorsqu’il remit celle qui était sèche, bien longtemps après que le mal ait été fait, mais pour garder un peu de cette pudeur qui semblait disparaître dès qu’elle se retrouvait dans la même pièce que lui.

How do I look?

Elle lui jeta un regard par-dessus son épaule et pouffa avant de rire franchement une fois tournée. La chemise était bien trop grande et son ventre, qu’elle savait maintenant joliment sculpté, semblait avoir triplé de grosseur. Voir son nom de famille sur son col lui faisait aussi quelque chose, mais elle ne prit pas la peine d’essayer d’identifier l’émotion. Ce qu’elle savait, c’était qu’à ses yeux, il resterait beau même en portant un sac de courriers.

“Surprisingly dandy,” répondit-elle lorsqu’elle réussit à s’arrêter de rire. “I recommend that you buy your next shirts at least twenty inches wider.

Elle était surprise de constater qu’une fois les effets du vin et de la fatigue passés, il était toujours aussi facile de plaisanter avec John. Il pointa du regard la chemise qu’il avait portée jusque-là. Une vieille chose, comme il la décrivait si bien. Malheureusement, elle ne savait pas créer de vêtements, et même si elle le savait, elle n’avait pas de tissus.

Old or not, you still wear it. Would it not feel better if you can close your shirt properly?

Elle ponctua sa question d’un bref coup d'œil vers son torse, là où le bouton était sur sa chemise, avant de relever les yeux rapidement vers ceux de John. Elle avait vu suffisamment de torses nus ou habillés pour toute une vie en moins de vingt minutes…

For the odour, you can try some soap.

Elle lui indiqua du menton le savon qui traînait près du baquet à vaisselle avec un petit sourire taquin.

Il s’approcha en quelques grandes enjambées et son sourire disparut, soudain effrayée de ne plus répondre de rien et de se jeter dans ses bras comme elle l’avait fait la veille. Elle ne le fit pas et il s’arrêta si proche qu’elle pouvait distinguer les détails des coutures de son nouveau vêtement. Il lui tira une de ses mèches et elle prit instinctivement la main fautive dans la sienne, arrêtant le geste mais la gardant à la même hauteur.

Is it commonly accepted in this country to tease a poor girl in this manner?

Elle demandait pour cet affront, dont elle se délectait allégrement, mais aussi pour tous les autres de la veille. Son courage retrouvé et sans doute enhardi par l’attitude bon enfant de John, elle ne le lâcha pas du regard, lui indiquant d’un léger relèvement de lèvres qu’elle était loin d’être fâchée. Et comme si sa mimique ne suffisait pas, elle se permit de passer son pouce sur la partie tendre de sa main, entre ses deux premiers doigts, dans un heureux accident.

Ma’am Kingsley!” beugla une jeune voix à l’extérieur de la ferme.

Charlotte sursauta et rompit rapidement le contact, allant même jusqu’à replacer la main de John avant de s’éloigner de deux pas. Le visage rouge, un peu confuse par la situation, elle faisait aller son regard de son tendre invité à l’intru qui venait de briser un moment. La voix l’appela une deuxième fois et elle fit une petite révérence désolée à John avant de se tourner vers l’entrée.

I am coming!

Un jeune garçon de douze ans à peine attendait devant la porte branlante.

“Ma’am, ‘Pa told me to give you this.” Il lui tendit un papier qu’elle prit mais ne lut pas immédiatement. “He’s not comin’ today. The mare’s foaling from the rear.

N’ayant aucune idée de quoi il voulait parler, l’accent étant trop prononcé et la raison obscure, elle se contenta de prononcer un petit “Oh…

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John L. MacLachlan
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Mer 3 Mar - 13:47

Charlotte pouffa avec lui. Il était heureux d'avoir enfin pu désamorcer la tension qui s'était installée entre eux un peu plus tôt... Ainsi que la tension d'une origine toute autre dont il était lui même responsable, à ôter ses vêtements au débotté en plein milieu de la cuisine. Il n'était pas dupe, il avait surprit les regards impudiques que la demoiselle lui avait lancés entre les fentes de ses doigts fins mais cela aurait été mentir d'affirmer qu'il ne cherchait pas à les provoquer. Quand on se dénudait en si bonne compagnie il ne fallait pas s'attendre à ce que l'autre se montre chaste pour deux. On récolte ce que l'on sème.

Il rit à son tour à sa boutade charmante. C'est vrai qu'il avait l'air d'un drôle avec cette chemise qui lui bouffait sur les hanches mais au moins c'était confortable, en plus d'être sec et propre. Et si son ventre paraissait engraissé, en comparaison ses deux jambes qui jaillissaient des plis du tissu ressemblaient maintenant à deux longues baguettes. Il avait la silhouette d'un grand échassier trop bien nourrit.

Il jeta un autre coup d'œil vers le torchon sale qui lui servait de vêtement usuel et trouva son hôte bien optimiste. Le savon ne suffirait pas à la débarrasser de sa pestilence. Il faudrait au moins récurer et gratter avec toute l'ardeur dont il était capable pour lui faire retrouver un samblant de dignité, mais le campagnard ne doutait pas qu'il trouverait une planche à lessiver quelques part dans la ferme. Charlotte aussi devait bien laver son linge.

Il ne s'echappa pas au contact de la jeune femme quand celle-ci lui prit la main trop heureux qu'il était à ne pas se voir repousser. Cela faisait-il vraiment que quelques heures qu'ils se connaissaient ? Il aurait dit plus. Il aurait dit des jours. Le temps semblait refuser de s'écouler en ligne droite pour s'envoler en boucles furieuses et brouillonnes. Lui aussi se mit à effleurer les phalanges graciles d'un geste tendre de ses doigts.

- Maybe not the poor girls. But I ain't seeing none here.

Il aimait ça aussi chez elle. Son sens de la répartie.

Mais on ne leur laissa pas le loisir de continuer leur joute verbale badine. Une voix fluette qui n'avait pas encore connu les affres de l'adolescence appelait Charlotte du dehors. Elle s'éclipsa d'un pas que la gêne rendait hâtif et John la suivit avec toute la discrétion dont il était capable. Il ne se montra dans l'encadrement de la porte que quand il comprit ce que toute cette agitation signifiait.

-Ya hungry boy? Sure dere's some soup Miz Kingsley can heat up for ya, dit-il en pointant l'intérieur de la maison du doigt, for yer trouble.

A la promesse d'un ventre bien rempli le visage du jeune garçon s'éclaira. Il ne fallait pas lui répéter deux fois. John le poussa vers la cuisine d'une tape amicale dans le dos non sans adresser au passage un sourire amusé à Charlotte qui venait de voir doubler son nombre d'invités.

Le petit n'eut aucun mal à se trouver une chaise à tirer pour s'attabler à la modeste table en bois et le campagnard entreprit de mettre la marmite contenant les restes de la veille sur le feu.

- How long she been at work yer mare? s'enquit-il d'un ton détaché. I is a farmer too. Lost mah cow. Wander'd far the evil beast. Miz Kinsley found it an' took good care uvvit. Ya saw it outside. Dolly her name is.

Il faisait la conversation au petit tout en remuant la soupe qui chauffait d'un air tranquille.
[/i]
John L. MacLachlan
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Mer 3 Mar - 17:38
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Elle avait oublié que John revêtait un accent différent lorsqu’il était avec elle. Elle ne l’avait entendu naturellement que pour une ou deux phrases et puis s’était laissée porter par son parler encore campagnard, mais compréhensible. Ses talents étaient décidément bien nombreux et l’admiration qu’elle avait pour lui redoubla encore. Cela, et la curiosité d’en savoir plus. Elle se doutait que ce n’était pas le premier venu qui pouvait aisément changer son langage en fonction de son auditoire. Et il connaissait la valse, bien qu’elle était moins sûre du caractère saugrenu de cette information.

C’était un rappel à la réalité, en tout cas. Si elle avait l’impression de la connaître depuis une vie entière, la vérité était tout autre et il y avait tant de choses qu’elle ignorait à son sujet. Devenue inutile dans sa propre demeure, elle s'appuyait contre l’embrasure de la porte de la cuisine, regardant d’un air attendri la scène qui se déroulait sous ses yeux.

