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| Since : 21/01/2021 Messages : 147
Name : Ruby Delafuente/Nadie
Faceclaim : Irene Bedard Crédits : @GHOEST
DC : Pearl Hennessy & Maxence Burke & Jacob Kalawai'a & Grace Monaghan & Harold Beaver
Age : 36 ans
Statut : épouse du pasteur d'Imogen
Job : paroissienne dévolue
Habitation : proche de l'église d'Imogen
Disponibilité : Toujours disponible
| Lun 22 Fév - 17:40
'Till I get satisfied Claquemurée dans sa prison de tôles, Nadie s’affolait frénétiquement comme un renard dans un clapier. Les cloisons tremblaient sous ses coups et elle se déchaînait sur les lourdes ferrailles qui gardaient les portes de son tombeau condamnées. Prenant élan au pied du mur de sa geôle minuscule, elle se projetait contre le battant encore et encore avec des hurlements d’animal. Toute la nuit, ses ongles griffaient désespérément le bois sec et elle se plantait mille échardes dans les mains et aux pieds. Quand l’épuisement et la chaleur la frappait avec trop de véhémence, elle s’écroulait sur le sol dans des gémissements agonisants qui n’avait plus rien de civilisé. Sa rage ne parvenait aucunement à faire céder la moindre planche du caisson.
Autour du la petit cabanon, il n’y avait rien que le silence du désert pour répondre à ses acharnements furieux et désespérés. A peine plus grand qu’un chiotte, la forteresse était isolée au tréfonds de la steppe aride, à plus d’une heure de Silverstone à cheval. Son emplacement la préservait d’être remarquée par des témoins car pour s’y rendre, il fallait le vouloir. Trop en marge de la route principale, dissimulée par les reliefs rocheux, le Silver Gang avait rapidement fait son office de pareil stockage. Habituellement ils y gardaient des cargaisons.
Trois hommes l’avait capturé sur les sentiers des Grey Hills pendant qu’elle lavait un linge dans une rivière. Aucun d’eux ne s’était donné la peine de décliner leurs intentions. Assommée d’un grand coup de crosse, la petite indienne n’avait pas eu le temps de se retourner. La cadence du cheval sur lequel elle était ligotée l’avait réveillé des heures plus tard, en plein désert. Toutes ses vociférations étaient calmées à coup de pieds dans la tête par le cavalier. Même si Nadie était féroce, contre trois molosses armés -qui parlaient avec un si bizarre accent- elle ne pouvait pas grand-chose. Elle parvint à en mordre un à la main quand ils la transportèrent jusqu’à la cabane après des heures de voyage. Le type eut un mouvement pour l’étrangler mais il fut retenu par les autres. Quand ils verrouillèrent la porte, elle les entendit discuter assez longuement de quelqu’un d’autre qui avait ordonné des choses. Rien qu’elle n’arrivait à saisir avec le sang qui lui battait les oreilles. La peur la dévora quand elle entendit les hommes repartir et l’abandonner là et c’est au son des sabots s’éloignant qu’elle commença à se débattre.
Incapable de savoir où elle se trouvait, Nadie ne voyait de l’extérieur qu’une exfiltration lumineuse sous la porte. Le soleil frappait la toiture sans pitié, rendant l’air brûlant dans l’abri. Pour respirer, elle devait ouvrir la bouche et ses halètements bruyants soulevaient sa poitrine asphyxiée. Elle avait la gorge comme un canyon asséché, tellement soif qu’elle anhélait comme un chien. Le temps s’écoulait dans une bizarre litanie, elle ne savait pas vraiment combien. Seul le rayon du ciel qui lui parvenait entre les planches l’avertissait du cycle des jours et de l’obscurité. Au-dessus du verrou, une épaisse tâche de sang marron séchait. Son visage était totalement ensanglanté depuis qu’elle tentait d’enfoncer l’entrée. La transpiration et la crasse s’y mélangeait, formant des sillons le long de ses yeux et de ses tempes et poissait ses très longs cheveux. Sa jupe, la même qu’elle portait à la taverne d’Ethan, était trouée, usée, déchirée. Il y avait tellement de poussière que sa chemise blanche était devenu grise.
Evanouie sur le plancher, elle se laissait tomber dans un très long rêve confus. Aboiements de chien, verre qui se brise, silence sous les toiles tendues, reflet doré sur une rivière, main dans les cheveux, un visage d’adolescent qu’elle aimait il y a longtemps, l’ivresse des nuits hurlantes, le sang des mains, la vie dans son corps qui s’en va dans l’herbe grasse…
Le bruit dehors ne lui fit pas ouvrir les yeux mais il la réveilla. Une dernière montée d’adrénaline contracta ses muscles épuisés. Le grincement de la porte retentit, doucement. Elle gisait au sol. La première silhouette qui apparu dans l’encadrement aveuglant, elle lui bondit dessus. | | | | |
| | Mar 23 Fév - 18:28
'Till I get satisfied Les années passées à Silverstone étaient sûrement les plus douces que William ait eues à vivre de toute sa misérable vie. Pour commencer, il avait trouvé une sorte de famille - un peu bancale et sordide, mais une famille qu'il aimait véritablement. C’était un homme respecté, qui côtoyait les Rosenbach, tout en faisant tout ce qu’il aimait faire : forger sa foi à l’église en aidant ses fidèles, gérer un gang et son patrimoine florissant et s’occuper d’une maison close qui ne déméritait pas dans sa liste des choses à faire avant de mourir. C’était une époque heureuse et agréable à vivre, ce qui rendait Will plutôt joyeux et de bonne humeur. Ce n’était pas parfait, mais ça avait le mérite d’être mieux que tout ce qu’il avait pu vivre jusqu’à présent. Manger à sa faim et ne pas être toujours seul, au fond, c’était le principal. Les trois amis n’avaient jamais été aussi proches, James et Rose grandissaient bien - même si la petite commençait à montrer un caractère compliqué - et les affaires marchaient à merveille. Toutes ces choses étaient ponctuées de menus problèmes : trahison de certains membres qu’il fallait remettre dans le droit chemin, quelques ratés ou une concurrence plutôt inquiétante sur certains sujets. Mais le Silver Gang savait mieux que personne éradiquer les individus indésirables.
