S’il y a bien une chose que je sais reconnaître en ce monde, c’est un individu sur le point d’en tuer un autre. Et la façon dont il regardait Isaac, dont il le tenait… Je dévisage encore ce morbide personnage, même lorsque Jean débarque en me nommant son aimé et posant sa main sur me bras. J’ai relâché le colt, peut-être. Je n’en reste pas moins dangereux. Et mon regard est clairement ancré sur ce type pathétique, en train de déverser une larme pour une montre. Les narines dilatées, la mâchoire crispée, j’attends le moindre faux mouvement de l’homme.

Je sais que je ne devrais pas m’adonner en spectacle. Surtout avant un gros coup. Mais… Isaac. C’est une raison suffisante pour tout foutre en l’air. Le sombre individu ramasse un tableau et profère ce qui semble être une menace. Je me défais de la main de Jean et l’empoigne par son veston, approchant dangereusement mon visage du sien pour qu’il puisse admirer la fureur dont je fais preuve. Dans un murmure, je profère un avertissement entre mes dents. " C’est une menace, vieil homme? Pour une montre que t’as perdue t’es prêt à perdre le temps qu’il te reste ? Touche encore une seule fois à ce gamin et je t’assure que tu vas le regretter. " Un moment se passe avant que je ne relâche finalement l’homme. Je me recule d’un pas et passe mes mains sur sa veste afin de la défroisser. Ma main en profite bien évidemment pour se glisser dans la poche intérieure de celui-ci et en extirper un semblant de porte-monnaie. " Si je retrouve votre montre, je vous fais signe, part’naire. Pour l’heure, tentez de reprendre votre sang froid et allez donc boire un verre… " finis en lui tendant un de ses propres billets fraîchement dérobé.

Je me retourne et glisse ma main sur l’épaule d’Isaac. " Allons-y, fils. Chérie ? " m’enquis-je de Jean en tournant la tête vers elle.