Elle savait John généreux, il l’avait déjà prouvé en ramenant Dolly, mais il confirmait ce trait en accueillant l’enfant bien mieux qu’elle n’aurait pu le faire. Elle pourrait s’habituer à cette scène champêtre, même dans sa ferme encore délabrée. Un enfant ou deux piaillant leurs exploits, une soupe faite avec une facilité déconcertante et John faisant partie du décor à chaque itération de son imagination.

« She started early this mornin’, Pa said. Dunno the time, I was sleeping. »

Charlotte se décida qu’il était temps de rejoindre ce tableau et alla prendre un bol en bois pour le poser devant l’enfant. Elle aussi avait faim, mais elle n’avait pas oublié les œufs que John devait lui apprendre à préparer, alors elle ne dit rien.

« We got cows too. Mine's Arthense, her name is. Pa says she stupid, bu' she just too sweet for the bull. »

Charlotte était aussi étrangère au domaine de discussion que s’ils parlaient de physique quantique. Heureuse que John puisse s’occuper de distraire le petit garçon, elle lut la missive de son charpentier. Comme elle l’avait compris, il ne viendrait pas avant le lendemain. Elle pouvait très bien accepter ce retard, et non pas seulement parce que cela lui donnerait plus de temps pour connaître son premier invité.

« Tell your father he can take as much time as he needs. Two horses are more important than an old fence. »

Elle sourit au petit garçon et se rapprocha du cuisinier à l’embonpoint hilarant.

« Is there anything I can do? »

Elle se sentait un peu inutile entre ces deux êtres des champs et son humeur changea pour de la frustration contre elle-même. Elle ne pouvait plus se permettre de ne faire qu’effleurer sa nouvelle vie, elle devait apprendre à la vivre pleinement! Curieuse de voir comment il réchauffait la soupe, elle se pencha vers la casserole tout en tentant de ne pas l’approcher de trop près. Sans vraiment y penser, elle prit appui sur la cuisinière brûlante.

Elle retint difficilement un cri, qui se mua en gémissement, et de grosses larmes se mirent à couler sans demander son avis. Elle leva son bras brûlé. Par chance, le tissu de sa manche avait atténué la chaleur, mais elle n’en avait pas moins mal...
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Mer 3 Mar - 22:57
Bien que John avait dit au petit que c'était Charlotte qui s'occuperait de la soupe il s'en chargeait lui même comme s'il était dans sa propre cuisine avec un naturel effronté auquel il ne voyait même pas le mal. Il prenait trop vite ses marques mais il n'en saisissait pas non plus l'étrangeté. Il sentait la présence calme de la douce fermière qui les observait dans l'embrasure de la porte et se prit à être heureux. Simplement d'être là. De faire la cuisine pour un garçonnet affamé et une jolie jeune femme pour les couver de la chaleur de ses yeux.

- Hope she doin' fahn the poor thing.

Les deux hommes de la pièce continuaient leur baringouin des campagne pendant que leur hôte sortait le couvert.

- Arthense, that'a sweet name ya found for a sweet cow! Does she let ya ride her? When I was a lad yer size had a cow that let me do that. I pretended I was a general from the cavalry I did… I think no soldier's seen a horse that slow!

Il rit à sa propre blague et le petit rit avec lui: soit le garnement était de bonne nature, soit il était assez malin pour ne pas contrarier le cuisinier qui lui avait promis à manger. Ce dernier qui s'était retourné pour discuter se pencha de nouveau sur sa soupe et lui donna trois coups de cuiller pour empêcher les carottes de coller au fond de la marmite.

- Tis fine. It'll be ready in a minute now. répondit-il avec un sourire à la question de son hôte désœuvrée.

Il avait envie de lui tapoter affectueusement le crâne pour chasser cette petite moue boudeuse qui s'était installée sur ses traits mais se retint. Les gamins, aussi adorable qu'ils fussent, avaient tendance à bavasser. Surtout à cet âge, au seuil de l'adolescence, où il commençaient à comprendre certaines choses de la vie et avaient tendance à voir le mal partout. Des réputations avaient été ternies pour moins que ça, d'autant plus que chez le péquenaud un mot rapporté était la seule attraction à se mettre sous les dents, qu'on s'empressait de répéter en ajoutant sa contribution à la fable. John se détourna donc sans plus de cérémonie pour fouiller dans les placard à la recherche de ce café qui l'avait fait saliver pendant ce qui lui semblait être des heure.

Le hurlement aiguë qui suivit lui fit faire volt-face. Les yeux ruisselants de larmes fixés sur son poignet et la proximité de Charlotte avec la cuisinière suffirent à John pour comprendre ce qu'il s'était passé (le petit qui hurlait "She got burnt! She got burnt!" était aussi un bon indice). Il attrapa la blessée par le coude pour la tirer violemment vers lui et lui plonger tout l'avant-bras dans le seau encore plein d'eau de la pompe qu'il avait posé sur la pierre de l'évier un peu quelques minutes plus tôt.

- Where you hurt? s'inquieta-t-il.

Sa main à demi-immergée maintenait fermement le bras de la jeune femme dans l'eau, sans descrimination pour la manche, il avait fallu faire au plus vite. Le gamin piaillait toujours en gesticulant sur sa chaise, plus parce qu'il voulait se joindre aux festivités que par réelle panique.

- Ya sit still and shut yer trap, will ya? Can't hear a thing the lady says! Il lâcha finalement la main de Charlotte et agita mécaniquement les doigts pour les sécher. You keep your hand in the cold for a while, l'm gonna feed the little rascal, this should shut him up.

La soupe était prête de toute façon. Le bol rempli et l'enfant calmé il retourna près de la brûlée avec pour fond sonor un solo de raclements de cuiller et d'aspirations bruyantes.

- Do you think you can unbutton your sleeve so I can see? Please?



John L. MacLachlan
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Jeu 4 Mar - 4:32
As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) - Page 2 53fff792a53f69ab18cdf5b8a8dc8946a8291b79

Charlotte considérait que sa curiosité était une de ses plus grandes qualités. Elle avait appris de nombreuses choses en lisant plusieurs livres ‘non appropriés pour une jeune femme’ et avait évité bon nombre de mauvais prétendants en posant les bonnes questions aux bonnes personnes.

Elle s’était donc approchée du fourneau, concentrée sur le bouillon, concentrée aussi à ne pas s’approcher de trop près de John. Elle devait apprendre, et ses pensées semblaient se perdre dans des méandres indécentes dès qu’il la frôlait. Soulagée -et un peu blessée- qu’il s’éloigne, elle s’était penchée par dessus la marmite et la suite fut aussi fulgurante que douloureuse.

Elle se mordit la lèvre pour arrêter son cri déjà poussé et eut un instant de panique. Incapable de réfléchir, elle chercha des yeux un moyen d’arrêter la douleur lorsque John la tira brusquement vers lui. Le contact de l’eau froide sur sa peau brûlée la fit gémir et son premier réflexe fut de retirer son bras. Mais John était plus fort et il le maintint fermement sous l’eau. Elle voulut lui dire qu’elle allait bien, qu’il n’avait pas à s’en faire autant, qu’elle voulait absolument quitter l’eau glacée, mais il semblait savoir quoi faire et elle arrêta de se débattre lorsqu’il lui demanda où est-ce qu’elle avait mal.

Le bras, tenta-t-elle de placer, commentaire tout à fait inutile, mais elle ne savait pas vraiment où, la morsure du froid se mêlant à celle du feu. En arrière, le petit continuait de crier des choses qu’elle ne comprenait plus du tout. Elle ne tenta pas de retirer son bras de l’eau lorsque John alla s’occuper du repas de l’enfant, obéissant sagement aux instructions du fermier. Lorsqu’il lui demanda d’ouvrir sa manche, cependant, elle eut un regard vers le pré-adolescent. Rassemblant toute son énergie pour bien paraître, elle prit une grande inspiration et une voix calme et posée.

« Young sir, would you mind finishing your soup in the dining room, please? »

Le garçon, qui avait déjà eu ce qu’il voulait, haussa les épaules et sortit de la pièce.