Cependant, l’Open Purse était l’affaire de Will. Il s’était décidé à le gérer plus que quiconque. Une sorte de lubie ingrate, mais plaisante pour ceux qui aiment la bonne chair et le pouvoir. Quand il avait eu vent d’une native qui faisait cavalier seul pour vendre ses fesses entre Silverstone et Imogen, Fraser comprit que ce n’était pas bon pour ses affaires. Les clients pour ses natives n’étaient pas si nombreux et c’était risqué de laisser une femme s’accaparer des plus mauvais payeurs. Il avait envoyé ses hommes s’en occuper, sans trop savoir ce qu’il pourrait faire d’elle une fois maîtrisée. Will n’avait donné qu’un seul et unique ordre : la laisser en vie dans un cabanon appartenant au Silver. Si elle était belle, pourquoi ne pas l’ajouter à l’Open, même si les places étaient chères. Si elle était quelconque, il délivrerait la native d’une vie sans intérêt. William ne demandait qu’à être surpris. Ses hommes vinrent le voir en se plaignant que la captive avait résisté. Cela lui parut normal, car ces femmes avaient la réputation d’être coriaces et mauvaises. Il envisagea de ne pas la récupérer tout de suite : le soleil et la faim suffiraient à la tuer, pourquoi gâcher une balle ou un centième de sa force ?
Pourtant, les idées fixes ont la vie dure chez Fraser et après avoir officié un culte, il s’était décidé à rendre visite à la captive. Habillé en civil, il ne portait que son étole violette. Il n’avait pas pris la peine de l’enlever, car c’était animé par l’intérêt et l’impatience qu’il s’était mis en route. Son cheval lancé dans un galop endiablé, Will semblait fuir le soleil. L’atmosphère était aride et l’air était à peine respirable. Un foulard sur la bouche, son chapeau au-dessus des yeux, il vit s’approcher le cabanon qu’il connaissait plutôt bien. Nadie n’avait pas été la première à pourrir là-dedans. Will mit pied à terre en gardant ses distances, flattant l’encolure de son cheval avant de récupérer une gourde d’eau. Il en mit sur ses mains et s’en passa sur le visage après avoir enlevé son foulard. Sa barbe était taillée de près. Il n’avait que peu de rides et ses cheveux ne voyaient pas l’ombre de la vieillesse arriver.
Fraser regarda la petite prison de la native tandis qu’il attachait son cheval à un poteau et s’avança, la gourde à la main. Son costume clair commençait d’ores et déjà à se recouvrir de la poussière du désert. Avant d’ouvrir à sa captive, il s’épousseta, comme pour se rendre présentable à celle qu’il avait fait défigurer. Se raclant la gorge, il entrouvrit la porte. Voir sauter pareille petite chose ne fut qu’une demi-surprise : il savait que si elle avait le choix elle grifferait, mais il pensait qu’elle serait morte. Elle tenait à la vie, ou la vie tenait à elle, car il fallait être coriace pour ne pas dépérir là-dedans, au soleil et sans eau. Will accueillit l’enfant sauvage les bras ouverts, un sourire aux lèvres. Sa gourde s’écrasa sur le sol quand il enserra ses bras autour d’elle pour l’immobiliser. Maintenant avec force ses bras contre lui, il murmura doucement. « Chhhuut... Calme… Je ne te veux aucun mal… » Il n’était pas sûr qu’elle comprenne quoi que ce soit, mais sa voix grave et chaleureuse était un véritable atout pour dresser les bêtes. Il plongea ses yeux dans les siens, fronça les sourcils en voyant l’état de son visage. Doucement, il se baissa pour qu’elle puisse toucher terre, car il était plus grand qu’elle et l’avait attrapé au vol.
« J’ai de l’eau et à manger. Qui t’a fait ça ? » D’une main, il enleva une mèche sanguinolente pour mieux l’observer. Elle était en train de tacher son costume, mais peu importe. Il avait dans les bras un brin de femme visiblement effrayé et cela ne le laissait pas indifférent. « Tu n’as plus rien à craindre. » | | | | |
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| Mer 24 Fév - 18:13
'Till I get satisfied Arrêtée en plein élan, Nadie engage une lutte immobile contre l’inconnu. L’étau se referme autour d’elle comme un piège à loup et la panique lui obstrue la gorge. Elle suffoque, grogne comme un animal, concentre ses ultimes forces pour lui enfoncer un genou dans la cote ou pour lui griffer le dos. Paralysée, son combat s’essouffle peu à peu et ses halètements de fureur éclatent en un hoquet désespéré, sorte de sanglot altéré par la soif. La douceur enveloppante dans sa voix et la tendresse de ses gestes la désarment totalement. Personne ne lui parlait avec bienveillance depuis plus de huit ans. Il n’y avait eu que de la violence pour elle. Ce fut comme un effondrement. Ses yeux voyaient la teinte violette d’une étole satinée qui lui rappelait un lieu calme, de sécurité. L’odeur de Will remplit ses poumons et l’étourdit. C’est le parfum le plus apaisant du monde. Ses cheveux sentent la muscade et sa peau, la poussière et la fumée, et ses vêtements comme l’intérieur d’une cathédrale et la nuit dans le désert. Les sensations l’arrachent à ses instincts bestiaux. Ce n’est pas deux jours de prison qui tremblent mais des années de voyage en enfer.