« Holy butterscotch! » chuchota-t-elle avec véhémence lorsqu’elle fut certaine qu’il ne l’entendrait pas, relâchant toute apparence digne et se serrant la partie sèche de son bras. « If I say yes, can I get my hand out of here? »

Elle avait maintenant l’impression que l’eau provoquait plus de dommages qu’elle n’en prévenait. Sans vraiment attendre la confirmation de John, elle releva le bras et défit le bouton de la main opposée. Elle releva délicatement le tissu de la robe et de la chemise en même temps pour dévoiler une vilaine marque de presque dix centimètres qui partait de son poignet et remontait dans le creux de son bras. La vision plus que la douleur la fit grimacer.

« Do you think it will leave a mark? » demanda-t-elle en tâchant de dérober la brûlure au regard de John.
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Jeu 4 Mar - 13:21
Charlotte avait cessé de pleurer mais elle faisait encore peine à voir avec ses joues rondes toutes humidifiées des grosses larmes qu'elle avait versées. John admira sa maîtrise et le ton droit de sa voix quand elle s'adressa au garçon. Aucun tremblement dans ses paroles dignes ne laissait présager la souffrance que la jeune femme endurait. Alors que purée ça devait faire mal ! John regarda sans un mot le garnement sortir de la pièce avec son bol et sa cuiller serrés contre lui comme s'il avait peur d'une embuscade de truands voleurs de potage au milieu du couloir. De nouveau seuls dans la pièce, il hocha la tête quand elle lui demanda l'autorisation de sortir son bras de l'eau glacée. De toute façon, il le fallait bien s'ils voulaient se rendre compte de l'étendue des dégâts.

D’ailleurs elle ne lui montrait pas grand-chose, sûrement poussé par cette bourgeoise modestie qui voulait qu’on révélât le moins de bout de peau possible devant autrui. Elle avait déboutonné sa manche avec précaution et maintenait maintenant son bras de telle façon que le fermier ne pouvait absolument rien voir de sa blessure. Le campagnard lui reprit le bras, doucement, pour le tirer vers lui, il fallait bien qu’il l’examine s’il voulait la soigner. Il ne se prétendait pas médecin, mais dans les fermes les blessures étaient nombreuses et on n’appelait pas le docteur à la moindre broutille (surtout par soucis d’argent) et on apprenait vite à se débrouiller avec les maux les plus simple. Et John, pas moins garnement qu’un autre, s’était déjà brûlé, tailladé, piqué et pincé la peau tellement de fois en grandissant qu’il connaissait les remèdes simples transmis par sa mère ou un quelque autre ouvrier bourru qui avait un jour travaillé sur leurs terre.

La brûlure était longue, mais ne semblait pas si profonde, heureusement atténuée en partie par les vêtements qui s’étaient trouvés entre l’acier ardent et la chair blanche du poignet de Charlotte. Mais la blessure rosissait déjà, et sa boursouflure laissait présager des quelques heures de souffrance qui affligeraient Charlotte dès que sa peau ne serait plus anesthésiée par la froideur de l’eau.  Ensuite le rose se changerait en croûte brunâtre que la jeune femme devrait se faire violence pour ne pas gratter au sang, puis n’en resterait qu’une fine cicatrice.

- It’ll leave a scar for a while. But if you’re lucky that’ll be gone too in six months or a year. Depending if you’re burnt deep.

Le truc avec les brûlures, c’est qu’on ne savait jamais trop. Il était possible que Charlotte garde aussi sa cicatrice bien plus longtemps qu’un an, voire une fine décoloration de la peau à peine perceptible pour qui ne connaissait pas son existence mais John se doutait que cette réponse ne conviendrait pas à la demoiselle et rien ne servait de l’affoler si jamais ses pronostiques se révélaient erronés.

Il fouilla les placards pour un linge propre et en trempa un bout dans le seau qu’il passa sur le visage de la blessée pour en essuyer les marques brillante de sel.

- Now don’t cry no more. You’re still the prettiest girl miles around.

Il lui lança un sourire amusé et replongea le linge dans l’eau glacée. Entièrement cette fois, et l’essora sommairement avant de l’enrouler autour de la marque longiligne et gonflée sur le bras de sa protégée.

- You keep this on the burn cause it’s gonna sting like hell soon. Make sure to dip the cloth in cold water every now and then. Should keep the worst of the pain away. Il écarta une mèche de cheveux bruns collée à une de ses joues humide. Now I recall promising you eggs yesterday. How about some warm milk to go with it?

Sans attendre de réponse il lui attrapa les doigt pour la tirer vers le couloir. Il ne se détacha d’elle que lorsqu’ils arrivèrent à la porte du salon par laquelle il passa la tête.

- Hey Ashwood boy! Imma go milk the cow. You be a good lad an’ don’t touch anything if ya want yer share. If Miz Kingsley tells something missing in’er house I’ll sent ya back to yer Pa’ with yer ass so red he’ll spot ya in the Hearthlands like a poppy in a field.

Maintenant à peu près certain que le gamin se tiendrait à carreau il continua son chemin vers Dolly qui broutait toujours près de sa barrière.

- You know how to milk a cow? demanda-il à la jeune fermière en herbe.

John L. MacLachlan
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Jeu 4 Mar - 17:17
C’est avec beaucoup de réticence que la jeune femme le laissa prendre son bras. C’était laid et elle ne voulait pas qu’il emporte cette image d’elle. Et puis, il y avait qu’il s’agissait de son poignet, ce qui était presque aussi terrible que s’il la voyait en robe de chambre! Mais il l’avait déjà vu ainsi et le souvenir lui fit monter le rose au joue tout en diminuant son appréhension à ce qu’il observe la blessure. Une moue boudeuse sur le visage, elle se laissa faire, espérant tout de même que cette atrocité ne change pas son opinion d’elle.

Charlotte grimaçait déjà lorsqu’il lui avait dit six mois, mais une année entière était le comble de l’horreur! Elle ne pouvait pas passer sa première année dans les landes à éviter toutes les soirées sociales! Puis elle réfléchit. Elle s’était perdue dans la campagne profonde, loin des salons et des festivités de la ville. Il y avait peu de chance que les invitations à des bals se bousculent… Elle n’aimait quand même pas l’idée.

Il s’éloigna avant qu’elle ne puisse se plaindre et revint avec un linge. Comme s’il avait lu dans ses pensées, il essuya ses larmes et la rassura. Elle ne put s’empêcher un sourire sous ses attentions, les joues rosies par le compliment sous-jacent.

« Will you save my honour and dance with me for the coming year? » dit-elle sur le ton de la plaisanterie, espérant tout de même qu’il accepte l’invitation indécente. « I am not sure every dashing young man is as understanding as you are. »

Déjà, la brûlure se refaisait sentir et elle se mordit la lèvre pour atténuer la douleur, sans vraiment de succès. Le linge froid que John entourait au tour de son bras, par contre, lui fit l’effet d’un balme et elle soupira de soulagement. Elle hocha la tête à ses instructions. Elle voulut objecter lorsqu’il lui rappela les œufs, elle était encore fâchée contre le fourneau et elle avait l’impression qu’il la mordrait si elle s’en approchait de trop près. Les doigts qui effleurèrent son front puis sa joue étouffèrent toute protestation, cependant. Par tous les cieux, si cet homme lui demandait de se jeter dans le Grand Canyon, elle le ferait volontiers pour la simple promesse d’une caresse! Paniquée de cette emprise qu’il avait sur elle, elle se laissa tout de même emporter, les yeux fixés sur leurs mains liées, un sourire presque niais au visage.

Elle fut soulagée qu’il la lâche avant d’arriver au salon. Il avait de la considération pour sa réputation ce qui eu pour effet d’augmenter son attrait aux yeux de la jeune femme. La menace proférée à l’encontre du fils Ashwood lui fit cependant lever les sourcils. Oserait-il? Le garçon semblait y croire car il lançait vers elle des regards paniqués.

« Oh, I could never do that, » le rassura-t-elle. « But I cannot speak for him and he sounds rather serious. »

Elle suivit l’homme dehors, laissant le garçon à ses réflexions. Elle espérait très sincèrement qu’il ne mette pas ses menaces à exécution, mais préféra ne pas demander de confirmation. Son instinct lui disait qu’il était trop bon pour cela, et elle faisait confiance à son instinct.

Elle s’avança avec une certaine confiance vers la vache. À sa surprise, cette dernière se laissa approcher et Charlotte tenta même une caresse sur le flanc roux de la bête. Elle partagea un sourire amusé avec John.

« I guess you were right, we are already friends! »

Elle flattait l’encolure de la rouquine de sa main valide lorsque John lui demanda si elle savait traire une vache.

« Do you know how to embroider a handkerchief? » demanda-t-elle du tac-au-tac avec un sourire taquin.

Elle posait la question, mais elle n’aurait pas été surprise qu’il lui réponde oui. Près de la vache, un seau en métal et un tabouret attendaient. Charlotte avait vu des illustrations sur les bouteilles de lait et savait qu’il fallait se placer plus proche du postérieur que de la tête. Elle fit glisser sa main sur la fourrure pour ne pas effrayer Dolly d’un toucher incongru. Elle regarda John par-dessus l’animal.

« Well, my knowledge ends here. Would you mind explaining the rest to me? »

Elle avait un peu l’impression d’abuser de son invité et de ses connaissances… Elle réfléchit à ce qu’elle pouvait bien faire pour lui rendre la pareille, mais aucune de ses connaissances ne lui apparurent utiles à cet homme aux multiples talents et au sourire divin. Songeuse, elle s’était penchée sur Dolly, déliant quelques nœuds de sa fourrure.

« Is there anything I can do for you in return? »
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John L. MacLachlan
John L. MacLachlan
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) - Page 2 Damsel
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Ven 5 Mar - 0:36


- Then they're fools.

Sa voix s'était fait murmure sans même qu'il n'y prenne garde. Ils étaient proche. Plus proche que l'éducation bienséante de la jeune femme ne l'aurait jamais toléré, et même le jeune fermier mal dégrossi plus habitué aux contacts cette proximité avait une saveur intime. Il ne voulait pas promettre, non pas parce que l'idée soulevée par Charlotte lui déplaisait, au contraire elle provoquait en lui un heureuse torsion dans le ventre, mais parce qu'il ne souhaitait pas que la demoiselle se sente plus tard embarrassée du poids d'une demande un peu folle faite tout le coup de l'émotion. Mais les mots franchirent ses lèvres d'eux même. Il fallait croire que John était un peu égoïste.

- But I promise if it means keeping the understanding ones from you. Une inspiration. Il recula et reprit son air chafouin qui le quittait peu depuis qu'il apprenait à connaître Charlotte. That is, if you don't get bored with my poor dancing skills.  

***

Ils étaient donc tous deux de part et d'autre de Dolly de qui il avait raccourcit la longue pour ne pas qu’elle parte en promenade pendant qu’on lui tirerait le lait. La jolie vache rousse était de bien meilleure humeur que la veille, conséquence commune d'un ventre bien rempli et d'une bonne nuit de sommeil, et se laissait approcher sans ressentiment par la timide fermière. Au contraire, elle accueillait les caresses par un mouvement joyeux des oreilles. Et John voyait ce rapprochement d'un œil aussi heureux que s'il avait présenté Charlotte à sa famille. Plus même peut-être quand on savait ce qui lui restait de famille. Il n'avait de toute façon pas l'intention de repartir avec Dolly et se trouvait rassuré de lui avoir trouvé une maîtresse aussi aimante. Le fermier, pour qui les animaux avaient souvent été de meilleurs compagnons que les êtres humains se retrouvait bêtement attendrit face au tentative hésitantes de la jeune femme. Hier déjà, se souvenait-il, ces petites attention bénignes l'avaient touchées.

Charlotte répondit à sa question par une autre et il se rendit compte avec gène que c’était lui, maintenant, qui la couvait du regard. Il leva précipitamment les yeux vers le ciel ou il n’y avait rien à voir que du bleu et quelques pauvres nuages, pas très subtil, et décida finalement de les baisser sur Dolly. Il se mit lui aussi à passer sa main sur le crin rêche de son dos.

- What if I could? il avait retrouvé son sourire taquin.

C’était faux. Il s’y était essayé une fois mais ses gros doigts empâtés n’arrivaient pas à s’accorder avec le délicat fil de coton et il avait préféré laisser ce talent à sa demi-sœur. Il savait quand même repriser lui-même les fonds de ses pantalons, ce qui n’était pas rien.

Il regarda la petite main qui glissait maintenant sans crainte dans la fourrure de poils courts de la vachette. Cette main dont il connaissait déjà la sensation que suscitait une caresse sur la peau, mais qu’il se prenait à souhaiter de ressentir encore. S’arrachant à ses souvenirs de la veille, il contourna la demoiselle rousse pour se poster derrière la brune et désigna à cette dernière le petit tabouret qu’il avait ramené du fatras de la grange. D’ailleurs dans cette grange, il avait eu le temps d’y faire un tour pendant la grasse-matinée de son hôte et entre deux bûches à fendre et il y avait trouvé quelques trésors. Le fameux tabouret, d’une part, et un pot de graisse à traire qui ne semblait pas dater de trop longtemps. En tout cas aucune odeur suspecte n’en réchappait. Il y avait donc eu des vaches autres que Dolly un jour, sur cette ferme.

John s’accroupit à côté de son élève ignorant pour le moment sa dernière remarque et commença par essuyer les pis de la vachette avec un torchon propre ramené de la cuisine.

-Gotta clean her so the milk doesn’t get dirt in it or... “shit” faillit-il dire, or else.

Il plaça ensuite le seau en métal sous la bête et ouvrit le pot de verre qui contenait la graisse blanche. Il en prit une belle noix dont il se frictionna les mains avant d’en faire de même sur les mains de Charlotte. Il commença par une paume, puis l’autre, puis il glissa sa main suivant les lignes des plis palmaires pour remonter vers ses doigts dont il prit le temps d’oindre les phalanges une à une. La friction et la couche de graisse recouvrant leur peau commençait à réchauffer leurs mains auparavant rosées par le froid. Ce moment agréable, John le fit durer un peu plus que nécessaire. Pour bien lui montrer. Bien sûr. Il s’éclaircit la voix avant de reprendre:

- That’s milking grease. Gotta use it everytime, to lubricate the teat. Il helps with the milking and that doing it doesn’t get our girl hurt. Now. You need to simulate the teat for the milk to start coming, il attrapa deux trayons qu’il lubrifia de ses mains graisseuses puis commença à exécuter un mouvement circulaire et descendant ne pinçant le pis qu’à son bout. This is for simulating the calf’s suckling. Try it! Be gentle, Dolly just started to like you, you don’t to make her mad again.   la taquina-il.

Il la regarda faire, pas très habile, pas très à l’aise non plus assise si près de l’éventualité d’un coup de patte ou d'un coup de queue involontaire. Il se décala, toujours accroupi derrière elle pour l’accompagner dans ses mouvements plus facilement.

- Now see,   il posa sa main sur celle de Charlotte et la replaça sur le trayon, ... see juste like that! And you do it until you see some drop of milk coming out then you stop. I’ll take care of the other.

Il n’eut pas à se rapprocher plus, son long bras accédait au pis sans effort. Les deux trayons furent bientôt prêts pour la traite.

- Okay now that’s the fun part, you gotta grab the teat with your whole hand, you’re palme against it. Tout en parlant il illustration ses propos. Gotta manipulate her firm but gentle or the milking could be painful for her. Des trayons s’écoulèrent un petit jet de lait que John orienta vers le sol. That’s the first milk.We never keep it, it’s no good. But that’s about it. Your turn?

Encore une fois les tentatives timides de Charlottes le poussèrent à s'accroupir derrière elle, à lui prendre les mains pour les placer correctement.

- See, you work with two teats at time but you alternate the gesture.

Leurs mains unies commençaient à avoir quelque efficacité. De bonnes gerbes de lait arrivaient enfin dans le fond du saut en un bruit métallique plein de la promesse d’un bon petit déjeuner. Le geste était machinal pour John, presque naturel. Il était concentré plutôt sur la façon dont sa chemise frôlait le dos de Charlotte. Se son propre visage, si proche de son épaule qu’il aurait presque pu y reposer sa tête et s’il décidait de tourner le cou, son nez se retrouverait immédiatement enfoui dans les boucles délicates sortant du chignon de la demoiselle. Il était assez prêt pour sentir son odeur. Pas celle d’un parfum ou d’un eau de cologne, son odeur à elle à la fois douce et enivrante. Il ignora le tressaillement qui lui glissa le long de sa colonne vertébrale, il ignora que son souffle se faisait plus court, il pouvait presque ignorer les battement sourds de son coeur.