Quand il la dépose par terre, elle tombe doucement sur ses genoux comme si ses jambes ne pouvaient plus la porter. Incapable de parler ou de soutenir son regard, elle se jette sur la gourde et en arrache hâtivement le bouchon pour coller sa bouche au goulot. En un instant, elle vide entièrement la calebasse, sans en perdre une seule goutte. Tout est précipité, comme s’il allait lui arracher l’eau d’un instant à l’autre. Bien-sûr, elle comprend tout ce qu’il dit. Son anglais n’est pas très beau, pas très maîtrisé, mais elle comprend les mots. « Manger », répond-elle avec sa verve caractéristique. Elle lui arrache les galettes de maïs des mains. Son estomac est incommodé par la chaleur, elle se sent mal, mais elle dévore en s’en foutant partout, comme si elle n’avait rien mangé depuis un mois. Du regard elle interroge pour savoir s’il en a davantage.
La plaie de son front a laissé coulé une rivière de sang séché et noir sur son sourcil, au coin de son œil et le long de son nez. La baffe du truand lui a ouvert la lèvre et cassé une dent. Il reste une boursouflure au milieu de sa bouche. Comme un animal apprivoisé, elle reste près de lui mais réagit au moindre de ses mouvements, très méfiante, très sur ses gardes mais aussi très faible. Ses grands yeux en amande noirs s’agitent des mains de Will à ses habits, à son visage, pas trop à ses yeux.
« -Q…
Sa voix s’étrangle, elle ne parle plus depuis longtemps. Elle tousse.
-Q...qui t’es ? »
Elle porte sa main à son front brûlant. Complètement étourdie, comme si prononcer cette phrase était l’effort de trop. Pour la hisser sur sa monture, il devra la porter.
A peine elle sent le vent sur son visage et dans ses cheveux, sa tête qui repose contre le cavalier. Son odeur la berce, elle somnole, s’endort, rêve, aperçoit des bouts de paysages, entend des bruits ou quelques paroles. Quand les bruits s’intensifient, que le vacarme d’une ville agite ses grelots, elle s’agite à nouveau, tourne la tête, se penche, tétanisée et remplie d’angoisses. | | | | |
| | Dim 28 Fév - 1:32
'Till I get satisfied Fraser n’a eu qu’un seul animal dans sa vie. Un chien qu’il avait ramené chez ses parents un soir d’été. Il s’était dit que ce serait un moyen intéressant de ramener la joie dans son foyer. Oui. Ce fut une bonne chose. Un superbe repas, dur comme la pierre, que le petit homme sala avec ses larmes. Il eut l’impression que la native qu’il avait trouvée été une sorte de petit animal. Quand elle se calma enfin, tremblante, mais moins hargneuse, William s’autorisa à mieux l’observer. La petite souris attrapa sa gourde et en but l’intégralité. « Respire, tu vas avaler de travers… » C’était étrange, comme sensation. Il lui tendit des galettes de maïs qu’il avait enroulées dans un tissu brodé. Il n’eut pas le temps de les en extirper que la native lui arracha tout au vol.
« Je vais te mettre à l’abri, tu auras de quoi manger et même de la viande. » Mais Fraser, qu’est-ce que tu racontes? T’en as quoi à foutre de sa vie ? Il s’étonnait lui-même, mais en conclut que c’était de la curiosité. Après tout, trouver pareille petite bête sauvage n’était pas une chose très courante, mais il décela derrière ce front entaillé et cette gueule tuméfiée, quelque chose de joli et plaisant à regarder. Son corps, dans ces vêtements souillés et déchiquetés, allait de pair avec la beauté qu’il distinguait.
Quand Will bougeait, Nadie tressaillait. Il se mut deux ou trois fois, très légèrement, afin d’observer ses réactions, cherchant à savoir si avec le temps l’animal pourrait arrêter de sursauter. De toute évidence : jamais. Lorsqu’elle tenta de parler une nouvelle fois, un son sortit de sa gorge qui se brisa. Le pasteur pencha la tête pour mieux l’observer, cherchant à savoir s’il devait lui taper dans le dos ou la laisser.
Au même moment, la petite sembla défaillir. William se décida enfin à l’amener avec lui. Elle était trop faible pour mordre et trop engourdie pour protester. Il la porta dans ses bras. Elle était légère et il n’eut pas trop de mal à la hisser sur son cheval. Montant à sa suite, Fraser l’installa contre son torse. Tandis que lui sentait un parfum distingué et épicé, d’elle émanait l’odeur de plusieurs jours d’enfermement au soleil. Pourtant, tenir entre ses bras ce petit corps qui se cognait sur son torse au rythme de son cheval lui sembla étrangement agréable.