-You don’t need to do anything for me. You done too much already. Feeding me, giving me a place for the night. That’s better that I could hope for. murmura-t-il à son oreille.

Mais il ne pouvait pas ignorer que cette nuque blanche appelait au baiser, que ces mains étaient faites pour les caresses et être caressées. Il vit son poignet enroulé dans le linge et se demanda quelle excuse pourrait lui faire déboutonner le deuxième poignet. Ou le reste de la robe.  

John se releva d’un bond.

- You're doing fine now! I’m sure you can handle it the time I go fetch you some fresh water. For your burn!

John L. MacLachlan
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Ven 5 Mar - 7:23
John esquiva la question d’un regard vers le ciel et elle sut qu’elle avait enfin trouvé une activité dans laquelle elle le supplantait. Avec un sourire satisfait, elle le regardait se perdre dans l’étendue bleue.

« If you could, you would have too many talents and I would wonder how you could not be married already. »

Son sourire disparut dès qu’elle finit sa phrase. Était-il marié? La question ne s’était pas posée jusque-là, et la possibilité d’une réponse positive lui tordait les entrailles plus douloureusement que la brûlure qu’elle avait au bras. Elle n’avait pourtant aucune raison de regretter ce genre d’attaches, ils n’étaient après tout que de simples inconnus qui s’étaient croisés par pur hasard. Des inconnus qui avaient partagé un repas et un peu de vin, des conversations plaisantes et des plaisanteries conversées. Des regards et des murmures, des tendresses aussi… Peut-être était-il mieux qu’il soit pris ailleurs, finalement. Le tumulte qu’il créait chez elle ne devait pas être bon, si on lui avait répété sans cesse de s’en méfier. Le pasteur n’avait-il justement pas fait un sermon, dimanche dernier, sur les dangers des engouements de la jeunesse? Ces derniers faisaient palpiter les cœurs pour mieux les emmener vers le péché.

Elle avait une vache à apprendre à traire et elle se décida de se donner toute entière à la tâche. Il y avait bien quelque chose qu’elle pourrait faire pour remercier son professeur, et s’il ne répondit pas immédiatement, elle savait qu’ils s’entendraient sur un arrangement convenable ultérieurement. En attendant, elle pouvait toujours profiter d’une relation polie avec ce Mr MacLachlan. Elle notait mentalement les gestes de John, regardant avec attention ses doigts nettoyer les pis roses. Dolly bougeait à peine, ruminant quelque herbe qu’elle avait trouvé, mais Charlotte n’était pas tout à fait à l’aise sous un animal qui devait bien poser une demi-tonne. L’assurance du fermier à ses côtés suffisait tout de même à la rassurer. Si Mlle Dolly s’apprêtait à faire des siennes, elle ne doutait pas qu’il ne le détecte avant tout drame. Elle ralentit consciemment sa respiration, se répétant qu’elle était entre de bonnes mains.

Bonnes mains qui prirent les siennes dans un geste totalement justifié. Elle se retint de dire qu’elle savait comment s’enduire les mains, sa mère la forçait à les crémer pour qu’elles restent aussi douces qu’elles devaient l’être. Il n’y avait rien de pernicieux à ce qu’il le fasse. Pour qu’elle comprenne bien quelles parties devaient être graissées. Elle s’humidifia les lèvres, la tête penchée sur ce long rituel, mais les yeux relevés sur le bas de sa mâchoire. Sa barbe piquait-elle?

Il s’éclaircit la gorge et elle détourna la tête vers leur amie poilue. Heureuse d’avoir autre chose à penser, elle observa la démonstration. Lorsque se fut son tour, elle prit une grande inspiration, chuchotat un “Here I come” à la jolie rouquine et prit le trayon en main comme s’il s’agissait d’un bibelot en porcelaine fine. Bien sûr, elle ne faisait pas comme il fallait et John vint corriger sa prise. Finalement, Dolly donna son premier lait et elle sourit du résultat comme le premier Homme découvrant le feu avait dû le faire. Après quelques essais et erreurs et avec les encouragements de son patient instructeur, Charlotte commençait à comprendre le mouvement nécessaire à la traite, ce qui lui laissa tout le temps de réaliser que leurs mains étaient unies et qu’elle était prise entre ses bras.

Par chance, il ne parlait plus, car la jeune femme n’aurait probablement pas retenu un mot de ce qu’il aurait pu dire. À chaque geste répétitif, elle sentait la chaleur des ses bras contre les siens, la tendre rudesse de ses doigts, la force de son torse dans son dos. Pendant un bref instant, elle voulut s’appuyer contre lui, refermer cette distance minime qui les séparait et se laisser bercer dans une étreinte qu’elle n’osait pas imaginer. Elle était persuadée qu’il devait sentir son coeur dans le bout de ses phalanges, ou qu’il entendait son souffle qui se faisait difficile. Elle sentait le sien sur sa gorge, s’engouffrant dans sa robe par la minuscule interstice de son décolleté pour aller chatouiller sa clavicule. Elle avait chaud, elle avait froid, et il était impossible que cette torture délicieuse, ce desir de le toucher et de l’étreindre, puisse être un affront au ciel.

Il chuchota à son oreille qu’elle en avait déjà fait assez et elle eut le malheur de se tourner vers lui, ses mains continuant leur travail uniquement parce qu’il le tenait dans les siennes. Il était proche, bien plus proche que ce qu’elle avait cru et plus proche encore que lorsqu’il l’avait sauvée de la pompe la veille. Leurs souffles s’entremêlaient et Charlotte savait qu’elle avait une phrase intelligente à sortir, mais elle n’aurait  même pas su dire qui elle était. Si elle bougeait d’un millimètre, leurs nez se frôleraient et elle ne serait qu’à un murmure de ces lèvres qui avaient hanté ses rêves de la veille.

Il se leva et Charlotte faillit vaciller sur son tabouret. Elle n’entendit pas ce qu’il lui dit, momentanément privée de tous ses sens par le froid qui s’était emparé d’elle. John disparu derrière Dolly et Charlotte resta seule, les mains immobiles sur les pis, complètement abasourdie par sa solitude nouvelle. La vache meugla légèrement pour communiquer son incompréhension et Charlotte se secoua la tête pour reprendre ses esprits. Le sceau était déjà presque plein et il ne lui fallut qu’une trentaine de secondes pour finir tout à fait. Prenant soin de ne pas effrayer sa compagne, elle se releva et prit le fruit de leur travail dans sa main droite. Si le tissu ou le froid, ou les émotions, avaient endolori la plaie, elle commençait à la piquer sévèrement. Ne trouvant John nulle part, elle décida de rentrer, non sans avoir remercié Dolly d’une caresse sur le front.

Le jeune Ashwood avait probablement fini sa soupe car il explorait le bureau avec un œil curieux. Il sursauta lorsque Charlotte ouvrit la porte et courut à sa rencontre.

« I didn’t touch nothing, Miz Kingsley, I swear! »

Il levait les mains comme preuve d’innocence et Charlotte lui sourit. Si la phrase formulée ainsi supposait qu’il avait touché à chaque item de sa maison, elle laissa couler l’erreur grammaticale et lui fit signe de la suivre.

« I believe you. So you deserve a cup of milk, if I am not mistaken. »

Le gamin la suivit avec un sourire jusqu’aux oreilles. Il s’installa sur la chaise qu’il avait quitté quand elle l’avait chassé, aussi silencieux qu’une image. Maintenant, la brûlure la faisait grimacer, mais elle servit tout de même le garçon. Elle remarqua qu’il avait aussi rapporté son bol et sa cuillère à la cuisine.

« Do you know how to read? » demanda-t-elle pour se distraire de son bras.

Le garçon fit non de la tête et Charlotte s’éclipsa à nouveau dans le bureau. Un autre mystère de son oncle était qu’il avait en sa possession un livre d’images sans jamais qu’il ne fasse mention d’enfants dans ses lettres ou que ceux-ci se manifestent lorsqu’elle avait pris possession de la ferme. Elle ramena le livre dans la cuisine et le donna au petit, lui ouvrant une des pages au hasard.

« You can keep this. See the words underneath the drawing? That is how you write ‘cow’. »

L’enfant feuilletta son nouvel ouvrage et Charlotte se détourna pour grimacer une nouvelle fois, ramenant son bras contre elle-même sans toutefois frotter la brûlure. Elle ne remarqua qu’à peine la silhouette de John dans le cadre de la porte,se demandant depuis combien de temps il était là.

« I gotta go now, » dit le jeune Ashwood après avoir posé sa tasse bruyamment sur la table. « Thanks, Miz Kingsley. Thanks Mister. »

Il disparut en courant avec le livre avant même que Charlotte ait pu lui dire au revoir. Il avait probablement eu peur que John considère le livre comme un bien volé.

John.

Elle se tourna vers lui, incapable de lui sourire innocemment et encore plus incapable d’être fâchée. Elle ne savait pas comment réagir, ni comment il allait réagir et cette incertitude la rongeait telle une gangrène. Maintenant qu’ils étaient à nouveau seuls, elle se demandaient s’ils allaient retrouver cette complicité du matin ou d’il y avait quelques instants à peine. Elle avait les mains moites, le cœur au bord des lèvres, et pourtant elle trouva le courage de croiser son regard. Son souffle se coupa dès qu’elle se noya dans ses yeux et elle dut prendre une grande inspiration pour parler.

« Interesting visit that we had. »

Elle devait meubler le silence de mots, car s’il n’y en avait pas, elle voudrait le remplir de caresses et de murmures et de bien d’autres choses que même ses auteurs favoris n’avaient pas décrit.
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John L. MacLachlan
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) - Page 2 Damsel
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Ven 5 Mar - 17:48


John s'était levé précipitamment et était parti vers la cuisine en faisant le tour de la maison pour entrer par la porte arrière qu'il avait déjà remarqué la première fois qu'il avait joué l'apprenti cuisinier. Ce n'était pas le chemin le plus court mais il ne souhaitait pas risquer de croiser le petit Ashwood dans son état, et puis il n'était pas contre un peu de marche dans l'herbe fraîche pour lui donner le temps de calmer son emoi.

Oh il n'était pas moins homme qu'un autre et connaissait ces moments de solitudes ou on se sentait l'envie d'assouvir quelques ardeurs entre les bras aimants d'une demoiselle à la peau sucrée. Et dans ces moments là, il avait la bienséance de se tourner vers ces filles cachées derrière quatre murs et dont la profession était d'apporter la joie aux pauvres bougres en son genre. Il avait aussi connu les frasques des roulades dans le foin avec une villageoise plus âgée comme compagne de jeu qui ne le trouvait pas trop laid et pas trop malhabiles. Elles avaient été ses premières leçons, ses premières expériences. Il connaissait aussi la lueur fiévreuse dans le regard de la femme esseulée qui à défaut de pouvoir aller l'éteindre au bordel faisait comprendre à John qu'elle se contenterait bien du travailleur de la ferme d'à côté. Et John le comprenait. Et il ne faisait pas de manière. Il les aimait bien ces femmes, pour leur douceur et leur gentillesse même si elles n'étaient que des transactions rémunérée. Pour leur brusquerie aussi parfois mais qui était toujours poussée par la fièvre d'être aimées le temps d'une heure où deux, ou moins. De cela John les laissait décider. Mais aucune de ces femmes aussi sucrée que fut sa peau, aussi seuls que furent leurs grand yeux n'avait jamais causé autant de remue-ménage chez le fermier. Et voilà qu' il tombait sur Charlotte à cause d'une vache, vache bénie, vache maudite, petite bourgeoise débarquée d'Angleterre mais elle aurait tout aussi bien pu être débarquée de la lune. Ce petit bout de femme qui semblait aussi inconnue aux choses de l'amour qu'elle l'était au travail de la ferme, ce petit bout de femme qui semblait s'être déterminée à s'installer dans ses entrailles et y forcer les même rénovations qu'à sa ferme. Elle dépoussiérait, triait, rangeait, s'y faisait une place. Et c'était son estomac qui dansait le quadrille au rythme de ses pas bottés. Et son cœur, son cœur il m'avait déjà perdu. Il avait disparu au galop dans la lande comme un cheval fou et avait trouvé refuge loin de sa poitrine. Dans une petite ferme presque abandonnée ou ne vivaient qu'une petite fermière et une vache rousse.

John était arrivé devant la porte arrière de la maison depuis un petit moment déjà, immobile. Il se décida à en tourner la poignée pour récupérer le seau d'eau. Qu'allait-il faire avec cela maintenant. Cette eau n'était pas beaucoup moins fraîche que celle de la pompe… Enfin il se dit qu'un demoiselle comme Charlotte n'aimerait peut-être pas boire dans la même eau qui avait servit à tremper leur mains et des torchons. Il en versa quand même dans une casserole qu'il mit dehors. L'air hivernal la rafraîchirait. Pour la blessure de Charlotte. Puis il refit le chemin en sens inverse vers la pompe. Il avait besoin de s'occuper.

De nouveau à l'avant de la maison, il constata que Charlotte avait disparue. Le seau de lait aussi. Il posa son chargement un instant pour retourner près de Dolly et lui dénouer sa longe afin qu'elle puisse brouter plus à son aise. Alors que la rouquine le poussait à la recherche d'une flatterie il ne put s'empêcher de repasser sa main dans le poil que Charlotte avait effleuré plus tôt, reproduisant avec exactitude le chemin qu'elle avait prit le long du ventre gonflé de la bovine demoiselle. Ils avaient été si proches que leur visage avait failli se frôler quand elle s'était retournée. Et il s'était prit à se demander quel goût pouvaient bien avoir ses lèvres. Le fermier dans la lune secoua la tête. Il avait un travail à faire. Il laissa Dolly à sa pâture et retourna à la pompe.

Il revint à la maison passant par la porte avant cette fois. Pas besoin de faire des manières, trois petits tours et s'en aller comme les petites marionnettes. Le garçon n'était plus dans le salon, son bol et sa cuiller non plus. John entendait par contre des voix claires provenir de la cuisine. Le garçon et la jeune femme étaient tout les deux penchés sur un livre d'image dans un joli tableau qui finit tout à fait d'apaiser l'homme au seau d'eau. Cette scène tendre remuait en lui un sentiment chaleureux et mélancolique qu'il n'avait plus connu depuis des années, depuis l'âge à peu près où il avait cessé de jouer à la cavalerie sur une vache brune.

Le petit s'enfuit en trottinant et John le somma de passer le bonjour à son "Pa'" alors qu'il le dépassait dans l'encadrement de la porte. Charlotte avait mal. Même si son ton était ferme, ses grimaces de douleur ne pouvait pas le tromper.

- Indeed, it was.

Il alla poser son baquet d'eau nouvelle sur la table puis entrouvrit la porte donnant sur l'arrière de la maison pour récupérer la casserole d'eau fraîche abandonnée dehors un peu plus tôt.

-Come'er. encouragea-t-il doucement à la grande brûlée.

Il dénoua le linge dont la fraîcheur s'était doucement évanouie au contacte de la peau de Charlotte avec toute la délicatesse dont il était capable, et le remis en place une fois qu'il fut réimbibé. Les gouttes claires qui filtrant à travers la toile de coton tombaient en de petits ploc-plocs discret qui rythmaient la musique de leur deux respiration. Le pansement de fortune achevé il releva les yeux et leurs regards se croisèrent un peu plus longtemps que nécessaire.

-Does that feel a little better? I hate to see you hurtin'...

John sentit le feu lui monter aux joues. Il se détourna pour se rapprocher de la sauvage cuisinière et enfouit son visage au fond des placards pour y chercher une poêle (qu'il trouva), les œufs (il se souvenait ou il les avait rangés la veille) et se purée de bon Dieu de café qui menait maintenant 3 à 0 cette partie de cache-cache qui durait depuis le lever du jour. Penaud, il se tourna vers son hôte.

- Do you have coffee by any chance? Cannot start a good day before my medication!