Quand ils arrivèrent à Silverstone, Will passa par les coins les moins fréquentés de la ville. Il connaissait le chemin par cœur, habitué aux actes peu recommandables. Cela eut pourtant effet de réveiller et terroriser la native. Fraser l’enlaça contre lui, tenant les rênes d’une seule main. Il lui parla avec douceur, plus attentif à la tonalité de sa voix qu’aux mots qu’il lui offrait. « On arrive. Tu es en sécurité ici. Tant que tu es avec moi. » Mensonge et vérité s’entrelaçaient dans cette dernière phrase. Il était le plus grand danger qu’elle aurait pu croiser dans les environs, mais bien d’autres se profilaient si elle s’échappait dans Silverstone. Une native apeurée n’était qu’une victime de choix pour n’importe quelles brimades, violences ou arrestations.
Descendant de son cheval, Fraser tendit les bras pour qu’elle le rejoigne. Il avait attaché sa bête à l’arrière du bordel qu’il gérait avec Ella, sa fidèle Pearl d’une nuit. Une femme passa et jeta un œil dans sa direction. Le regard de Will suffit à ce qu’elle parte et ne pose pas de questions. Il accueillit dans ses bras son nouvel animal de compagnie et se dirigea vers l’intérieur. L’Open Purse était calme ce jour-là, engourdi par la chaleur et le soleil. Il faisait pourtant meilleur à l’intérieur, grâce aux bons soins d’Ella qui veillait à garder au maximum la fraicheur de la nuit en journée. Will ne croisa que deux filles qui le saluèrent respectueusement, pas étonnée de voir ce patron si étrange se balader avec une femme ensanglantée dans les bras. Sans les bruits caractéristiques d’un bordel, on aurait pu croire que l’endroit était vide.
Ils entrèrent dans une chambre au dernier étage. Elle était accolée à celle que Fraser se réservait - qu’il n’utilisa pas dans ce cas précis, car Nadie lui aurait sali ses draps. Le calme de la pièce contrasta avec celui de la rue et des couloirs du bordel. Déposant la jeune femme sur le lit, Will la regarda, se demandant ce qu’il était en train de faire. Il passa sa main sur ses cheveux en enlevant son chapeau, afin de se recoiffer. Tout en retirant son étole de pasteur - qu’il plia soigneusement, avant de la déposer sur une chaise en bois - il prit la parole. « Tu es à l’abri ici. Je vais te chercher de quoi manger et une des filles va te remplir la baignoire. Tu préfères dormir, avant, peut-être ? » William était un monstre, mais un monstre avec le sens de l’accueil et de la politesse. Quoi qu’il advienne de ce bout de femme, il préférait toujours utiliser la douceur dans un premier temps. Dans le cas où il la garderait, ça lui serait utile pour ne pas avoir d’ennuis. Dans celui où il s’en débarrassait ou pire encore, la gentillesse aurait préparé le terrain pour qu’elle ne se méfie pas.
À sa réponse, il ouvrit la porte et appela une jeune femme qui apparut dans le couloir. « De l’eau, pour le bain. » Elle s’affaira et rapporta de quoi remplir la baignoire qui se trouvait dans la salle de bain attenante. Calmement, Fraser retourna auprès de Nadie et murmura « Pour te répondre, je suis le gérant de cet établissement, ainsi que le pasteur de Silverstone. » Peu importe qu’elle le comprenne ou non, parler calmement et gentiment ne pourrait que l’apaiser. « Je m’appelle William Fraser… » Il se pencha, une main sur le cœur. « Et aujourd’hui, je suis à ton service. » On verra où tu seras demain. Il aimait se la jouer gentleman et avec celle-là, ce n’était pas des plus difficile. Levant ses yeux pour les plonger dans les siens, il souriait aimablement.
Quand la femme eut terminé de remplir le bain, en prenant bien soin de ne pas regarder ni Will, ni Nadie, Fraser demanda à la native d’attendre un peu et de se mettre dans l’eau. Il descendit les escaliers et alla chercher de la viande séchée, des gâteaux et une bouteille de lait. En remontant, il ne prit pas la peine de taper à la porte avant d’entrer. Chez lui, il n’avait pas à le faire. Déposant ce repas plus que bienvenue sur la table de chevet, William jeta un œil en direction de la salle de bain. « Tu auras de quoi manger après ta toilette. » Lança-t-il en entrant dans la pièce. Il s’installa contre un mur, les bras croisés, le regard sur le visage de la native. Sa vision périphérique lui permettait d’observer bien plus que ce qu’il n’y paraissait. Petit à petit, l’eau fit miroiter des choses qui le laisseraient bientôt sans voix. | | | | |
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| Mer 3 Mar - 21:47
'Till I get satisfied Quand elles furent seules, Nadie surveilla d’un œil curieux la petite servante qui remplissait le bain. Plus elle essayait de capter son regard, plus celle-ci semblait l’éviter. « Tu sais qui c’est ? » demanda-t-elle tout de suite après que William Fraser ait quitté la pièce. Aucune réponse, la rouquine ne lui donna qu’un bref coup d’œil inquiet. « Il te fait peur » raisonnait-elle en murmure, dans son souffle abîmé et râpeux. Machinalement, elle fit le tour des appartements, ouvrant quelques tiroirs, touchant les bibelots et tâtant la literie. En arpentant la pièce, elle se saisit de l’étole violette et l’enroula autour de son cou comme une vulgaire écharpe. L’adrénaline l’aidait à surpasser l’épuisement. Pressant le tissu doux contre son nez, elle s’allongea quelques instants, en écoutant les grincements de la maison vide et en regardant s’élever la buée au-dessus du bac. Les allées et venues de la jeune fille interrogeaient l’autochtone qui ne comprenait pas à quelle source elle pouvait puiser autant. Elle-même avait déjà rempli des baquets pour des clients de l’auberge d’Ethan, et parfois frotté leurs dos dégoûtants pour un supplément en argent. La manœuvre prenait du temps et l’eau restait stagnante pendant des jours avant qu’on la change. Ce n’était pas une mince affaire de marcher jusqu’au puits et de remonter plusieurs fois à l’étage chargées de lourds seaux remplis.