Dans ce pays où l'on buvait de café matin, midi et soit s'en trouver privé prenait soudain des proportions dramatiques. Bon joueur il essayait quand même de ne pas trop s'en laisser ternir l'humeur et s'occupa de graisser la poêle pour la préparer à la démonstration de cuisine dans laquelle il allait se lancer. Il jetait cependant des regards en coins au seau d'eau sur la table comme s'il était complice de la graine disparue. C'était principalement pour cela qu'il était retourné en chercher à la pompe. S'il avait fait tout ce chemin pour rien…

Son ventre faussement bedonnant laissa échapper une plainte sonore qui eut l'air de raisonner entre tous les murs de la maison et John fût secoué d'un rire hilare.

- Right, right! I agree! I think it's time for some eggs too!

Il fallait dire que le garçon de ferme n'avait pas chômé depuis son lever et la bouchée de pain qu'il avait avalé avant l'aurore avait été digérée depuis longtemps.
John L. MacLachlan
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Sam 6 Mar - 6:56
« Come’ere »

Charlotte ne se fit pas prier et avança avec une hâte à peine maîtrisée vers John. Le contact de ses mains sur la partie tendre de son bras la fit frissonner. De douleur, tenta-t-elle de se persuader, mais elle doutait fortement que la douleur se propageait jusqu’au bas de son ventre. Elle le regarda faire, tâchant de se concentrer sur sa dextérité, sur les frôlements sur sa peau saine, plutôt que sur la plaie en elle-même, qu’elle n’osait qu’à peine regarder. Elle observa alors les doigts de l’homme. L’annulaire gauche, plus précisément. Il l’avait effleurée si souvent déjà qu’elle en reconnaitrait les aspérités les yeux fermés, et elle savait qu’il n’y avait aucun anneau. Il n’y avait aucune marque non plus, ce qui signifiait qu’il n’en portait pas habituellement, ou plus depuis longtemps. Elle se questionna sur la raison de son investigation. Ils n’avaient rien fait de dommageable, elle n’avait pas non plus l’intention de se laisser aller à des pulsions qu’ils pourraient tous les deux regretter. Néanmoins, il y avait eu des moments où elle n’aurait pas dit non. Comme la veille, lors de leur étreinte dansante, ou lorsqu’il l’avait couchée. Ou alors, comme à l’instant, lorsque Dolly était la seule témoin de la tension qu’il y avait entre eux. Comme maintenant, peut-être...

Le silence, si long et si insoutenable, lui donnait tout le loisir de penser. La distance beaucoup plus raisonnable entre eux la rassurait tout autant qu’elle la déchirait. La dichotomie de ses envies la mettait dans un état d’embarras constant, dans lequel aucune de ses actions n’apportait un semblant de satisfaction… Le regard qui lui lança n’améliorait pas ses états d’âme et elle le pria silencieusement d’arrêter de la tourmenter ainsi. Il se détourna dès sa question posée et elle eut un temps de retard dans sa réponse, ne sachant pas s’il fallait qu’elle soit heureuse ou triste qu’il ait répondu à ses prières.

Yes… Thank you.

Le fermier naviguait dans sa cuisine avec la même aisance que s’il était le maître des lieux. Elle profita qu’il fouillait les placards pour remettre un peu de bois dans le fourneau, prenant bien soin de ne pas se frotter au fer brûlant une nouvelle fois. Elle allait bien devoir le toucher tôt ou tard, et elle préférait le faire lorsque la présence de John lui donnait ce sentiment d'invulnérabilité contre le monde. Lorsqu’il se tourna vers elle à la recherche de café, elle se figea à la réalisation horrifique qu’elle ne lui en avait pas proposé.

« I am so terribly sorry! I keep it in the dining room. I will fetch it immediately. »

Le café était l’une des rares compétences pratiques qu’elle avait acquises à force d’harceler la cuisinière. Dans un effort pour se réconcilier avec son père durant son adolescence, elle s’était mis en tête de lui préparer le sien. Elle avait arrêté lorsqu’il l’avait fiancée, l’envie d’y verser de l’arsenic se faisant beaucoup trop forte. Pour John, bien sûr, elle se contenterait de ne mettre que les graines moulues. Le ventre grondant bruyamment la fit se retourner avant qu’elle ne quitte la cuisine. Le rire contagieux de John la prit aussi et, comme par magie, la tension qui serrait ses membres se relâcha. Elle aurait sans doute dû être habituée après les rires qu’ils avaient partagé, mais la facilité qu’il avait à lui enlever tout doute et tout remord d’une simple mimique ou d’une remarque bien placée l’étonnait.

« You can eat the rest of the bread, if you wish. I have to get a new one this afternoon, » dit-elle avant d’aller au salon.

Elle s’empressa de ramener le moulin et le sac de café. S’il avait été tout autre, elle l’aurait fait à même la table de la salle à manger, mais elle ne voulait pas perdre une seule seconde de la présence de John.

De retour à la cuisine, Charlotte mit le moulin et le sac sur la table avant de remplir une petite casserole de la nouvelle eau qu’elle posa sur le feu. En attendant qu’elle chauffe, elle remplit le moulinet et tourna la poignée de sa main valide.

I am afraid I do not have any cream for you coffee, but I have sugar, if you wish.

Une question lui brûlait les lèvres, mais elle ne savait pas comment l’amener sans le froisser. Elle leva les yeux, réfléchissant à la meilleure manière d’amener la conversation. Elle retira le sac en lin du tiroir du moulin et le plaça dans le filtre du pot à café Biggin blanc et bleu avant de verser l’eau frémissante et de refermer le tout. Elle se retourna pour faire face à son invité, n’ayant toujours aucune idée de comment lui demander sans le froisser. Elle tourna le problème plusieurs fois dans sa tête sans arriver à une solution parfaite.

Frustrée de ne pas savoir comment tourner la phrase, elle servit le café dans deux jolies tasses de porcelaine, suivant les préférences de John. Elle lui en tendit une, les sourcils toujours froncés. Finalement, profitant du passage de la tasse pour s’approcher de lui.

« May I ask you something? Please understand that I do not intend to judge you based on your response. »

Elle s’approcha encore, pour lui signifier qu’une réponse négative ne changeait en rien leur amitié. Elle pencha les yeux vers sa main libre, se demandant si elle devait la prendre avant de se raviser. Les étincelles qu’il provoquait en elle lui faisaient perdre beaucoup de capacités mentales et elle ne voulait pas être autrement que compréhensive. Elle accrocha son regard à la place, priant son cœur de se calmer avant de poser la fatidique question.

« Do you know how to read? »
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John L. MacLachlan
John L. MacLachlan
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As-tu vu la vache, la vache aux yeux bleus ? - (Charlotte) - Page 2 Damsel
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Sam 6 Mar - 15:00


Maintenant que la promesse d'un bon breuvage caféiné avait été remise sur la table, John était de nouveau tout guilleret comme un jeune chien à qui on avait promis un sucre. Il regarda Charlotte courir vers le salon avec un petit mouvement de tête amusé et retourna à sa cuisine.

La mention du pain lui avait donné une idée. Il sorti la miche du torchon dans laquelle il l'avait enroulée la veille pour lui préserver un peu de sa fraîcheur et entreprit d'en couper quelques tranches. Il les ferait revenir un peu dans la graisse qui resterait au fond de la poêle une fois qu'il en aurait fini avec les œufs. Pendant qu'il travaillait il se mit inconsciemment à chantonner quelque mélodie populaire de son répertoire mental. La jeune femme revint toute encombrée de son lourd chargement, et s'il n'avait pas été tout occupé à sa découpe du pain il aurait peut-être songé à l'aider. Elle n'avait visiblement pas besoin de son aide non plus pour moudre le grain, elle tournait la manivelle avec un professionnalisme tout à fait remarquable.

- Is fine, I drink it black, répondit-il avec un sourire.