Il y avait quelque chose d’étrange avec cette eau. Une odeur pas habituelle dans ce contexte. Nadie commença à se déshabiller tranquillement avec une attitude qui trahissait peu d’inquiétude. L’étole violette la rassurait : les pasteurs étaient souvent bons, son expérience lui dictait la confiance. Sans se soucier de la présence de la domestique, elle défit les boutons de ce qui restait d’un chemisier et décrocha les épingles de sa jupe qui tomba au sol. Ses dessous, initialement blancs, étaient aussi dégoûtants que le reste et elle en fit une boule au pied du lit. La longueur de ses cheveux la faisait ressembler à une sorte d’Eve crasseuse. Nue, elle se pencha au-dessus de son reflet. Doucement, elle plongea sa main et porta une gorgée à sa bouche. « Wâcistakâ » murmura-t-elle. Pour la première fois de sa vie, elle allait prendre un bain d’eau chaude et propre. L’odeur âcre qu’empruntait l’eau après de multiples ablutions n’empestait pas encore l’intérieur du baquet et elle pouvait même voir le fond en transparence. Méfiante, elle attrapa aussi la savonnette disposée dans un petit seau et la renifla, la lécha, grimaça, se rinça à nouveau la bouche. Elle n’était pas étrangère à l’usage mais le format était tout à fait nouveau. Ce qu’on disait sur les villes étaient vraies : la modernité était de pointe.
Prudemment, elle se glissa dans le bain. Ses égratignures brûlaient dans l’eau chaude. Quand Will revint, elle venait de s’immerger entièrement. Sans le lâcher des yeux, elle s’allongea dans le bac en étendant ses jambes pour poser les pieds sur le rebord et appuyer confortablement sa nuque de l’autre côté. Son attention était plus particulièrement portée sur la nourriture qu’il transportait. Quand il affirma qu’elle mangerait après son bain, elle se saisit de la brosse dans un mouvement d’humeur caractéristique et frotta le savon sur les poils rigide. Sa brutalité trahissait qu'elle comprenait le sens des mots. Elle entreprit d’astiquer ses pieds avec la même douceur qu’elle laverait une vieille casserole rouillée.
Son corps avait été malmené par l’errance. Sous-alimentée, sale, couvertes de bleus et de griffures superficielles, elle n’avait plus grand-chose à voir avec l’icône de beauté qu’elle était dans les plaines. L’eau noircit de toute la poussière et le sable qui étaient logés dans ses cheveux et sur sa peau. Sans lever les yeux, elle sentait qu’il la regardait. Ce n’était pas inhabituel. Doucement, elle plongea la tête en avant pour immerger ses cheveux et essayer de les démêler avec ses doigts. Puis, sans crier gare, elle se redressa d'un coup pour arroser son sauveur dans un mouvement de cheveux pluvieux.
-Tu regardes ! rit-elle avec l’innocence de la provocation.
Un sourire illumina son visage pour la première fois. Nadie ne pouvait pas être inconsciente de son charme et de ce qu’il suscitait chez certains hommes. Il les avait déjà souvent rendu fous. Soudainement, le savon lui picota l’œil et elle s’aspergea abondamment le visage en poussant des petits feulements insatisfaits. Le sang séché commençait à s’estomper, révélant la petite plaie en arc de lune sur son visage. | | | | |
| | Lun 8 Mar - 9:31
'Till I get satisfied Quelle étrange créature avait-il sous son toit ? Lui qui était habitué aux femmes gracieuses et prudes, Nadie se comportait bien différemment. Dans le plus simple appareil, son visage ne montra aucune timidité alors qu’un homme se tenait devant elle. Elle se précipita sur une brosse pour s’abîmer la peau quand il lui expliqua qu’elle mangerait après son bain. Will se mit à sourire : non seulement c’était quelque chose d’étrangement attendrissant, mais en plus elle venait de lui délivrer une information qu’il ne manquerait pas d’exploiter - pas tout de suite, cela dit : un peu de patience.
Fraser eut envie de l’arrêter : qu’était-elle en train de faire avec son corps. Ses gestes étaient rudes et sans ménagement. « Tu vas te faire mal… Sois plus douce… » Cela lui fit oublier un instant qu’il était en train de regarder ses courbes très franchement. Cet amateur de femmes et d’art décela un je ne sais quoi chez cette autochtone qui était en train de se décapait la peau nonchalamment. Elle était maigre, abîmée, sale à en faire noircir en moins d’une minute une eau claire. Elle manquait de grâce et son visage n’était pas encore défait de sa couche de poussière et de sang. Cependant, derrière des années de douleur, Will fut subjugué par ce bout de femme. Ce n’était pas rationnel : il en avait connu des plus charnues et appétissantes qu’elle, mais Nadie… C’était ce qu’elle dégageait. Un tout harmonieux, avec une personnalité sauvage, qui laissa Will perplexe pendant un instant. Il regardait ces mouvements, cherchant à décrypter chaque geste. Ce n’était pas tant pour l’analyser que pour se comprendre lui-même.
Fraser fut soudain attaqué par une pluie d’eau souillée, suivie d’un rire qu’il entendit pour la première fois. Il posa les yeux sur son costume et il écarta les bras en ouvrant sa bouche, surpris. Cette action aurait pu susciter plusieurs réactions : il aurait pu se fâcher, prenant la tête de la native pour la coller au fond de la cuve; la gronder aurait été une possibilité; partir aussi. Pour combattre ses propres pensées, il opta pour la première - certainement la moins agréable. Il posa son regard sur elle, prêt à lui rendre au centuple son affront, mais quelque chose avait changé sur ce visage qui le regardait. L’eau avait fait dégouliner la poussière qui rendait sa peau grisâtre. Ses cheveux en arrière lui donnaient les allures d’une créature provenant tout droit des livres impies sur la mythologie grecque. Fraser avait vu des gravures montrant des chimères mi-femmes mi-oiseaux chantant pour perdre les hommes en mer. Il eut l’impression, un instant, qu’il avait un de ces êtres incroyables devant ses yeux. De plus, c’était un sourire qu’il pouvait voir se dessiner sur ces lèvres abîmées. L’envie de lui faire du mal disparut soudain, anéanti par celle de la rejoindre. Pourtant, il se retint, sérieux, tandis que la native se frottait un œil.
« Et oui… Le savon, ça pique. Ça t’apprendra à m’asperger. » Fraser enleva sa veste, se retrouvant en chemise et s’avança vers Nadie. Il attrapa un linge propre et s’accroupit auprès d’elle, les manches retroussées. La femme qui avait rempli ce bain avait laissé un seau d’eau au cas où. « T-t-t-t… Ne mets pas plus d’eau. Laisse-moi faire… » William trempa le tissu dans l’eau propre, le secoua pour qu’il ne soit pas trop chaud, glissa un doigt dedans et se dirigea vers le visage de Nadie. Il attrapa sa mâchoire sans violence et se concentra pour ne pas lui crever l’œil. Quand il fut assez nettoyé pour qu’elle n’ait visiblement plus mal, Will passa le linge sur son visage, faisant ainsi disparaître le restant de poussière et de sang. Il se tenait encore loin, pas certain de ses gestes et de ce qu’il comptait faire, mais il détaillait ce visage d’une grande beauté.
« Tu n’es pas douce, hein ? À force, tu ne vas plus avoir de peau. Tu as le temps. » Il attrapa la brosse posée sur le côté et s’empara de l’avant-bras de Nadie. D’un mouvement circulaire, plutôt doux, il montra à la native un geste pourtant si simple. « Tu vois, comme ça ça sera tout aussi efficace et tu n’auras pas à soigner d’autres plaies. » Fraser se leva, lui tendant l’objet, avant de se diriger vers les mets qu’il avait préparés. « Si c’est pour ça que tu te dépêches… » Il attrapa un petit gâteau et le lui apporta. « Je ne vais pas te donner la becquée. » Lança-t-il en secouant sa main, afin qu’elle attrape ce qu’il lui offrait. Elle était belle, mais il ne serait pas son serviteur. Sa dignité ne le supporterait pas.
Fraser n’avait pas envie de quitter la pièce. Il avait envie de parcourir son corps, de la détailler jusqu’à ce qu’il ne puisse jamais plus l’oublier. Il tentait de se convaincre que ce n’était que pour mieux la mettre sur le marché dans son bordel, mais au fond, c’était par pur plaisir. Alors pourquoi ne se servait-il pas ? Après tout, c’était ses hommes qui avaient attrapé cette bête. Pourquoi ne pas en faire ce qu’il désirait ? C’était pourtant évident : un animal blessé était une proie trop fragile et insignifiante pour un prédateur. Will n’avait pas envie de lui offrir ce qu’elle avait toujours connu - semble-t-il. Il désirait plus, car pareil visage mérite qu’on s’y attarde. Cette pensée - ou cette excuse - lui parut plausible et il accepta soudain ce qu’il pouvait ressentir en sa présence.
Alors, il lui fit face et du bout des doigts l’éclaboussa légèrement. « Tu me regardes. » Il affichait un sourire bienveillant sur un visage calme. « As-tu besoin d’aide ? » Finit-il par demander, conscient qu’elle allait sûrement lui montrer les dents pour qu’il la laisse en paix. Tant pis : il aviserait. | | | | |
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Statut : épouse du pasteur d'Imogen
Job : paroissienne dévolue
Habitation : proche de l'église d'Imogen
Disponibilité : Toujours disponible
| Lun 15 Mar - 3:16
'Till I get satisfied Bien immergée dans son bain, Nadie le regarda quitter la pièce en silence. La brosse en main, reproduisant sans y regarder les petits gestes circulaires qu’il venait de lui montrer, elle attendit que la porte se ferme derrière lui pour arrêter de faire semblant. Abandonnant aussitôt son outil au fond de la cuve, elle se leva et sortit de la bassine sans attendre une seconde de plus. De grosses flaques d’eau inondèrent le parquet et suivait ses traces jusqu’aux gâteaux. Grelottante, elle s’assied sur le lit, le plateau sur les genoux, tandis ce que ses cheveux dégoulinaient sur la literie. Précipitamment, elle enfourna autant de biscuits qu’elle le pouvait dans sa bouche. Elle mâchait à toute vitesse, comme si on allait venir lui arracher. Quand il n’y eut plus que les miettes, elle colla sa main sur le plat pour se lécher les doigts et ne pas en perdre un seul morceau. Une main sur le ventre, elle sourit, le goût du sucre encore sur les dents. En se léchant le coin des lèvres, elle se laissa tomber sur le dos et abandonna l’assiette sur l’oreiller.