Se désintéressant de son pain, maintenant qu’il était réduit en tranches, il s’adossa au comptoir pour regarder son hôte s’activer. Elle mettait un tel dévouement et un tel sérieux dans son ouvrage qu’il ne doutait pas goûter bientôt le meilleur café qu’il lui fut donné de verser sur sa langue. L’odeur musquée de la graine écrasée commençait déjà à embaumer la petite cuisine pour le plus grand délice du fermier. Cela lui rappelait les matins avec sa mère, ou il avait le droit à sa petite tasse fumante accompagné d’une galette assis à table à la lueur d’une bougie car on se levait avant l’aube pour le travail des champs. Ils étaient assis face à face sur la petite table branlante de la pièce à vivre ou régnait le silence complet seulement interrompu par les craquements impromptus du feu dans la cheminée et les bruits de mastication du garçon. Ces moments de volupté partagés n’avaient pas besoin de paroles. Il n’en fallait pas pour s’imprégner de la présence douce de sa mère, pour poser ses yeux innocents sur son doux visage encore un peu endormi et aux traits détendus par un tendre rêve nocturne qui s’enfuyait déjà. Il balançait ses courtes jambes qui pendaient de l’assise de sa chaise, bien conscient que ces instants étaient précieux et qu’ils ne dureraient pas toujours.

Le claquement de la porcelaine que Charlotte posa sur la cuisinière résonna comme une musique. Quelque chose troublait la jeune fermière. Elle lui jetait des regards en coin, puis ses yeux s’envolaient vers le plafond dans une moue pensive et elle recommençait à se mordiller la lèvre, petit tic nerveux que John avait déjà remarqué depuis la veille. Le campagnard attendait patiemment, toujours contre son comptoir les bras ployés vers l’arrière pour laisser reposer ses mains sur le bois d’une manière désinvolte. Il attendait tranquillement que Charlotte lui partage son tourment dans ce calme silence dont il était le roi. Là aussi il sentait que la parole était superflue. Qu’il n’en avait pas besoin pour graver dans son cœur le son des petits pieds bottés qui allaient et venaient sur le parquet grinçant, l’odeur du café frais qui s’écoulait goutte à goutte dans la verseuse de la cafetière de porcelaine, les traits adorables de la demoiselle qui se plissaient au gré de ses émotions changeantes. Ce souvenir en rejoindrait d’autres rangés méticuleusement dans un coin de son cerveau, et il reviendrait le déplier comme une couverture quand dans un moment plus froid et sombre de sa vie il aurait besoin d’un peu de chaleur.

Charlotte se décida finalement à s'ouvrir qu’une fois le café prêt et versé dans deux jolies tasses, bien trop jolies pour le rustre fermier. Elle lui en tendit une ; John se décolla de son comptoir en étirant ses longs bras et tendit la main pour attraper sa part. Le breuvage brûlant diffusait une vapeur droit dans ses narines qui lui faisait saliver les papilles. Il hocha la tête en silence pour l’encourager à poser la question qui la tourmentait tant. John n’était pas de nature inquiète mais toutes ces manières commençaient à le faire lui-même se poser des questions. Quelle genre d’information pouvait-elle bien vouloir désirer à son sujet pour qu’elle cherche à le rassurer de la sorte sur l’issue de sa demande? Comme il l’avait dit la veille, il n’y avait pas grand chose à savoir sur son sujet. Pas de lourd passé tourmenté, pas de secret dramatique. Il était juste un pauvre bougre cherchant à survivre dans l’ouest comme bien d’autres.

Le morceau fut enfin craché, et la question était si innocente que John ne put s'empêcher d’être secoué d’un nouveau rire convulsif. Quand son hilarité se fut enfin calmée, son oeil embué luisait d’une nouvelle lueur maligne. John avait envie de la taquiner.

- Did you hide my gun under a bench last night?

Le revolver, d’ailleurs, y était toujours. Il n’avait pas pris la peine de le retirer de sa cachette. Un nouveau rire lui monta dans la gorge et il se vit contraint de poser sa tasse pour ne pas la renverser.

- You’re so sweet, Miz Kinsley, I’d like to kiss you on both cheeks! I also now my numbers and how to waltz like the prince of Denmark, as you saw yourself yesterday… I can also locate the Danes on a map if you'd like. Ses mots étaient entrecoupés de petits soubresauts joyeux de la voix. Ya won’t hurt me with that kind of question, I know very well what I look and sound like. Tis fine. I don't mind it. Keeps the element of surprise.

Son amusement s’était enfin calmé et il regardait à présent la jeune femme avec un air attendrit. Il récupéra sa tasse dont il prit une petite gorgée en la tenant avec la délicatesse d’une douairière de la haute, le doigt levé dans une exagération qu’il voulait comique.

- Why do you ask if I may inquire so myself?
John L. MacLachlan
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Sam 6 Mar - 23:21
Le chat hors du sac, Charlotte n’était pas plus à son aise. Elle sondait les yeux de son interlocuteur. Et lorsqu’il rit, elle ne put le rejoindre. Elle ne comprenait pas vraiment son hilarité et une petite moue boudeuse se colla sur son visage, bien qu’elle ne pouvait pas lui en vouloir bien longtemps quand il riait de la sorte. À bien y penser, elle ne pourrait probablement pas lui en vouloir pour beaucoup de choses…

Lorsqu’il se reprit, son expression s’était déjà changée pour un sourire mi-amusé mi-attendri, si charmée qu’elle était de le voir de si bonne humeur. La question qu’il lui posa la fit se sentir comme une enfant qu’on avait surprise la main dans le pot de confiture.

« No... » mentit-elle d’une voix suraiguë. « Maybe? »

Ses sourcils se froncèrent et elle se fit le plus grande qu’elle put, le corps droit et la tête relevée dans un pseudo-défi, atténué d’un sourire qu’elle avait du mal à retenir.

« What was I supposed to do? I thought you were going to shoot me. Well, no… I never thought that exactly, but it was definitely a possibility. I mean, you clearly know how to use it and I was alone and afraid. Not of you. Maybe a little… but mainly of… Not knowing you. How was I supposed to know you are a gentle and pleasant and charming gentleman when you pretended to be someone else? And how did this conversation head this way? »

Elle avait parlé vite, sa grammaire s’était perdue dans ses explications, suivie de près par sa retenue. Les joues rouges, le regard fuyant, elle recula un peu pour reprendre son souffle et un peu de contenance.

« You are dodging the question, Mr MacLachlan, » accusa-t-elle en plaisantant avec un air de princesse.

Il lui répondit enfin. Son amusement lui fit oublier sa gêne et elle se détendit. Son cerveau lui envoya l’image de John lui embrassant les deux joues, comme il le disait et elle pria presque pour qu’il succombe à la tentation ici et maintenant. Elle grimaça légèrement lorsqu’il fit mention de l’image qu’il donnait, mais elle préféra ne rien dire. Elle avait déjà avoué beaucoup, il n’avait pas non plus de savoir qu’à ses yeux, il avait le parfait profil d’un héros de roman…

Elle rigola franchement lorsqu’il prit la tasse avec une délicatesse qui ne lui saillait pas, et rit même d’elle-même lorsqu’elle prit la sienne avec la même gestuelle, mais complètement naturelle de sa part. Elle la reposa, tentant difficilement de la prendre d’une autre manière avant de se résigner à son habitude. Les yeux rivés sur le liquide noir, elle inspira.

« You must see me as a pampered doll… Which is not quite wrong, unfortunately. I truly hope to restore this farm and learn how to mingle here, but to be honest, I feel overwhelmed… There is so much to do, so much to learn, and though I enjoy the quietness, I mostly feel lonely. »

Elle leva les yeux vers John, un petit sourire désolé au coin des lèvres.

« I am sorry, I do not intend to complain. The thing is, I enjoy your company and I was wondering if you would like to be my penpal. Do not feel obligated to accept, of course. »

Avec la demande venait la réalisation avouée qu’il allait devoir partir un jour ou l’autre, et probablement bien plus tôt que tard. Elle pourrait s’habituer à sa présence dans cette vieille maison, ils s’étaient déjà prouvés qu’ils savaient naviguer ensemble dans cette cuisine exiguë. Elle pourrait s’habituer à le voir autour de la ferme, pour quelques menus travaux ou même pour profiter oisivement des terres qu’ils allaient faire revivre. Consciente de s’aventurer sur un terrain dangereux -elle ne voulait plus ressentir cette fièvre qui la prenait trop souvent lorsqu’il était dans les parages-, elle sourit largement, se rappelant de leur mission première.

« I know you are as famished as me. Could you show me your scrambled eggs technique, John? »
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