Quand il l’avait approché d’un peu plus près et s’était permis des gestes d’une intimité plus dangereuse, le visage de Nadie s’était rerfermé. Les hommes ne lui voulaient jamais du bien. Même s’il était bon, elle n’était pas idiote, elle reconnaissait un regard de désir chez les animaux mâles. On ne différenciait les garçons des chiens que parce qu'ils bavaient moins. Pendant qui lui caressait le bras, elle le fixait, prête à lui sauter à la gorge s’il resserrait son emprise. Mais il n’en fit rien. A sa question, elle avait répondu par un hochement de tête.
Le plafond était décrépi. Une légère tâche de moisissure brunissait un angle dans lequel elle perdit son regard. Son instinct de survie s’affairait en mathématiques, maintenant que son estomac souffrait moins. L’homme avait l’air miséricordieux et il sentait bon. Il l’avait lavé, nourri, il lui parlait sans hurler et il l’accueillait dans un espace chaleureux. Toutefois Nadie ne faisait plus confiance aux inconnus depuis très longtemps. Ce geste de bonté aurait peut-être été mieux compris s’il l’avait emmené dans une église mais cet endroit ne ressemblait pas à la maison d’un Dieu. Pour se faire une opinion claire du piège dans lequel elle venait encore de sauter, il lui fallait explorer. Trouver une issue, s'éclipser, reprendre sa route. Il n'y avait pas de raison intelligible, c'est son ventre qui lui soufflait de s'enfuir.
Se redressant, elle attrapa l’habit propre qu’on lui avait laissé. La journée n'avait pas été vaine. La belle robe blanche fut rapidement trempée par la peau et les cheveux toujours humides. Elle savourait cette sensation de fraîcheur dans cette saison caniculaire. Accroupie, elle récupéra ses maigres possessions : une ceinture et sa chemise sale. Puis, à petits pas de pieds nus, elle se glissa vers la porte et se faufila dans le couloir. Prudemment, elle écoutait les planches qui craquaient sous ses orteils et évitait de faire le moindre bruit. Le corridor sinistre se déroulait en volée de portes closes. En approchant son oreille de l’une d’elle, elle entendit des soupirs. Le décor lui évoqua immédiatement le saloon d’Ethan. Aussi discrète qu’un courant d’air, elle descendit les marches jusqu’au rez-de-chaussée désert. En essayant de tourner la poignée de la porte d’entrée, le loquet ne se déverrouilla pas. Une pensée chatouilla son esprit. C’était donc pour ça qu’on disait « maison close » ! Elle retenta une seconde fois, un peu plus franchement.
Prisonnière, encore.
Les traces de ses pas mouillés décrivaient avec sûreté le parcours qu’elle venait d’accomplir. Son cœur s’emballa et sa respiration s’accéléra. Une étrange claustrophobie rapprocha brutalement les murs autour d’elle. En entendant un bruit à l’étage, elle se précipita dans une pièce ouverte, adjacente au grand hall. Sans savoir qu’elle venait de se réfugier dans la cuisine où elle vivrait tous ses pires cauchemars pour les dix ans à venir, elle glissa sous un comptoir. En tâtonnant sur le plan de travail, elle s’empara d’un couteau. Alors qu’une ombre s’approchait, elle rampait et s’insinuait entre les pieds des tables. En entendant quelqu’un entrer, elle cessa de respirer. Malheureusement, en essayant de reculer pour faire le tour du plan de travail et rester caché de l’autre côté, elle se heurta la tête à la table dans un fracas sonore. Se jetant en arrière avant qu’on ait le temps de la saisir, elle se colla au mur en pointant son couteau vers l’ennemi d’une main tremblante. La terreur faisaient briller ses yeux.
« C'est quoi ce que c'est ici ? Dis donc ! La porte elle est fermée ! C'est pourquoi ? » | | | | |
| | Jeu 8 Avr - 19:19
'Till I get satisfied Devoir quitter sa propre chambre agaça légèrement Will qui s’exécuta tout de même. Passé le pas de la porte, il souffla bruyamment en regardant de droite à gauche, comme pour chercher quelque chose. Mais quoi ? Il se sentait désœuvré. Quelle était cette chose chez lui ? Peu importe, avec tout ce qu’elle avait enduré, elle devrait certainement s’écrouler en allant se coucher et il la cueillerait quelques heures plus tard. C’était inhumain de rester éveiller de la sorte. Dans un bon bain, même Will se serait endormi.
Les escaliers de l’Open grincèrent sous ses bottes et Fraser arriva dans le salon où il s’installa. De sa poche, il sortit un cigare qu’il détailla du regard, pensif. Il tournait et retournait l’objet, comme s’il cherchait par où l’allumer et par où aspirer. Il huma l’odeur et un sourire se dessina sur ses lèvres. Rien ne valait un bon cigare. À cette époque, c’était encore un plaisir rare qu’il s’accordait en cas de victoire ou d’effort considérable. Il se souvenait de l'attente interminable de cette nuit où son frère l'avait rejoint à Silverstone. C'était la seule fois où il en avait usé et abusé sans modération. Habituellement, chaque fois qu’il sortait une de ces choses, il se demandait s’il le méritait. S’il avait bien travaillé. S’il s’était montré bon protestant. S’il avait le droit de se reposer l’esprit et l’âme, oubliant un instant son avenir toujours incertain. Jeune, enfant, il n’avait pas eu de parents pour lui dire s’il avait le droit à telle ou telle chose. La règle était simple : il n’avait le droit à rien, sauf à ce qu’il trouvait et savait garder. Se rationnant toujours, c’était difficile pour lui de croquer ce qu’il avait amassé à pleines dents. Ou du moins, il préférait garder cet aspect éphémère, s’éloignant du récurent, car c’était effrayant de penser qu’il pourrait s’y habituer et qu’on vienne tout lui prendre. Comme inconscient qu’à cet âge déjà il avait atteint un confort de vie considérable en comparaison à sa condition première. Cependant, il ne tarderait pas à s’en rendre compte. Deux ans, trois peut-être et les cigares seraient aussi récurent que les femmes ou le whisky. Pourquoi ? Peut-être, parce que le travail au Silver finirait de lui faire comprendre qu’il n’est pas donné à tout le monde s’élever aussi haut, d’apprendre ou d’exercer des métiers comme ils pouvaient l’avoir fait... Ou parce qu’il se rendrait un jour compte qu’il vieillirait bien trop vite et que le rationnement, c’était pour les jeunes.
À ces pensées, il rangea le cigare et s’alluma une cigarette. Ça attendrait pour plus tard. « M’sieur Fraser… » Une petite voix résonna dans le couloir et Will observa une de ses filles qui se tenait là, en tenue légère. Son front était perlé de sueur et elle avait l’air effrayée. « M’quoi ? » Demanda-t-il, sans bouger. « Y a l’client qui veut pas partir… » Qu'est-ce qui lui faisait le plus peur ? Le client ou son patron ? Immédiatement, le patron écrasa sa cigarette dans le cendrier et se leva énergiquement.
Quelques minutes plus tard, Will ferma la porte arrière à clé, intimant à sa protégée d’aller ranger la chambre qu’elle venait d’utiliser. Il avait reconduit ce charmant monsieur à la sortie. Will décida de faire un tour dans les étages, puis passant non loin de là où était la jolie native, il se demanda si elle était en train de dormir. En arrivant devant la porte, quelle ne fut pas sa surprise - il s’y attendait bien évidemment - de voir de petites flaques d’eau descendre l’escalier principal. Les sourcils froncés, pas étonné pour un sou, Fraser suivit le petit Poucet en évitant l’eau que Vicky allait devoir nettoyer. Il s’arrêta un instant devant la porte d'entrée, observant le sol humide. Elle avait cherché à sortir. Pourquoi les femmes ne l’écoutaient-elles pas à la première interdiction ? Mais ce n’était pas pour lui déplaire : tout de suite, ces femmes-là prenaient de l’intérêt à ses yeux. Sans chercher plus longtemps, le pasteur entra dans la cuisine, ce qui eut pour effet de faire bouger la table dans un bruit qui ne laissait aucun doute quant à la cachette du Poucet. Il se pencha pour découvrir Nadie en état d’angoisse extrême. C’était un pas qu’ils avaient fait ensemble, pour reculer de dix autres. Avec son couteau, sa robe trempée et ses yeux terrorisés, la native n’était pas menaçante, mais désespérée. Elle avait dû en vivre des choses.
Fraser tendit sa main, voulant la rassurer. « T-t-t-t… J’ai l’air de te vouloir du mal ? On donne à manger aux chiens avant de les frapper ? Pourquoi tu ne poses pas des questions calmement plutôt que de me menacer sous mon toit ? Viens. Je vais t’expliquer. » Ces paroles résonneraient certainement dans la tête de Nadie quand elle aurait réussi à répondre à cette histoire de chien, avec le terrible constat qu'on peut même le brosser avant de le frapper. Il lui fit signe de sortir et voyant que le couteau était à portée de main, il l’attrapa et le posa sur la table. « Ne va pas te blesser. Ça coûte cher le docteur. » Will se décala, ne cherchant pas à savoir si elle était sortie de son trou ou si elle s’y était enfoncée. « Ici, c’est une maison close. Un bordel. Je ne sais pas comment on dit chez toi. C’est là où des femmes vendent leurs corps pour… » Il inspira bruyamment. Comment dire ? « Enfin, tu vois. C’est fermé parce que je protège les filles et qu’elles sont occupées. Je n’ai pas envie que quelqu’un rentre pour les embêter. Puis, j’ai entendu des rumeurs. » Il se pencha pour la regarder, le visage grave. « Ceux qui t’ont enfermée te cherchent dans la région… Le temps que je m’en occupe, il faut bien que je te garde en lieu sûr. » Will tendit une nouvelle fois sa main et eut un petit sourire désolé. « Viens. Tu dois dormir. Ici, tu ne crains rien. Si tu veux dormir avec ton couteau, très bien. » Il lui tendit l’objet qu’il lui avait retiré, la pointe vers lui, certain que si elle osait l’attaquer un coup de pied dans le ventre et un coup de genou dans le nez auraient raison d’elle. | | | | |
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